Wider

Martin Fourcade

Sa nouvelle vie après le haut-niveau

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Nous avons rencontré Martin Fourcade au coeur des Pyrénées, sur les sentiers de la station de trail de Puigmal. Il a évoqué avec nous sa récente retraite compétitiv­e, l’écriture de son nouveau livre qui l’a aidé à tourner la page de sa carrière de haut-niveau, mais aussi ses nouveaux projets et son amour du sport nature et du trail.

II est le sportif Français le plus titré des Jeux Olympiques, été et hiver confondus. Après 13 années au sommet, Martin Fourcade a raccroché les skis et la carabine en mars dernier. Dans « Un dernier tour de piste », son second livre paru le 30 septembre, le biathlète raconte à la façon d’un journal intime sa toute dernière saison. Nous retrouvons le jeune retraité à Puigmal, à l’occasion de l’inaugurati­on de la station de trail pyrénéenne.

Un projet co-financé par son sponsor historique, Rossignol. Le soleil vient parfaire cette journée montagnard­e. Aujourd’hui, nous allons courir et pédaler aux côtés de la légende. Martin Fourcade est dans son élément. Il s’éclate comme un enfant. Faire du sport en pleine nature, c’est son dada. Détendu et serein, il se confie avec sincérité sur sa dernière année de haut niveau et ces premiers mois précieux passés avec ses filles et sa femme qui lui avaient tant manqué. Il évoque aussi ses

nombreux projets d’avenir et nous parle longuement de ce deuxième livre qui a été salvateur pendant cette période charnière. Échange sans filtre avec l’un des meilleurs biathlètes de l’histoire. Nous sommes à Puigmal pour découvrir la nouvelle station de trail. Pouvez-vous nous raconter le rapport que vous avez avec ce sport?

J’aime courir car cela se pratique simplement et sans contrainte­s. On met une paire de baskets, on ferme la porte et on s’en va. Et ça, que l’on soit en ville, à la montagne, pressé ou pas. J’avais une dizaine d’années quand j’ai commencé, en complément du ski de fond dans un premier temps. Le ski roue n’existait pas trop alors l’été, on faisait du trail et du VTT. C’est un sport ou on est en prise tout le temps. Il n’y a pas de temps de repos, ou peu. J’aime cet effort constant qu’il faut fournir. Et puis, on peut faire son propre chemin comme on peut emprunter une piste existante. Avec le ski de rando en hivers, c’est une des pratiques qui me convient le mieux parce qu’il y a un sentiment de liberté qui me plait beaucoup.

Qu’est-ce qu’une bonne sortie trail pour vous?

C’est une boucle nature de 3 h 30 environ avec un sommet au milieu, en restant dans une zone ou le cardio monte un peu. C’est un sport que j’ai beaucoup pratiqué pendant ma carrière et que je pratique encore beaucoup. Cela peutêtre du vallonné comme de la montagne. Ce que j’aime ce n’est pas tant le dénivelé, mais surtout l’environnem­ent !

C’est pour cela que vous aimez tant les sports en extérieur? A chaque sortie, je me sens privilégié d’évoluer dans un cadre comme celui-là. Il y a aussi les

rencontres qu’on est amené à faire avec la faune, notamment. Il suffit d’aller courir pour rencontrer des isards ou des cerfs. On retombe dans un côté enfant que je trouve super agréable. Et puis ça me fait me sentir tout petit. Aujourd’hui, on évolue dans un monde où l’on maitrise tout alors retrouver ce côté originel en pratiquant en pleine nature est important. Ce sont des moments que j’apprécie et grâce auxquels je me sens chanceux d’exister.

Vous semblez serein et apaisé après cette année forte en émotions…

Aujourd’hui je peux dire que je me sens bien. J’ai pris un peu de temps pour réfléchir à ce que j’avais envie de faire après ma retraite. J’ai surtout de la chance de ne pas devoir me jeter éperdument sur quelque chose pour remplir le frigo. Et puis j’avais aussi posé des bases. Je savais que mes partenaire­s continuera­ient à m’accompagne­r sur plusieurs années, avec des projets en cours ou ceux qui se créent en ce moment comme le programme Respect auquel Rossignol m’a associé. Ce sont des projets qui font sens pour moi par rapport aux valeurs que j’ai envie de porter aujourd’hui.

Vous venez de terminer un autre projet, celui de votre livre. Après le premier, sorti en 2018, vous disiez pourtant ne plus vouloir écrire…

Je pensais avoir fait le tour de la question. Mais Jean Issartel, qui m’avait aidé à écrire le premier, m’a convaincu. Au début, je lui ai dit que ça ne m’intéressai­t pas. Je pensais ne rien avoir d’intéressan­t à raconter. C’est là qu’il m’a expliqué que je devais l’imaginer comme un journal de bord de ma dernière saison. J’avoue que j’ai eu peur car j’avais vécu une saison précédente compliquée alors je ne voulais pas que ça se reproduise et que j’ai à raconter cet enterremen­t dans le livre. D’un autre côté, j’étais attiré par l’idée de pouvoir exorciser ces moments, de raconter ce qui pourrait être ma dernière saison. Même sans avoir pris la décision de ma retraite, je savais que c’était une possibilit­é. Donc je suis partie sur ce projet en novembre 2019.

Comment l’avez-vous construit ?

Tout au long de l’hiver, j’ai beaucoup échangé avec Jean. On s’appelait le soir pendant les compétitio­ns ou à chaque moment important de la saison pour que je lui livre mon ressenti, mes émotions. Il a tout retranscri­t et m’a donné le fagot (rires) au début du confinemen­t. J’ai eu deux mois pour remettre tout ça à mon goût. Je n’ai pas du tout changé le fond ou voulu scénariser la chose. Et c’est d’ailleurs ce que j’ai trouvé intéressan­t quand je l’ai relu.

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