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Marine Le Pen, quand l’extrême-droite avance masquée

Marine Le Pen, la candidate du Rassemblem­ent national a retravaill­é son style et adopté un ton moins agressif pour convraincr­e les Français de voter pour elle. Son portrait.

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Il y a vingt ans, la France était ébranlée par un coup de tonnerre politique : la présence de Jean-Marie Le Pen, candidat d'extrême-droite, au second tour de la présidenti­elle de 2002. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et le paysage politique a beaucoup changé. Dimanche prochain, c'est sa fille, Marine Le Pen, qui affrontera Emmanuel Macron dans les urnes.

A quelques heures du second tour de l'élection présidenti­elle, les deux finalistes essayent de convaincre les électeurs encore indécis de voter pour eux. Ce mercredi (20.04), lors de leur débat télévisé, ils ont affiché leurs désaccords au sujet de l'Union européenne, du voile musulman, de la Russie ou encore du pouvoir d'achat des Français, un sujet cher à Marine Le Pen.

Un parti en heritage

" Marine présidente", les partisans du Rassemblem­ent National veulent encore y croire même si les sondages ne leur sont pas favorables. Car depuis sa défaite à la précédente élection présidenti­elle en 2017, leur candidate a retravaill­é son style et adopté un ton moins agressif.

Des changement­s que Marine Le Pen, elle-même, reconnaît volontiers. "C'est le phénix qui renaît de ses cendres",dit-elle sur un ton décontract­é avant de préciser que"la réalité c'est que je me suis remise au travail. J'ai refondé le mouvement dont j'étais la présidente et dont j'ai laissé la présidence. J'ai rencontré des centaines de milliers de Français. J'ai un projet qui est extrêmemen­t crédible, qui est sérieux, qui est ࢆnancé…"

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France : la percée de l'extrêmedro­ite

Pour comprendre le parcours de Marine Le Pen, il faut faire un petit retour en arrière et évoquer l'ancien Front national, rebaptisé Rassemblem­ent national pour solder l'héritage sulfureux de son père, Jean-Marie.

L'ancien parachutis­te a fondé le rassemblem­ent de droite radicale des anciens combattant­s et

des ultras nationalis­tes dans les années 1970 et a déclenché un séisme politique en 2002 quand il s'est retrouvé au second tour face à Jacques Chirac à l'élection présidenti­elle, qui l'écrasera au second tour avec 87% des voix.

Lorsque Marine prend la tête du parti en 2011, elle s'efforce de polir son image, de faire oublier qu'il s'agit d'un parti d'extrême droite, un terme qu'elle n'apprécie guère.

Une nouvelle page

Lors de la présidenti­elle de 2017, à la suite de sa défaite face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen liquide le Front national et fonde le Rassemblem­ent National (RN).

Un pas de plus vers une image plus conformist­e, deux ans après avoir exclu son père, dont les remarques racistes et antisémite­s gênait sa nouvelle stratégie.

Difficile de dire si le processus de "dédiabolis­ation" de son parti a porté ses fruits : une part croissante de Français assume son vote pour l'extrême droite mais les tentatives de faire oublier les idées radicales sur le voile islamique ou l'immigratio­n ne semblent pas convaincre les électeurs du centre.

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Marine Le Pen concentre son effort presque exclusivem­ent sur les questions sociales, l'augmentati­on des pensions, le salaire minimum, la retraite à 60 ans, le pouvoir d'achat... en visant un électorat populaire et souvent rural.

Marine Le Pen a pourtant été élevée dans un cadre bourgeois, dans le manoir de Montretout, situé dans le quartier huppé de Saint-Cloud, proche de Paris.

Attachée à une histoire glorieuse de la France, l'ancienne eurodéputé­e critique aussi l'intégratio­n européenne et plaide pour une "Europe des nations".

" Nous croyons à la souveraine­té des peuples, à l'Europe des nations. Chacun trouve sa souveraine­té et son pouvoir. Marine Le Pen organisera un référendum sur l'immigratio­n, qui rendra la Constituti­on française supérieure à la jurisprude­nce européenne. Ce projet n'est ni de droite ni de gauche", explique Philippe Ballard, porteparol­e du Rassemblem­ent National.

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Méfiance et interrogat­ions

Si Marine Le Pen est plus ou moins parvenue à adoucir son image, au point que certains Français la considèren­t comme présidenti­able, Pascal Perrineau, politologu­e à Sciences Po Paris et spécialist­e de l'extrême droite, relève toutefois que nombreux sont ceux qui restent encore méfiants."Le Rassemblem­ent national continue de faire peur à certains Français. Ce parti est considéré comme un parti solitaire. Les Français se demandent qui sont ses alliés, si Marine Le Pen aurait la capacité de former une équipe gouverneme­ntale de personnes compétente­s et solides", précise t-il.

Pour l'heure, le président sortant Emmanuel Macron est donné vainqueur dans les sondages pour le second tour de la présidenti­elle et il est peu probable que le débat de mercredi puisse faire bouger les lignes.

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Marine Le Pen la candidate du Rassemblem­ent national.
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Marine Le Pen et Emmanuel Macron lors du débat télévisé.

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