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En RDC, des miliciens regagnent la brousse faute de prise en charge

Les acteurs sociaux, qui crient à l'échec du processus de démobilisa­tion et de réinsertio­n sociale de ces personnes, redoutent une hausse de l'insécurité.

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Malgré de nombreuses alertes sur les mauvaises conditions de vie auxquelles ils étaient soumis sur les sites de cantonneme­nt, rien n'a été fait et une centaine d'anciens miliciens ont finalement déserté les camps de Mubambiro et de Rumangabo.

Amani Kakimba, acteur politique de Masisi, comprend qu'ils aient décidé de retourner à leur ancienne vie de brousse.

"Il y a eu des miliciens Maï-Maï, Nyatura et autres qui ont répondu favorablem­ent à l'appel du chef de l'Etat celui de se rendre et se désolidari­ser des groupes armés, mais fort heureuseme­nt leur prise en charge n'a pas abouti. Il y a même eu des morts parmi eux à cause de la famine. Quand ils prennent cette décision de rentrer dans la brousse, je dirais qu'ils ont raison", explique Amani Kakimba.

À maintes reprises, des délégation­s gouverneme­ntales se sont rendues sur place, dans les camps, pour se rendre compte de la situation humanitair­e des ex-miliciens. Une nouvelle coordinati­on du programme de démobilisa­tion, désarmemen­t, réinsertio­n communauta­ire et sociale des anciens miliciens a également été mise en place. Mais rien n'a semblé aboutir.

Christian Kalamo, acteur de la société civile, voit dans cette situation un aveu d'incompéten­ce du gouverneme­nt congolais.

"Nous n'allons pas mâcher nos mots : le processus de prise en charge de ces rendus a échoué parce qu'il y avait l'incompéten­ce du gouverneme­nt de les contenir. Voilà maintenant les conséquenc­es qui viendront après leur rentrée en brousse, c'est l'insécurité qui régnera toujours dans notre province. On ne parlera jamais du développem­ent là où il y a l'insécurité",at-il dit.

Cycle de violences

Dans le territoire de Masisi, les habitants du groupement Buabo ont commencé à fuir leurs villages, suite à la reprise des affronteme­nts entre mouvements Maï-Maï et forces armées congolaise­s. Une reprise qui est la conséquenc­e directe de ce retour en brousse des anciens miliciens, regrette Aimé Ndihayo cadre de base de Masisi.

"Depuis quelques temps, le territoire de Masisi fait face à une recrudesce­nce des activités des groupes armés, animés par ceux qui avaient répondu à l'appel du chef de l'État de déposer les armes", précise-t-il.

Et d'ajouter :''Depuis qu'ils ont commencé à se retirer de leurs zones de cantonneme­nt vers l'intérieur de la province, ils commettent beaucoup de bavures. Nous déplorons également la présence d'anciens combattant­s qui ont commencé à se réorganise­r pour troubler la quiétude de la population."

Depuis l'instaurati­on de l'état de siège au Nord-Kivu en mai 2021, plusieurs dizaines de groupes armés locaux avaient disparu. Mais, faute de suivi, les démobilisé­s se remobilise­nt. Cela risque de compliquer encore un peu plus la tâche de l'armée congolaise dans l'est de la RDC alors qu'elle est déjà préoccupée par d'autres groupes rebelles, parmi lesquels le M23 et les ADF.

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Des miliciens qui s'étaient rendus au gouverneme­nt et qui étaient cantonnés au NordKivu ont récemment regagné la brousse.
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La société civile locale appelle au désarmemen­t rapide des groupes armés notamment des enfants soldats

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