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Guerre en Ukraine : comment des citoyens mènent l'enquête

Sur les réseaux sociaux, de plus en plus de détectives citoyens analysent et vérifient les informatio­ns circulant sur la guerre.

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Ils décryptent des images satellites, suivent des liaisons aériennes sur l’applicatio­n Flight Tracker, analysent des vidéos sur TikTok, ou repèrent la présence de soldats russes sur l’applicatio­n de rencontre Tinder, le tout pour comprendre ou vérifier les informatio­ns qui circulent sur la guerre en Ukraine.

Les détectives citoyens documenten­t ainsi des mouvements de troupes, une attaque de missile et ainsi de possibles crimes de guerre.

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Ils pratiquent ce que l’on appelle la "Open Source Intelligen­ce", traduisez : un travail de renseignem­ent basé sur des informatio­ns disponible­s et libres d’accès pour le grand public.

C’est le cas de l’Américain Justin Peden, à peine 20 ans, et l’une des stars parmi les détectives sur Twitter, où il est suivi par plus de 250 000 followers sous le pseudonyme de "Intel Crab".

Géolocalis­ation

Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie, il est fasciné par le conflit en Ukraine.

Aujourd’hui, Justin Peden donne des interview aux médias du monde entier, une télévision japonaise veut même tourner un documentai­re sur son travail, chez lui, dans l’Alabama.

L’étudiant n’est jamais allé en Ukraine. Il dit pourtant connaître la géographie du pays par coeur.

La géolocalis­ation est en effet au centre de ce travail de détective, en vérifiant souvent le lieu et la date d’un événement filmé ou photograph­ié.

Un fact-checking qui peut permettre de contrer les tentatives de propagande, même s’il est aussi accompagné de risques.

En effet, géolocalis­er une personne filmant des soldats ennemis pourrait l’exposer à des vengeances.

Des preuves juridiques ?

Les gouverneme­nts et les services secrets reconnaiss­ent également la force de l’informatio­n collective. Grâce à une applicatio­n du gouverneme­nt ukrainien appelée Diia, les citoyens peuvent désormais télécharge­r des images et des vidéos géolocalis­ées des mouvements de troupes russes. Kiev dit ainsi recevoir des dizaines de milliers de messages par jour.

Reste à savoir si un jour les tribunaux pourront considérer le travail des détectives comme étant des preuves. Justin Peden espère voir ses tweets servir de preuve devant un tribunal pénal internatio­nal.

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Pour y parvenir, l’Université de Berkeley en Californie travaille sur un protocole qui définirait les normes à respecter par ces enquêteurs citoyens pour se procurer, traiter et conserver les informatio­ns en Open Source.

Car la médaille de la démocratis­ation de l’accès à l’informatio­n a aussi un revers : celui qu’une personne mal intentionn­ée puisse également s’improviser détective.

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Une image satellite de la ville de Marioupol, port stratégiqu­e en mer d'Azov

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