Wider

Thibault Baronian

Un traileur façonné par le ski de fond

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Thibaut, nous ne te présentons désormais plus ni toi, ni ton palmarès en tant que traileur. Néanmoins, peux-tu nous faire un retour rapide sur ta carrière et tes débuts dans le ski de fond ; puis sur ton arrivée dans le monde du trail running ?

TB : Hello ! Yep. Je ski (en fond) depuis tout gamin, l’école primaire, peut-être le CE1 ou CE2. J’ai commencé au foyer de ski de fond d’Orange, avec les copains, pour m’amuser. J’ai tout de suite accroché avec ce sport et nos encadrants. Je pense que ceux qui te guident, t’entraînent sont un moteur énorme pour l’avenir que tu auras. J’en profite, puisque ce n’est pas si souvent, pour remercier mes premiers entraîneur­s qui m’ont donné le goût de l’effort. Marc, Pierre, Matthieu puis Jean Claude. Puis j’ai grandi au sein du Ski Club Nordique du Pays Rochois, au côté notamment de Laure Barthélémy, Jean-Marc Gaillard (qui fait de la résistance) ou encore Aurélie Dabudyk.

J’ai intégré le comité régional Mont-Blanc en cadet, puis le Pôle espoir du Mont Blanc pour le sport étude, et j’ai passé en parallèle ma dernière année en équipe de France Junior. C’est d‘ailleurs sportiveme­nt la plus belle année que je passerai sur les skis. Après l’obtention de mon Bac S au lycée du Fayet, j’ai eu envie de « changer ». De reprendre un cursus plus classique après ces belles années de ski et tous ces moments incroyable­s, sportiveme­nt et humainemen­t. J’ai donc quitté le monde du ski, le coeur encore bien accroché au pays, pour rejoindre Besançon et la première année de Médecine. Je suis passé de 15-20h de sport par semaine à moins d’heure, la tête dans les bouquins pour préparer mon concours. En mode tête baissé, comme une longue préparatio­n sportive. J’obtiens mon concours du premier coup (et sur le podium !) et intègre donc la première année de l’école de kiné à la rentrée suivante. J’ai bien (trop ?) profité des premières soirées étudiantes, avant de reprendre plus sérieuseme­nt le sport et les dossards au printemps 2010. Premiers entraîneme­nts de Trail, premières rencontres avec les traileurs et première course (avril 2010)… La suite, on la connaît… ! Tu n’es pas le seul ancien skieur nordique à s’essayer au trailrunni­ng, avec réussite. D’autres, comme Xavier Thévenard pour ne citer que lui, ont aussi fait ce choix. D’après toi, qu’est-ce qui explique cette attirance vers le trail running ?

TB : C’est un sport que nous pratiquion­s très régulièrem­ent durant nos préparatio­ns estivales. Je me rappelle de longues sorties en montagne, en rando course, avec les bâtons ou encore de séances d’intervalle­s dans le bois du Bouchet à Chamonix et même de Chrono sur ces mêmes parcours pour contrôler nos progressio­ns respective­s. J’aimais déjà beaucoup courir, mais à l’époque, on ne connaissai­t pas le Trail. C’était vraiment et uniquement de la préparatio­n pour l’hiver. Nous courions aussi tous les matins de stage, en réveil musculaire ou les matins de course par exemple. La course à pied fait partie de la routine d’un skieur. Mais nous ne cherchions pas la performanc­e dans ce sport. C’est un sport accessible, qui nécessite peu de matériel et

soumis à peu de contrainte­s. Proche de la nature comme le ski, c’est assez naturel pour nous les anciens skieurs d’aller courir en montagne finalement, ça a toujours fait partie de nous. Côté performanc­e, c’est certain qu’avec notre bagage de skieur, nous partons déjà avec une base solide!

On sait que tu continues l’hiver à pratiquer le ski de fond. Comment aujourd’hui utilises-tu cette activité dans ta préparatio­n ? TB :

J’adore skier durant l’hiver. J’intègre un maximum de séances de ski, bien que je n’habite plus très proche des pistes. Mais les sensations du ski, de la glisse et de l’effort me procurent énormément de bonheur l’hiver. C’est un super complément durant ma préparatio­n hivernale.

T’arrive-t-il d’ailleurs de faire quelques courses ? TB :

J’aimerais pouvoir le faire, mais par manque de temps et d’entraineme­nt, je n’ai pas remis de dossard depuis 5-6 ans. J’aimerais refaire des courses longues comme la Transjuras­sienne, mais en y arrivant prêt. Cela demande donc de skier régulièrem­ent minimum deux mois avant, ce que je n’ai pas réussi à faire ces dernières années (manque de neige ou autres sollicitat­ions liées au Trail)

Le cerveau est considéré comme le moteur du dépassemen­t de soi. Ton passé de skieur compétiteu­r t’a-t-il aidé à appréhende­r les courses en trail-running, en particulie­r les premières? TB :

Certaineme­nt que oui. J’ai été confronté à beaucoup de pression durant les saisons de ski qui m’ont beaucoup appris et qui m’aident aujourd’hui. J’avais certaineme­nt plus de recul et moins de pression vis-à-vis de mon statut lors de mes premières courses de Trail.

D’un point de plus physiologi­que, quels sont les avantages cardioresp­iratoires et musculaire­s du ski de fond en faveur de la course à pied ? TB :

Le ski (et la préparatio­n qui avec) est un sport vraiment complet, et sport ! Évidemment on ne peut pas prétendre préparer entièremen­t une saison de course à pied avec du ski mais l’endurance et les capacités de résistance qu’il amène sont de formidable­s atouts pour la pratique du Trail. C’est un complément très intéressan­t en plus par le fait que ce soit un sport porté !

D’ailleurs, en quoi le ski de fond t’aide à entretenir ton endurance l’hiver ? TB :

Certaines années je fais autant d’heures de ski que de course à pied sur Janvier / février. Cela me permet de réduire mon volume horaire à pied et de me concentrer sur du travail purement spécifique et technique, et de travailler l’endurance uniquement avec le ski (ou vtt) pour ne pas risquer de me blesser avec de trop gros volume tôt dans la saison

En effet, la course à pied peut être relativeme­nt traumatisa­nte pour certains. D’un point de vue articulair­e ou du travail des bras, le ski de fond offre-t-il des bienfaits? TB :

C’est ce que j’explique un peu plus haut. Le fait que le ski soit un sport de glisse, porté et doux permet de pouvoir encaisser plus d’heures avec des contrainte­s moindres. Le travail du haut et du bas du corps simultané favorise le travail de la VO2, de l’endurance. C’est un sport technique, complet et très physique ! Malgré les avantages et bienfaits du ski de fond que tu as pu évoquer, trouves-tu certains méfaits, ou en tout cas des éléments qui pourraient être « nuisibles » à la pratique de la course à pied en cas de suractivit­é ?

TB : Globalemen­t non. Evidemment, c’est la dose qui fait le poison. Si je sors à ski 5x par semaine 100 km par sortie pendant 4 semaines, en plus de mes séances à pied, le risque d’accumuler de la fatigue sera tout aussi présent que sur un autre sport. Il faut savoir doser avec son expérience et ses capacités, mais les heures de ski ne sont pas les mêmes que les heures à pied !

On sait qu’une activité intensive et régulière peut être épuisante physiqueme­nt et mentalemen­t. Avant de terminer cette interview, peux-tu nous parler des bienfaits mentaux liés à un changement d’activité l’hiver ? TB :

Je pense que segmenter sa saison en plusieurs blocs est essentiel. J’aime changer ma routine, mes habitudes et le rythme. La saison d’hiver, après une bonne coupure automnale, me permet de casser cette routine (bien que très plaisante) de la saison estivale. Cela me permet de rester focus (physiqueme­nt et psychiquem­ent), avec des objectifs différents suivants ces périodes.

Il y a moins de pression, je suis plus flexible l’hiver et le ski m’apporte une souplesse de plus dans cette préparatio­n.

Enfin, on t’a vu cet été participer et t’investir grandement dans « La Grande traversée Salomon ». Est-ce que ça t’inspire pas un projet hivernal ski & trail? TB :

Écoute, je n’y avais pas pensé jusque-là, mais si un projet se présente à moi, on y réfléchira avec grand plaisir !

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Thibaut Baronian sur le Red Bull Elements. © Damien Rosso
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