PWA slalom
Épique Danemark
L’épreuve de slalom du Danemark a enfin montré ce que la Scandinavie pouvait offrir lors du passage des dépressions d’automne. Light wind en 2016 sur deux petites manches, Hvide Sande est devenu une référence de racing en cinq jours. Tous les aspects du racing ont été disséqués pour offrir un classement des plus justes sur 7 manches et 2 discards.
PLUIE, BASCULES DE VENT, UN VRAI TEMPS DE CADDY !
À Hvide Sande, il fallait être visionnaire au gré de chaque averse, avoir du matériel polyvalent et couvrant une vaste plage d’utilisation : le vent pouvait varier de 15 noeuds en fonction du passage d’un nuage. Antoine Albeau connaît ce genre de météo : « J’ai toujours su que l’on pouvait avoir ce type de conditions. On connaît les dépressions que l’on peut avoir dans les pays du nord de l’Europe, comme au Danemark ou à Sylt. Sauf qu’à Sylt, freestyleurs et waverideurs ont la priorité dès que ça souffle. Ici, j’ai tout utilisé sauf la 9.4. En résidant à l’île de Ré, j’ai une connaissance des systèmes dépressionnaires et de la lecture des nuages. Mais à Hvide Sande, c’était hyper dur, il y avait de grosses masses nuageuses et de gros grains. C’était très chaud, tu ne pouvais pas savoir quel matos prendre. Au final, on avait quasiment tous un caddy ». Iachino confirme : « Tu dois être prêt sur la plage avec beaucoup de matos. Et si tu as un caddy, c’est beaucoup mieux. J’ai de la chance avec les jeunes du team Point 7, une fois qu’ils en ont fini avec leur heat, ils sont heureux de me filer un coup de main. C’était un point clé à Hvide Sande. Je n’en ai pas eu recours, mais c’est un gros confort de savoir qu’ils sont là si besoin. À la fin, je n’ai pas changé pour plus gros ou plus petit, j’ai toujours fait le bon choix. Mais mentalement, tu es serein ».
LE MEDIUM-LIGHT POUR IACHINO, LE BASTON POUR ALBEAU
En se partageant les 7 victoires, Albeau et Iachino n’ont laissé aucune chance à la concurrence. De 10 à 20 noeuds, Matteo Iachino était intouchable. Vainqueur de 3 des 7 slaloms, ITA 140 décortique sa compétition : « Je n’ai jamais sorti la 9.2, je suis de toute
façon plus rapide en 8.6. J’ai utilisé différents types de combinaisons: 8.6 sur la grosse planche, 7.8 et 7.1 avec la médium, et 6.2 et 5.6 avec la petite. J’étais parfaitement équipé. J’ai de très bons réglages, le même mât, le même aileron qu’en Costa Brava, mais j’ai trouvé un meilleur ajustement à l’amure qui me permettait d’être très efficace en 8.6 dans le clapot court de Hvide Sande. J’étais très facile et confiant. C’est une bonne chose pour Sylt où l’on pourrait avoir des manches similaires. Dans le vent fort, je devais me mettre dans le rouge et être à la limite quand Antoine était à l’aise. C’est là que l’épreuve s’est jouée, sur la première manche baston, au premier jibe avec Williams et Antoine. J’étais compétitif dans le vent fort, mais Antoine a cet avantage ». De son côté, même s’il a du mal à l’admettre avec un signe d’irritation dans la voix, Albeau reconnaît la suprématie de l’Italien en gros matos: « Matteo bénéficie d’une meilleure glisse en sortie de jibe en 8.4 ». De 20 à 40 noeuds, Antoine Albeau était intouchable. Vainqueur de 4 des 7 tableaux, F 192 se rappelle au bon temps de Fuerteventura, le filtre turquoise en moins, de grosses gouttes en plus. Au final, seul 0,3 point sépare Albeau et Iachino, au bénéfice du Français, en route pour un nouveau titre de champion du monde PWA. 7 Français figurent dans les 10 premiers au classement provisoire!
APRÈS LES AVERSES, IMPAIRS ET PÉPINS
Le schéma s’est montré quasi identique chez les demoiselles : Offringa prend le light wind avec son gabarit puissant, CousinQuestel s’accapare du vent fort, en maîtrise du baston. Lena Erdil et Marion Mortefon arbitrent le duel à distance avec les manches d’ouverture et de clôture. Mais le clou du spectacle est à nouveau l’oeuvre du duo Cousin-Questel et Offringa. Amateur de psychodrames et de finales à suspens, le consultant PWA Ben Proffitt n’aurait même pas osé imaginer un tel scénario pour la manche finale femme, pour le succès à l’épreuve, et pour le titre mondial 2017. Tel un penalty catapulté dans le ciel, une double faute sur une balle de match, l’aspect psychologique de la victoire (ou de la défaite, c’est selon) a pris le dessus pour le dénouement du classement féminin. Delphine Cousin-Questel doit gagner l’ultime slalom pour empocher l’épreuve et faire durer le suspense jusqu’à Nouméa pour le titre mondial. Tout commence par la boulette monumentale d’Offringa qui se trompe de parcours et entraîne toute la flotte derrière elle. Toutes les participantes de cette demifinale sont disqualifiées. D’habitude toujours joviale, la détresse se lit dans le regard de Sarah-Quita qui ne comprend pas comment elle a pu réaliser une telle erreur. Elle qui mène tant de slaloms n’a jamais eu ce genre de mésaventures lors de manches sans enjeu. Déjà à Fuerteventura, SQO avait montré des signes de faiblesses psychologiques à l’approche de son 10e titre consécutif de championne du monde de freestyle, où sa suprématie ne fait aucun doute. En slalom, les débats sont nettement plus serrés. Offringa est en pleurs. Du coup, elles ne sont que 5 à participer à la finale! Delphine Cousin-Questel possède alors les clés de la victoire, jusqu’à ce jibe où son gréement et ses espoirs tombent à l’eau. C’est sa copine Mortefon qui prend la place tant convoitée. Delphine récupère les larmes de Sarah-Quita qui empoche l’épreuve et un nouveau titre mondial sans pavoiser.