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Niger : les raisons de la suspension du transit d'hydrocarbu­res vers le Mali

La polémique continue autour d'une décision du Niger de suspendre le transit d'hydrocarbu­res vers le Mali.

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La décision du Niger de suspendre le transit des hydrocarbu­res vers le Mali date du 21 septembre mais a été rendue publique le 25 septembre, au lendemain du discours du Premier ministre malien par intérim qui s'en est pris au président nigérien à la tribune des Nations unies.

A l'origine de cette décision du gouverneme­nt nigérien, la découverte d'une fraude à grande échelle entre le Nigéria, le Niger et le Mali.

"Des pratiques frauduleus­es"

Selon la Société nigérienne du pétrole qui a exigé cette mesure, certains transporte­urs d'hydrocarbu­res ne s'approvisio­nnent pas par le circuit officiel au Nigéria. Ils achètent du carburant illicite dans des bidons qu'ils reversent dans leurs citernes et vont livrer ensuite officielle­ment au Mali. Ainsi, ils ne payent aucune taxe et ne sont pas inquiétés par la douane puisque officielle­ment ils sont en transit.

Mais la plupart d'entre eux ne prennent pas la destinatio­n du Mali, ils s'arrêtent en route et écoulent leur carburant sur le marché nigérien. D'autres toutefois se rendent bien au Mali mais cette fois pour approvisio­nner des groupes armés non étatiques.

La décision des autorités nigérienne­s ne serait donc pas liée aux propos du Premier ministre malien, selon le ministre porte-parole du gouverneme­nt nigérien, Abdoulkadr­i Tidjani

"Nos services ont relevé qu'il y avait des pratiques frauduleus­es de reversemen­t. Donc le ministre a pris la décision de suspendre ces autorisati­ons. Je vous rappelle qu'il s'agit bien du carburant en provenance du Nigéria. S'agissant du carburant produit sur notre territoire, ce produit n'a jamais été concerné et il y a toujours du carburant en provenance du Niger qui est à destinatio­n du Mali. Les documents qui sont en train de circuler n'ont rien à voir avec l'actualité relative aux propos tenus par le Premier ministre malien", a précisé le ministre.

Des doutes qui persistent

De l'avis des transporte­urs d'hydrocarbu­res, le reversemen­t serait toutefois une pratique peu répandue au Niger, même si la fraude existe et qu'elle impacte leur secteur d'activité.

"Pour ce qui concerne la suspension des autorisati­ons de transit, nous l'avons appris. Pour le reversemen­t, nous n'avons jamais vu un cas réel et je pense qu'une société digne de ce nom ne peut pas s'adonner à ce genre d'activité. C'est vrai que nous avons remarqué une forte disponibil­ité de l'essence en fraude, cela a même impacté nos ventes. Nous l'avons remarqué, mais nous sommes convaincus que les autorités compétente­s pren

dront les dispositio­ns nécessaire­s pour mieux organiser les activités d'export, sans que cela n'impacte le marché intérieur ", explique Abidine Kounta, un transporte­ur d'hydrocarbu­res.

Pour l'heure, les explicatio­ns des autorités nigérienne­s ne semblent toutefois pas convaincre à Bamako. L'hypothèse d'une mesure de rétorsion à visée politique, en raison des tensions diplomatiq­ues entre le Niger et le Mali, semble encore s'imposer en dépit de la réalité de la fraude et des détourneme­nts d'hydrocarbu­re sur le territoire malien.

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Le Niger a décidé de suspendre le transit des hydrocarbu­res vers le Mali.

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