Deutsche Welle (French Edition)
L'ombre de la dictature Marcos plane sur les Philippines
L'élection haut la main de Ferdinand Marcos Jr. à la présidence des Philippines fait craindre un retour de la dictature, dans la lignée de celle de son père.
La victoire écrasante, à la présidentielle philippine, de Ferdinand Marcos Junior a un air de déjà-vu. Elle laisse un goût amer aux victimes de la dictature de son père et aux défenseurs des droits humains. L'un des premiers gestes du nouveau président élu a d'ailleurs été ce mercredi (11.05.) de se recueillir sur la tombe de son père. Et le choix de sa vice-présidente ne rassure guère non plus sur ses intentions : Sara Duterte est la fille du président sortant, un populiste de droite au régime brutal.
"Bongbong", fils de son père
Le surnom de Ferdinand Marcos Junior, "Bongbong", pourrait prêter à sourire. Mais sa victoire avec 97% des voix fait craindre un retour de la dictature exercée pendant 21 ans par son père, Ferdinand Marcos Senior.
Celui-ci était soutenu par les Etats-Unis qui voyaient en lui un rempart contre le communisme. Il a été chassé par une révolte populaire, en 1986. Il laisse alors derrière lui un pays exsangue, meurtri par deux décennies de terreur qui ont fait des milliers de morts et disparus.
Biens mal acquis, terreur
La famille Marcos est contrainte à l'exil et part à Hawaï, l'épouse du président déchu parvient tout de même à emporter avec elle ses 2.700 paires de chaussures de luxe.
Le clan ne peut rentrer aux Philippines qu'en 1991, après la mort de Ferdinand Marcos. La justice les condamne à rembourser cinq milliards de dollars de biens mal acquis. Leur fortune détournée pourrait atteindre le double de cette somme.
Alors la victoire du fils Marcos, un peu plus de 30 ans plus tard, est un coup de tonnerre pour les victimes de la torture sous la loi martiale. Etta Rosales est l'une d'entre elles. "Je ne m'y attendais pas du tout", raconte-t-elle. "Pourquoi un autre Marcos, tout d'un coup, deviendrait président ? Comment voulez-vous qu'on leur pardonne ? Ils n'ont jamais reconnu ce qu'ils avaient fait au peuple philippin."
Plus de 70.000 opposants ont été torturés, emprisonnés ou tués sous l'ère Marcos père.
Duterte et fille
Quant à la guerre contre la drogue menée par le président sortant Rodrigo Duterte, elle a fait aussi des milliers de morts sur lesquelles enquête déjà la Cour pénale internationale.
Alors Emerlynne Gil, directrice régionale d'Amnesty International pour l'Asie-Pacifique, s'inquiète de constater que ni Ferdinand Marcos Junior ni sa future vice-présidente, la fille de Rodrigo Duterte, n'ont pris leurs distances avec les agissements de leurs pères respectifs – bien au contraire.
Emerlynne Gil note même qu'"ils ont évité de répondre aux questions concernant les meurtres, la détention sous la torture pendant la loi martiale, et aussi les meurtres qui ont été commis dans le contexte de la guerre contre la drogue de Duterte. [...] Ce sont deux personnes qui vont diriger les Philippines qui refusent d'engager des conversations sur la responsabilité des violations des droits de l'Homme."
Désinformation sur les réseaux sociaux
La victoire malgré tout de Ferdinand Marcos Junior s'explique en partie par une campagne de désinformation menée sur les réseaux sociaux. Appuyé par le pouvoir Duterte, les militants pro-Marcos ont réussi à faire passer son père pour un héros de la nation aux yeux des plus jeunes, qui n'étaient pas nés quand le dictateur a été chassé par la rue.
L'analyste politique Bob Herrera Lim minimise pour sa part les risques. Il souligne que les institutions financières du pays ont gagné en indépendance visà-vis de l'exécutif par rapport aux années 1970 ou 1980.
Certains Philippins espèrent désormais que les leçons tirées de l'histoire permettront au peuple de rester vigilant et d'éviter que ne se reproduisent les crimes du passé.
soldats russes qui ont occupé la ville pendant quatre semaines. Certains d'entre eux avaient les mains liées dans le dos.
Annalena Baerbock a tweeté que Boutcha était devenue le symbole de "crimes inimaginables” comme "la torture, le viol, le meurtre”. L'Ukraine et les pays occidentaux accusent l'armée russe d'être responsable de ces massacres, ce que la Russie dément.
Massacres arbitraires
"Abasourdie par cet[te violence] arbitraire”, la ministre estime que "cela aurait pu toucher [sa] famille, ou [ses] voisins”.
Le prix DW de la liberté d'expression à des reporters ukrainiens
Lors de son passage dans une église de la ville, accompagnée de la procureure générale chargée d'enquêter sur ces massacres, Annalena Baerbock a assuré l‘Ukraine du soutien de l'Allemagne pour enquêter sur ces "crimes de guerre” et "crimes contre l'humanité”, un soutien "politique, financier et en personnel”.
"Boutcha est une banlieue de Kiev, comme Potsdam pour Berlin Il y a des aires de jeux pour les enfants, des supermarchés, des gens qui vont au travail, a déclaré la ministre allemande. Et juste à côté, les traces des crimes les plus eࢃroyables. Une bombe, tombée au beau milieu d'un supermarché. Dans cette église, on voit l'image de gens qui vaquaient à leur vie quotidienne, se levaient pour aller travailler et ont été assassinés de sang-froid.
Une mère qui tentaient de fuir avec ses enfants et qui a été abattue. Nous devons à toutes ces victimes non seulement de nous souvenir d'elles mais aussi de réclamer des comptes aux auteurs de ces crimes. Nous le ferons en tant que communauté internationale. C'est la promesse que nous pouvons et devons faire, ici, à Boutcha.”
Le ministre des Affaires étrangères néerlandais était également en Ukraine aujourd'hui. Wopke Hoekstra devait notamment rencontrer le président Zelensky et plusieurs députés. En visite dans une banlieue de Kiev, le ministre a estimé que la désolation constatée sur place ne pouvait pas "restée impunie”. Les Pays-Bas vont eux aussi soutenir l'Ukraine pour enquêter sur de possibles crimes de guerre.
Réouverture de l'ambassade d'Allemagne à Kiev
A l'agenda de la visite d'Annalena Baerbock, également : une entrevue avec son homologue ukrainien, et la réouverture de l'ambassade d'Allemagne, fermée depuis la mifévrier. Les derniers membres du personnel avaient quitté le pays le 25 février pour la Pologne, d'où l'ambassade a continué une partie de ses activités.
Plusieurs représentations diplomatiques européennes, ainsi que les ambassades des Etats-Unis, du Royaume-Uni ou du Canada notamment ont déjà rouvert leurs portes à Kiev.
A quand une visite d'Olaf Scholz ?
Ces dernières semaines, la discussion avait pris de l'ampleur en Allemagne : quel représentant de l'exécutif allait se rendre en premier à Kiev ?
Ballet diplomatique entre Berlin et Kiev
Le chancelier Olaf Scholz a renoncé pour le moment à faire le voyage à la suite du refus des dirigeants ukrainiens de recevoir le président allemand. Ceux-ci reprochent à Frank-Walter Steinmeier
sa bienveillance envers la Russie lorsqu'il était le chef de la diplomatie allemande, au sein du gouvernement Merkel.
C'est donc Annalena Baerbock qui a fait le premier pas au sein du gouvernement. Dimanche dernier, Bärbel Bas, la présidente du Bundestag, la chambre basse du Parlement, s'était déjà rendue en Ukraine.
Le 8 mai 1945 et la guerre en Ukraine
Le président Zelensky avait invité Olaf Scholz à venir hier, jour des commémorations, en Russie, de la victoire soviétique sur les nazis. Le président ukrainien estimait que la présence à Kiev du chancelier allemand serait "un signal politique très fort” à cette occasion. Mais Olaf Scholz n'est pas venu. Et il n'a pas encore indiqué quand il compte se rendre sur place.