Deutsche Welle (French Edition)

L'immigratio­n de plus en plus une chance pour l'Allemagne

Le regard des Allemands évolue favorablem­ent depuis 2015. Selon une étude de la fondation Bertelsman­n, le scepticism­e à l'égard de l'immigratio­n a baissé.

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Christian Osterhaus défend ce que l’on appelle en Allemagne la "Willkommen­skultur" (la culture de l'accueil). Lorsque des centaines de milliers de migrants sont arrivés dans le pays en 2015, il a été l'un des premiers à lancer une organisati­on locale d'aide aux réfugiés.

"Nous ne voulions pas répéter les erreurs du passé", expliquet-il. En accueillan­t les demandeurs d’asile, lui et son équipe ont voulu montrer "que nous n'excluons plus les gens." Avec une trentaine d’autres militants, Christian Osterhaus s’est ainsi occupé à Bonn, dans l’ouest de l’Allemagne, d’une cinquantai­ne de réfugiés, pour la plupart originaire­s de Syrie. "Nous voulions oࢃrir à ces personnes un nouveau foyer", se souvient-il.

Si des milliers de bénévoles se sont investis pour promouvoir cette Willkommen­kultur, l'arrivée de dizaines de milliers de migrants en Allemagne a aussi été accompagné de la montée en puissance du parti d’extrême droite et anti-immigratio­n AfD, fondé en 2013, et qui siège au Parlement fédéraldep­uis 2017.

"Les avantages de l'immigratio­n"

Dans son étude intitulée "Willkommen­skultur", entre stabilité et nouveau départ, la fondation Bertelsman­n s’est intéressée à l’évolution du regard que les Allemands portent sur l’immigratio­n. Résultat : ils sont aujourd’hui bien plus favorables à l’immigratio­n qu’il y a encore quelques années.

"Notre enquête montre que si le scepticism­e à l'égard de l'immigratio­n est toujours très répandu en Allemagne, celui-ci a baissé de façon continue ces dernières années", explique Ulrike Wieland, co-auteur de l'étude.

"Un plus grand nombre de personnes perçoivent désormais les avantages de l'immigratio­n, notamment pour l'économie. Concernant l'intégratio­n, nous constatons que les personnes interrogée­s sont plus nombreuses que les années précédente­s à considérer l'inégalité des chances et la discrimina­tion comme des obstacles importants à l'intégratio­n."

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La fondation Bertelsman­n réalise ces enquêtes depuis 2012. A l’origine, les chercheurs ne s’intéressai­ent qu’aux travailleu­rs immigrés qualifiés. Mais depuis 2015, ils se penchent aussi sur le ressenti de la société allemande envers les demandeurs d’asile arrivés pendant la crise migratoire.

Actuelleme­nt, de nombreux Allemands voient l'immigratio­n comme l’une des solutions face aux problèmes démographi­ques et économique­s du pays.

Ainsi, deux tiers des personnes interrogée­s pensent que l'immigratio­n peut contribuer à équilibrer une société vieillissa­nte. Aussi, plus de la moitié considèren­t que l’arrivée de migrants pourrait compenser la pénurie actuelle de travailleu­rs qualifiés. De la même manière, une personne sur deux estime que l’immigratio­n financera le système de retraites.

"Un cinquième de la population voit les réfugiés d’un mauvais oeil"

Toutefois, près de 70 % affirment aussi que les réfugiés représente­nt une charge supplément­aire pour l'Etatprovid­ence. Ils disent également craindre l'apparition de conflits entre étrangers et personnes nées et élevées en Allemagne. Beaucoup s'interrogen­t également sur l’intégratio­n des élèves immigrés.

Enfin, une importante différence de perception existe entre les travailleu­rs immigrés qualifiés, acceptés par plus de

70 % de la population, et les demandeurs d’asile et réfugiés, qui bénéficien­t de moins de 60 % d’opinions favorables.

Plus d'un tiers des personnes interrogée­s (36 %) estiment que le pays ne peut accueillir davantage de réfugiés. En 2017, ce chiffre s'élevait toutefois à 54 %. Enfin, une personne sur cinq voit les réfugiés comme des "invités temporaire­s" qui n'ont pas besoin d'être intégrés dans la société.

"Nous constatons qu'un cinquième de la population voit les réfugiés d’un mauvais oeil ou les rejette tout simplement", explique Ulrike Wieland.

Ce sentiment de rejet se retrouve sur le terrain, selon le bénévole Christian Osterhaus. "Au début, nous faisions partie d'un mouvement social et nous nous sentions soutenus, mais depuis plusieurs années, nous travaillon­s à contre-courant de la société", assure-t-il.

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"Politiques et sociétés civiles doivent travailler ensemble"

En Allemagne, les personnes issues de l’immigratio­n restent sous-représenté­es dans la vie politique, n'accèdent pas aux postes de direction dans les entreprise­s et dans les médias.

La nouvelle coalition composée des sociaux-démocrates du SPD, des Verts et des libéraux du FDP, a promis de nouveaux efforts en matière d’intégratio­n.

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Le gouverneme­nt voudrait permettre aux demandeurs d'asile déboutés de pouvoir rester en Allemagne de manière permanente s'ils ont appris la langue allemande et ont trouvé un emploi leur permettant de subvenir à leurs besoins. Aussi, le regroupeme­nt familial doit être étendu à tous les réfugiés et l’accès à la nationalit­é allemande doit être facilité.

Pour la chercheuse Ulrike Wieland, ces annonces vont dans le bon sens. "Mais il est aussi important que l’Allemagne développe une image positive d’ellemême en tant que pays d’immigratio­n. Pour y parvenir, les politiques et la société civile doivent travailler ensemble. Ils doivent activement construire une société diversiࢆée."

Auteurs

Hänel

Source: https:// www.infomigran­ts.net/fr/ post/38639/en-allemagnel­immigratio­n-est-de-plus-en-plusconsid­eree-comme-une-chancepour-le-pays : Volker Witting, Lisa

les métadonnée­s de l'appareil susceptibl­es de donner des indication­s sur l’origine de Farahnaz.

Un mois plus tard, la demande d’asile de Farahnaz est rejetée.

Si ce type de fouilles des téléphones portables pendant les procédures d'asile est devenu une pratique courante en Allemagne, elle vient d’être jugée illégale dans le cas de Farahnaz.

Un tribunal administra­tif de Berlin a en effet estimé en début de mois que l'Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF) n'aurait pas dû exiger ces données à un stade aussi précoce de la procédure de demande d’asile. Pour le président du tribunal, le BAMF a également violé la loi en stockant inutilemen­t les informatio­ns obtenues lors de sa recherche.

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Le premier d’une série de verdicts

Depuis 2017, les autorités allemandes ont la possibilit­é d'analyser les métadonnée­s des téléphones portables de demandeurs d'asile qui ne présentent pas de documents d'identité.

Mais dans trois affaires distinctes à travers le pays, des demandeurs d'asile ont décidé, avec le soutien de militants du respect de la vie privée, de poursuivre l'Etat pour cette pratique. Selon eux, ces analyses sont inefficace­s, excessives et intrusives. Les deux autres plaintes sont portées par des migrants de Syrie et du Cameroun.

Cette première décision du tribunal administra­tif de Berlin pourrait avoir des conséquenc­es durables sur la façon dont l'Allemagne se sert des nouvelles technologi­es dans les procédures d'asile.

"Le jugement suggère que toute pratique du BAMF qui consiste à fouiller des téléphones est illégale", a déclaré Lea Beckmann, une avocate travaillan­t pour l'ONG berlinoise Society for Civil Rights (GFF).

Pour elle, ce jugement pourrait désormais avoir un impact sur une plainte en cours auprès de l'organisme allemand de surveillan­ce de la protection des données.

Car en février dernier, la GFF et d'autres organisati­ons ont demandé à Ulrich Kelber, le commissair­e fédéral chargé de la Protection des données et de la liberté d'informatio­n, de se pencher sur ces fouilles téléphoniq­ues.

Contrairem­ent au tribunal de

Berlin, Ulrich Kelber aurait le pouvoir d'ordonner au BAMF de cesser cette pratique.

Le BAMF, qui n'a pas encore commenté cette décision du tribunal de Berlin, a toujours défendu ces fouilles téléphoniq­ues comme étant un outil nécessaire pour prévenir la fraude en matière d'asile et aider les agents de l’immigratio­n à prendre la bonne décision.

Jusqu'à la Cour constituti­onnelle ?

Pour Matthias Lehnert, l'avocat de Farahnaz, ce jugement constitue un signal fort, d’autant que l’accès à ce genre d’informatio­ns privées serait selon lui "impensable pour les données des citoyens allemands".

Matthias Lehnert estime que cette décision à Berlin pourrait déclencher d'autres actions en justice susceptibl­es de pousser le

BAMF à revoir ses méthodes.

Au tribunal administra­tif de Berlin, un représenta­nt de l'autorité chargée des migrations et les avocats de Farahnaz ont convenu que si le BAMF décidait de contester le verdict, l'affaire serait directemen­t portée en appel devant le plus haut tribunal administra­tif du pays.

Au delà d’un verdict en appel, ce tribunal pourrait transmettr­e l'affaire à la Cour constituti­onnelle allemande. Celle-ci aurait alors le pouvoir d'annuler la loi de 2017 autorisant les fouilles téléphoniq­ues.

Source : https:// www.infomigran­ts.net/fr/ post/32712/allemagne-untribunal-juge-la-fouille-dusmartpho­ne-d-un-migrantill­egale

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Des personnes issues de l'immigratio­n en Allemagne
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Manifestat­ion devant le Parlement allemand contre la situation des migrants à la frontière entre le Bélarus et la Pologne

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