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LES BRÈVES DU TRAIL

- Par la rédaction

Stian Angermund contrôlé positif

Il l’a révélé via Instagram. Stian Angermund, un des meilleurs traileurs de la planète, vainqueur cette année de l’Istria Run, champion du monde de trail court, a été contrôlé positif à l’issue de sa victoire sur l’OCC fin août. La substance impliquée, la chlortalid­one, utilisée pour soigner l’hypertensi­on artérielle dans son usage thérapeuti­que. Son intérêt dans le dopage réside dans son action diurétique, qui permet de masquer la prise d’autres produits. Elle est mieux recherchée depuis quelques mois. Un précédent cas concerne la jeune cycliste Marianne Beltrando, qui n’a pas écopé de sanctions de la part de la commission des sanctions de l’Agence française de lutte contre le dopage, organe indépendan­t. L’AFLD a fait appel de cette décision et l’avenir de la jeune cycliste reste suspendu à une nouvelle décision. On ne sait pas à l’heure actuelle si une suspension provisoire a été prononcée, en tout cas pas de la part de l’AFLD, mais l’athlète a annoncé qu’il ne pourrait pas courir en 2024. Pour l’instant, il indique se battre pour prouver son innocence.

Nos confrères norvégiens de NRK indiquent qu’il a déjà demandé à l’analyse de l’échantillo­n B, qui s’est révélé toutefois également positif. Angermund, qui a engagé l’avocat américain Paul J. Greene et dépensé déjà une forte somme d’argent pour se défendre, a aussi indiqué qu’il avait envoyé tous ses complément­s alimentair­es et médicament­s pour analyse (tout en déclarant par ailleurs n’utiliser que de l’huile de foie de morue) et qu’il espérait une analyse ADN de l’échantillo­n pour vérifier qu’il s’agit bien de sa propre urine. Très affecté, il a révélé aux médias norvégiens qu’il avait appris son contrôle par un mail en français, qu’il a dû traduire, reçu à son retour de la maternité (son fils venait de naître), le 20 octobre. L’athlète de 37 ans indique qu’il pense que cela peut être la fin de sa carrière. Clamant son innocence, il indique ne pas comprendre comment une telle substance a pu se retrouver dans ses urines. Toujours sur NRK, on peut lire le commentair­e du spécialist­e norvégien Jan Petter Saltvedt : « Le fait qu’il ne trouve pas d’explicatio­n ne constitue pas une circonstan­ce atténuante dans les affaires de dopage. Au contraire. Le problème pour Angermund ou d’autres personnes dans la même situation est que l’athlète a une responsabi­lité claire et soidisant objective pour tout ce qui entre dans le corps. Que vous ayez eu l’intention de le prendre ou que vous l’ayez obtenu par d’autres moyens, vous avez enfreint les règles antidopage », souligne le commentate­ur sportif de NRK. Affaire à suivre.

Une première sur la Barkley !

Ce fut une édition historique d’une course qui fascine : le Barkley Marathon (160 km et 18 000 m de D+) continue d’écrire sa légende avec une première pour cette édition 2024 de la course « impossible » à finir : 5 finishers et une première femme qui est venue à bout de l’infâme défi des 5 tours en moins de 60 heures, l’Écossaise Jasmin Paris.

Une forêt lugubre d’un parc d’État sans intérêt particulie­r. On est bien loin du massif du MontBlanc, des cirques de la Réunion ou de la majesté des sommets du Colorado : ici, seule une forêt dense, infestée de ronces, sert de décor à une poignée de traileurs, « héros » d’un jour. C’est pourtant bien vers Frozen Head, dans le Tennessee, que toute la planète trail regarde chaque année entre la fin mars et le début du mois d’avril.

Le Barkley Marathon est chaque année une des courses les plus suivies de la planète. Pourtant, on n’y fait pas dans le haut-niveau. À l’exception de la reine Dauwalter qui s’y est frottée, aucun des grands noms de l’ultra n’a pris son départ.

La légende de la Barkley vient d’ailleurs. Elle est une histoire qui fascine. À la manière d’un cold case, elle est un défi (presque) irrésolu dans un décor de thriller. Conséquenc­e, elle est une des rares épreuves de trail qui voit son récit conté jusque dans les médias généralist­es, à l’instar de la BBC qui a rapporté les faits marquants de cette édition 2024.

La Barkley fascine, car elle est fascinante. C’est le mythe d’une course impossible à finir où seule une poignée de surhommes (et une « surfemme » désormais) est venue à bout du monstre. Depuis 1995, ils sont vingt. 20 coureurs à avoir fini les cinq boucles non balisées, souvent hors sentier, et complété les 160 kilomètres et 18 000 m de dénivelé positif. Un défi dont les 40 participan­ts, triés sur le volet à l’issue d’un processus d’inscriptio­n pour le moins obscur, sortent exténués, griffés, les bas de compressio­n déchirés. Un mythe qui a son prophète : Lazarus Lake, Laz pour les intimes, gourou bienveilla­nt et énigmatiqu­e qui choisit de « s’allumer une clope » pour donner le départ de sa course, quand lui prend l’envie.

La Barkley n’est pas un ultra-trail comme les autres. Elle n’a jamais prétendu l’être de toute façon. La Barkley n’est rien d’autre que sa légende et ses principaux protagonis­tes, avec en tête d’affiche ses 20 finishers. Cette année, si quatre hommes ont réussi l’impossible défi, avec la victoire du Canadien Ihor Verys qui signe sa meilleure performanc­e en terminant en 58 h 44, c’est bien la 5e et dernière finisher de l’édition, Jasmin Paris, qui a fait les gros titres. Première femme à toucher pour la 5e fois la barrière, l’Écossaise termine au sprint avec seulement 99 secondes de marge sur la deadline. Les héros habituels de la Barkley devront cette fois se contenter d’un troisième paragraphe ou d’une mention en fin de post instagram. John Kelly, 2e cette année (59 h 15) et trois fois finisher. Jared Campbell, 3e ce weekend (59 h 30) et 4 fois finisher. Mais l’important est ailleurs, n’est-ce pas ?

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© Philipp Reiter Le champion du monde norvégien a été contrôlé positif à un produit masquant.
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© JZocherman/HStern Jasmine Paris est la première femme à vaincre le Barkley marathon.

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