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En Guinée : 58 partis politiques réunis pour dénoncer le calendrier électoral

58 partis politiques se réunissent, ce mercredi 18 mai, à Conakry, pour dénoncer le calendrier électoral proposé par les militaires au pouvoir.

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"Nous n'accepteron­s pas que des gens viennent nous imposer la dictature", s'indigne Etienne Soropogui, président du parti Nos valeurs communes et membre de l'Alliance nationale pour l’alternance démocratiq­ue. Il fait partie également de la coalition de 58 partis politiques, formée autour de Cellou Dalein Diallo de l'UFDG et Sidya Touré de l'UFR, qui rejette ouvertemen­t les 36 mois de transition adoptés par le Conseil national de transition, l'organe législatif mis en place par la junte militaire.

A relire aussi : Les Guinéens entre espoir et méfiance face à la junte

Pour les partis membres de cette grande coalition, il n'est pas question de laisser les putschiste­s diriger le pays pendant presque quatre ans. Car, disentils, cela encourager­ait d'autres militaires à faire de même dans un proche avenir.

"Nous avons oeuvré depuis plusieurs années pour que la démocratie puisse être la règle en Guinée. On ne devient pas président de la République, ici, parce qu’on est le plus fort. On le dévient parce qu'on a été choisi par le peuple de Guinée. Dès l'instant qu'on fait le constat - pour une raison ou une autre - qu'on a rompu avec cet idéal démocratiq­ue, l'objectif est de tout faire pour que nous puissions revenir vers le schéma qui consiste à élire nos responsabl­es", explique Etienne Soropogui.

Pour une transition normale et apaisée

Ibrahima Tenemba Kourouma, président du parti Guinée unie pour l'intégrité et le développem­ent, estime aussi que les auteurs du coup d'Etat du 5 septembre 2021 doivent rendre rapidement le pouvoir aux civils.

" S'ils n'ont pas un autre calendrier caché en dehors de faciliter le retour à l'ordre constituti­onnel, je trouve que 18 mois est largement suࢄsant. Une transition ne doit pas prendre trop de temps. Et je crois aussi que les militaires ne doivent pas se mettre dans les calculs politiques. Ils doivent savoir que leur place, c'est dans les casernes",insiste M. Kourouma.

Le pouvoir militaire, qui a promis d'assainir l'environnem­ent politique en engageant des poursuites judiciaire­s contre les membres du gouverneme­nt sortant et l’ancien président Alpha Condé, a aussi interdit toute manifestat­ion dans le pays pendant 36 mois. Une décision inacceptab­le selon l'opposant Etienne Soropogui.

"La liberté de manifester fait partie des acquis démocratiq­ues que nous avons obtenus. On ne peut pas diminuer ces acquis. Il n'est pas question pour nous d'accepter que cette liberté fasse l'objet d'attaque ou d'agression parce que nous avons lutté pour cela."

L'interdicti­on de manifester est perçue par les partis de l'opposition comme un nouveau bras de fer entre les militaires et les partis politiques dont les principaux leaders, comme Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, ont été poussés à quitter Conakry.

C'est dans ce contexte politique tendu que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a récemment souhaité que la junte militaire en Guinée rende le pouvoir à des civils "dans les délais les plus brefs".

Réaction de la Cédéao

Les Guinéens doivent encore patienter avant de connaître la position de la Cédéao sur les 36 mois de transition validés par le CNRD. L'organisati­on sousrégion­ale a reporté à une date ultérieure le sommet extraordin­aire qu’elle avait annoncé pour le 21 mai prochain à Accra, au Ghana.

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Le Palais du peuple de Conakry, siège du CNT - Conseil national de transition
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Mamady Doumbouya, le chef de la junte militaire

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