Deutsche Welle (French Edition)

Guerre en Ukraine : la crise libyenne au second plan

Des affronteme­nts ont opposé à Tripoli des milices rivales. Les violences ont conduit à une réaction de l'occident, plutôt rare ces derniers temps, qui appelle au calme.

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Le chef du gouverneme­nt libyen désigné par le Parlement siégeant dans l'Est, Fathi Bachagha, a dû quitter la capitale Tripoli ce mardi (17.05) matin. Il avait tenté de déloger l'exécutif en place, dirigé par Abdelhamid Dbeibah.

Les affronteme­nts entre milices rivales ont débuté dans la nuit de lundi à mardi après l’arrivée à Tripoli du Premier ministre désigné par le Parlement siégeant dans l'Est, Fathi Bachagha, accompagné de plusieurs ministres de son équipe.

Fathi Bachagha a expliqué avoir finalement décidé de quitter Tripoli pour préserver la sécurité des habitants.

Mauvaise appréciati­on par Fathi Bachagha

Claudia Gazzini, de l’Internatio­nal Crisis Group, estime au micro de la DW, qu’il s’agit d’une mauvaise appréciati­on de la situation. Et selon Jalel Harchaoui, chercheur et spécialist­e de la Libye, le système de soutien à son rival a fonctionné : "Les loyautés se sont révélées être solides, explique-t-il. Et ce qui s’est avéré être fragile, c’est surtout ce Premier ministre [Fathi Bachagha] qui pensait pouvoir s’imposer. Et donc, au bout de quelques heures de violence armée, il a pris la décision de se rendre et d’accepter de sortir", affirme sur la DW Jalel Harchaoui.

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Les Etats-Unis se sont dit préoccupés. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a lui évoqué une situation "devenue très grave ces dernières heures".

L'Ukraine avant tout ?

Des déclaratio­ns plutôt rares ces derniers temps alors que la communauté internatio­nale semble avoir les yeux rivés sur l’Ukraine.

Jalel Harchaoui se désole d’ailleurs du désintérêt pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord depuis l’invasion de l’Ukraine. Il rappelle pourtant l’intérêt énergétiqu­e de la Libye :

"Le pétrole et le gaz libyens sont beaucoup plus importants sur le plan stratégiqu­e pour les Européens aujourd’hui qu’avant le 24 février. Les Américains s’intéressen­t plus à la Libye aujourd’hui qu’avant le 24 février."

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Une crise qui s’intensifie

Claudia Gazzini de l’ICG explique aussi que l’invasion de l’Ukraine a retiré la Libye de la scène médiatique. Selon l’experte, "La crise libyenne a été peu couverte par la presse. La crise s’est pourtant intensiࢆée ces deux derniers mois sans que sa ࢆn ne soit visible".

Le conflit en Ukraine bloque aussi la nomination de l’envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, observe Jalel Harchaoui.

L’actuelle conseillèr­e spéciale, Stephanie Williams, qui a un rôle beaucoup plus faible et moins légitime, pour Jalel Harchaoui, a appelé sur Twitter à la "retenue", en insistant "sur la nécessité absolue de s'abstenir de toute action provocatri­ce".

La Libye est plongée dans une crise politique, notamment depuis le report sine die de l’élection présidenti­elle qui devait se tenir en décembre dernier.

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La Libye a deux gouverneme­nts depuis quelques mois, l’un dirigé par Fathi Bachagha (à gauche) et l’autre par Abdelhamid Dbeibah (à droite)
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Des militants d'ONG locales se rassemblen­t en 2021 pour une manifestat­ion contre le report éventuel des élections prévues le 24 décembre (15.12.21)

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