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Guerre en Ukraine : le témoignage d'une mère russe

La mère d'un soldat russe tué en Ukraine revient sur les circonstan­ces du décès de son fils.

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En Ukraine, la guerre se poursuit avec son lot de déplacés et de pertes en vies humaines.

Le président Volodymyr Zelensky a déclaré qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués depuis le début du conflit et quelque 10.000 blessés.

Le Kremlin a récemment admis de son côté, des "pertes importante­s". Le 25 mars, il avait reconnu la mort de 1.351 soldats pour plus de 8.000 blessés.

Certaines sources occidental­es font état de jusqu'à 12.000 soldats russes morts. Des soldats qui, pour certains, ne savaient apparemmen­t pas jusqu'au dernier moment où ils seraient déployés. C’est le cas du sergentmaj­or Yevgeny, 26 ans, mort près de Kiev dans les premiers jours de la guerre. Sa mère, Natalia (le nom a été modifié pour des raisons de sécurité) a bien voulu raconter à la DW son histoire.

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Des manoeuvres à la guerre

"C'était ࢆn janvier, vers les 25 ou le 26. Mon ࢆls a appelé et a dit qu'ils étaient envoyés à Smolensk pour des manoeuvres avec la Biélorussi­e".

C’est ainsi que tout a commencé pour Yevgeny, le fils de Natalia. Du moins c’est la raison qu’il avait donné à sa mère. Il était déployé à Smolensk, une ville de l'ouest de la Russie, à quelque 80 kilomètres de la frontière avec la Biélorussi­e pour des exercices militaires.

Mais tout de suite, Natalia dit avoir eu des doutes. Elle raconte avoir fait des recherches sur internet et vu qu’il y avait effectivem­ent eu des manoeuvres avec la Biélorussi­e mais ces dernières étaient terminées. Natalia a donc cherché à savoir où la Russie était en guerre avant de se rappeler qu’il y avait des tensions en Ukraine.

Yevgeny est parti le 13 février. Le matin du 24 février, il a donné de ses nouvelles pour la dernière fois à sa mère via le numéro WhatsApp d'un ami. " Il a dit : "Maman, la guerre a commencé." J'ai dit : "mon ࢆls, je regarde ça à la télé." Il a dit : "Imagine, toute une compagnie de nos troupes a été tuée à la frontière." Je voulais savoir, "Où es-tu ?" - "Je suis à Smolensk, maman", fut la réponse".

Les jours qui vont suivre seront éprouvants pour Natalia. Son téléphone toujours à proximité, elle dit avoir regardé la télévision et cherché sur internet, espérant voir peut-être le visage de son fils apparaître quelque part.

Chaque jour, elle allait à l'église, allumait une bougie pour lui et priait. Mais elle pense à présent qu’il est tombé à Hostomel, non loin de la capitale ukrainienn­e, où des combats ont eu lieu dans la soirée ou dans la nuit du 24 au 25 mars et pas le 27 février, comme le dit le certificat de décès.

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Une annonce

Natalia ne sera informée que le 8 mars de la mort de son fils. Officielle­ment, celui-ci serait mort près de Rostov-sur-le-Don, une ville russe située à une soixantain­e de kilomètres de la frontière ukrainienn­e. Mais cette version est peu probable car aucun combat s’est déroulé en territoire russe et dans tous les cas, Rostov-sur-le-Don est très éloigné de Kiev.

En dépit de cette perte, Natalia reste convaincue que son fils s’est battu pour la Russie et qu’il n’est pas mort en vain. Elle continue à croire à l apropagand­e russe qui justifie l'invasion de l'Ukraine.

"Je pense que si nous n'avions pas bombardé, les Ukrainiens nous auraient bombardés. Il n'y avait pas d'autre choix. Mais quelque chose s'est mal passé et personne ne s'y attendait. Maintenant que tant de soldats sont tombés, on ne peut plus arrêter. On doit continuer jusqu'à ce qu’on gagne" dit-elle.

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Alors qu’en Russie, il est interdit d'appeler ce conflit une guerre, quand-on demande à Natalia s’il s’agit d’une guerre ou d’une " opération spéciale" ? Sa réponse est tout de même claire. "Non, je ne vois pas ça comme des "opérations spéciales". C'est la vraie guerre. Je me rends compte qu'il ne faut pas le reconnaîtr­e comme tel mais c'est une guerre. C'est un bain de sang" précise Natalia.

Un bain de sang dans lequel elle a perdu son fils Yevgeny. Il était marié et avait un fils.

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Une femme pleurant son fils mort à la guerre (photo d'illustrati­on)
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Déploiemen­t de Ukraine. soldats russes en

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