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La musique au service de la paix en Centrafriq­ue

C'est l'objectif que se fixe Didace Sabone, promoteur culturel à Bangui. Il met en valeur la musique traditionn­elle centrafric­aine tout en la modernisan­t.

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La musique centrafric­aine renaît progressiv­ement de ses cendres. Mais dans sa quête de la paix, le pays a besoin également de se réconcilie­r avec ses valeurs traditionn­elles.

C'est du moins ce que recherhe Didace Sabone, en mettent en place "Shoggi-Production" qui promeut les artistes centrafric­ains.

"Le pays a traversé et continue de traverser une crise. La guerre civile, la guerre militaro-politique très-très sévère qui a causé ce qu'on appelle une rupture de lien social avec la tradition, avec nos racines et j'ai trouvé ça un peu inquiétant. Si on veut renouer avec la paix il va falloir que nous nous réconcilio­ns avec notre culture".

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Didace Sabone entend ainsi redonner à la musique centrafric­aine ses lettres de noblesse, aujourd'hui, fortement dominée par des influences musicales venues d'ailleurs.

"La musique étrangère a complèteme­nt envahi la musique centrafric­aine. Les musiciens centrafric­ains copient systématiq­uement ces musiciens là et cherchent à les ressembler. Et du coup, la République Centrafric­aine est en train de perdre son identité musicale, son originalit­é et si on ne fait pas attention d'ici 15 à 20 ans notre propre musique s'eࢃacera et sera écrasée par les autres. C'est pour cette raison que j'ai créé cette structure "Shoggi-Production" dans le but de produire les musiciens qui font exclusivem­ent de la musique de chez nous. Et nous avons 4 grands rythmes en Centrafriq­ue, nous avons le Montinguil­in, le Yangba, le Gbadouma et le Ngarké. Et donc les musiciens qui évoluent dans ces quatre rythmes musicaux qui sont typiques de la Centrafriq­ue nous les produisons et dans le but de faire en sorte que nous puissions valoriser notre propre musique de terroir et la développer."

Gemima Wapego en est la preuve avec sa toute première chanson, Yalé qui cartonne en ce moment. Nous l'avons rencontré.

"J'ai commencé avec Yalé et j'ai fait trois titres pour le moment. Ensuite j'ai fait Songo et Yamo. Yalé, C'est la déception, dans l'histoire, j'ai cru un homme qui est sérieux, un homme de mes rêves. Or, ce n'était pas le cas. C'est un homme qui n'avait rien, un fauché qui m'a montré qu'il était riche, qu'il était hyper bien et ce que je cherchais. Et par la suite quand j'ai su qu'il n'était pas celui que je désire, bref l'homme de mes rêves et c'est ce qui m'a découragé".

Didace Sabone sait aussi deceler de bons talents. C'est le cas de Frédéric Nzapamalé dit (Papa Biscuit; Viva Longo). Cet artiste comédien a toujours douté de ses talents de chanteur. Aujourd'hui avec ses cinq titres, il fait vibrer ses fans avec sa danse traditionn­elle modernisée. "J'ai repris la musique et je suis vraiment ravi."

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Le rêve de redonner à la Centrafriq­ue l'authentici­té de sa musique certains y croient comme Christian Aimé Ndotah.

"De l'identité culturelle en tant que telle, pour ceux qui ne le savent peut-être pas, la République Centrafric­aine est multiethni­que. Donc il y a beaucoup de musiques. Maintenant en faire de telles sorte que ce soit une musique unique qui soit l'identité du centrafric­ain et de la République centrafric­aine, il y a eu des tentatives à l'époque, y avait NdayeNdaye avec le rythme de la Lobaye, de Montinguil­in qui avait été proposés comme l'identité de la musique centrafric­aine. Mais elle est éparse et diverse également. Au nord on danse diࢃéremmen­t qu'au sud, on danse à l'est diࢃéremmen­t et à l'ouest aussi et parfois il faut essayer de faire cette symbiose."

"Lorsque vous écoutez par exemple Yolé de "Ngou Ti Wa" mais c'est un mélange de cette diࢃérente musique, ceux qui sont de l'est du côté Banda se retrouvent et ceux qui sont du sud du côté YakomaSang­o se retrouvent et pourtant c'est la même musique mais avec de rythmiques qui sont diࢃérent et je pense qu'on peut faire un mixage. L'identité en tant que telle n'est pas disparue mais c'est la promotion qui ne se fait pas normalemen­t".

C'est une aventure qui ne fait que commencer. Face à une forte demande et aux les moyens limités du producteur, Didace Sabone interpelle les autorités culturelle­s à investir davantage dans la culture afin de moderniser la musique traditionn­elle centrafric­aine.

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La chanteuse Gimima à Bangui, capitale de la Centrafriq­ue
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Le promoteur culturel Didace Sabone

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