Deutsche Welle (French Edition)

Les propositio­ns du comité ad hoc font réagir au Tchad

Un comité a proposé la prolongati­on de deux ans de la transition débutée il y a dix-huit mois. Il propose aussi le maintien du président de transition.

-

Un comité ad hoc, mis en place par le présidium du dialogue national, a proposé une prolongati­on de deux ans de la transition, de maintenir à la tête de l'Etat le chef de la junte militaire, Mahamat Idriss Déby Itno, et d'autoriser les membres de la transition à présenter leurs candidatur­es aux élections à venir.

Si toutes ces propositio­ns du comité ad hoc font l'objet d'intenses discussion­s au dialogue national, il semble que pour certains participan­ts à la rencontre les choses aillent déjà dans le bon sens.

Saleh Kebzabo, le président de l'UNDR, se félicite du travail de ce comité et estime qu'il faut être réaliste.

"J'étais de ceux qui militaient pour une transition de 18 mois. Celle-ci vient de ࢆnir et voilà qu'on va déborder et qu'on va avoir encore une transition de deux ans. C'est le réalisme qui l'impose. J'étais de ceux qui ont dit aussi que les dirigeants de la transition ne peuvent pas participer aux compétitio­ns électorale­s futures mais force est de constater que si vous excluez une catégorie quelconque de citoyens, c'est injuste. Laissez tout le monde participer. Organisons de bonnes élections" explique Saleh Kebzabo à la DW.

Les décisions s'imposent à tous

A ceux qui ont préféré boycotter le dialogue national, Saleh Kebzabo rappelle que les décisions qui y seront prises "leur seront imposées” comme à tous les autres Tchadiens.

En attendant, les propositio­ns du comité ad hoc ne surprennen­t pas des membres de Wakit Tama comme Max Loanlgar, qui est l'un des porte-parole de la coalition.

"Pour Wakit Tama, la messe était dite dès les premiers jours, nous savions que le but était de maintenir la junte au pouvoir. Nous savions que les questions d'intérêt pour le peuple ne sont pas au centre des préoccupat­ions de cette junte. Nous attendons de voir ce que le peuple nous dira" préciset-il à la DW.

Une partie de l'opposition et de la société civile, ainsi que des politico-militaires, ont en effet préféré ne pas participer au dialogue. Les arguments avancés par le comité ad hoc pour justifier ses propositio­ns sont ainsi beaucoup critiquées.

Au micro de la DW, Bedoumra Kordjé, point focal d'un groupe des organisati­ons signataire­s de la déclaratio­n du 19 mai 2022 pour un dialogue national réussi, a estimé par exemple que "les dirigeants actuels de la transition ayant pris le pouvoir sans être élus, leur "inéligibil­ité (…) est une question de principe et la charte de l'Union africaine est très claire làdessus parce que c'est un changement anticonsti­tutionnel."

Un cas particulie­r

Selon Jean Bernard Padaré, le secrétaire général et porteparol­e de l'ancien parti au pouvoir, le MPS, aucun texte n'interdit aux membres de la transition de se présenter aux élections.

Il estime par ailleurs que "les gens font la confusion avec les juntes qui sont au pouvoir au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Dans ces pays cités, les militaires ont fait des coups d'Etat contre des dirigeants élus".Il

ajoute qu'"au Tchad, l'interrupti­on de l'ordre constituti­onnel était dû à un facteur inédit (...) Que ce soit des dispositio­ns du droit interne ou bien de l'Union africaine, cette dispositio­n n'est pas applicable au cas du Tchad.”

Les opposants à l'actuel chef d'Etat Mahamat Idriss Déby Itno, fils de l'ancien président, estiment pourtant que s'il n'y a pas eu de coup d'Etat, le pouvoir tchadien reste détenu par une junte militaire qui n'est pas légitime.

Le comité ad hoc a par ailleurs proposé un mandat de six ans pour le futur président élu, renouvelab­le une seule fois "sans possibilit­é de révision".

 ?? ?? Le dialogue national doit décider de la suite de la transition
Le dialogue national doit décider de la suite de la transition

Newspapers in French

Newspapers from Germany