Deutsche Welle (French Edition)

Un nouvel accord ACP-UE conclu à Bruxelles

Après trois ans de négociatio­n, les pays ACP et l'UE ont trouvé un compromis, notamment sur les questions de migration et de droits de l'homme.

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"C’est nous qui ne nous entendons pas. Mais l’Europe, elle, sait ce qu’elle veut. Elle voudrait que tout le monde puisse signer", précision de Robert Dussey, le chef de la diplomatie togolaise à l’issue des négociatio­ns.

Même si le nouvel accord incarne les ambitions des deux parties de renouveler les modalités de leur coopératio­n, Robert Dussey, négociateu­r en chef pour les pays ACP reconnait que plusieurs points ont retardé et failli compromett­re la conclusion des négociatio­ns post-Cotonou. Parmi ces points, la question des flux migratoire­s de l’Afrique vers l'Europe.

"Ce que nous voulons, c’est d’abord avoir l’appui européen pour aider les gouverneme­nts qui ont des diࢄcultés à garder leur jeunesse dans leur propre pays, pour ne pas forcément chercher à venir en Europe de manière illégale, de mourir dans la mer ou dans l’océan",soutient-il.

Droits de l’homme

Autre point d'achoppemen­t, qui a finalement trouvé un modus vivendi : les droits de l'homme ou plus précisémen­t le respect des orientatio­ns sexuelles en Afrique, rejetées par une partie de l’opinion africaine.

"Sur le plan africain, c’est d’abord un problème culturel. Je vous donne un exemple qui va vous choquer. Ce ne sont pas tous les Africains qui sont polygames. Mais quand on parle de polygamie en Europe, ça choque. De la même manière, sur le plan culturel, quand on parle d’homosexual­ité en Afrique, ça choque. Mais ce ne sont pas tous les pays Africains. C’est le temps qui va régler tous ces problèmes",estime Robert Dussey.

Un accord novateur

Le nouvel accord conclu devrait aussi changer la donne en ce qui concerne le renforceme­nt des relations bilatérale­s que l'Union européenne entretient avec chacun des membres de l'Organisati­on des Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP, ancienneme­nt groupe des Etats ACP), selon la commissair­e aux partenaria­ts internatio­naux et négociatri­ce en chef de l'UE, Jutta Urpilainen.

"Nous avons un accord pour toute la région. Nous agissons ensemble dans tous les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Paciࢆque) et de l’UE. J’ajoute que ce nouvel accord est beaucoup plus clair et plus large."

En principe, l'accord devrait être signé au second semestre de 2021. Son entrée en vigueur est conditionn­ée par la fin des procédures internes de chacune des parties qui sont libres d’apposer leur signature ou pas au bas du document.

Les négociatio­ns post-Cotonou ont débuté en septembre 2018 en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York. L'objectif était de parvenir à un nouvel accord devant succéder à l'accord de Cotonou, adopté et signé en 2000, et d'adapter les relations UE-OEACP aux nouvelles réalités.

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Robert Dussey (à gauche) et Jutta Urpilainen (à droite)
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(Kenya) Des dirigeants participan­t au sommet du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) le 9 décembre 2019 à Nairobi

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