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Crise dans l'est de la RDC : Washington hausse le ton envers Kigali
Les Etats-Unis ont appelé mardi (20.02.2024), lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) à "s'éloigner d'un risque de guerre", après une escalade de la violence dans l'est de la RDC.
"La communauté internationale doit prendre des mesures immédiates pour mettre un terme aux combats dans l'est de la RDC et permettre une désescalade des tensions entre la RDC et le Rwanda", a déclaré l'ambassadeur américain adjoint à l'ONU, Robert Wood, alors que le Rwanda est accusé de soutenir les rebelles du M23 qui ont lancé une nouvelle offensive contre les forces congolaises.
"Le Rwanda doit cesser de soutenir le M23. Il doit également retirer les forces rwandaises du territoire congolais et retirer immédiatement tous ses systèmes de missiles sol-air, dont des rapports crédibles indiquent qu'ils ont été responsables de tirs intentionnels sur les moyens aériens de la MONUSCO" a insisté le diplomate américain.
Selon un document interne de l'ONU consulté par l'AFP, un missile sol-air présumé des Forces de défense rwandaises a visé début février, un drone d'observation de l'ONU depuis une zone contrôlée par le M23.
La province du Nord-Kivu, dont Goma est le chef-lieu, est en proie depuis n 2021 à un con it qui oppose le M23 ("Mouvement du 23 mars"), appuyé par des unités de l'armée rwandaise, à l'armée congolaise associée notamment à des groupes armés dits "patriotes".
Kigali nie toute implication
Le Rwanda nie pour sa part tout soutien au M23. Pour l'ambassadeur du Rwanda à l'ONU, Ernest Rwamucyo, il s'agit d'un con it inter-congolais.
"Cette question doit être résolue politiquement par les Congolais. Nous n'accepterons pas que ce problème soit externalisé au Rwanda par la force une fois de plus. Il convient de noter que toute solution qui ne tient pas compte des causes profondes du con it dans l'est de la RDC ne durera pas. L'escalade récente du con it dans l'est de la RDC intervient dans le contexte des déclarations publiques des présidents de la RDC et du Burundi en faveur d'un changement de régime au Rwanda et de l'aggravation des tensions ethniques dans la région", dit Ernest Rwamucyo.
Pour le diplomate rwandais, si Kinshasa "continue de soutenir les miliciens des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) et d'autres éléments antirwandais, les mécanismes défensifs et préventifs du Rwanda resteront en place pour "empêcher tout débordement au Rwanda".
"Terrible situation humanitaire"
La che e de la Monusco, Bintou Keita, s'est pour sa part, inquiétée du "risque d'une extension du con it à l'échelle régionale", ainsi que de la "terrible situation humanitaire".
L'ONU a lancé un appel aux dons de 2,6 milliards de dollars pour fournir une aide humanitaire à 8,7 millions de personnes sur les 25,4 millions qui en ont besoin dans le pays.
Amnesty International a appelé ce mardi à l'arrêt immédiat des "attaques délibérées et aveugles contre les civils", au cours des combats qui opposent l'armée congolaise et ses supplétifs à l'armée rwandaise et aux rebelles du M23 autour de Goma, dans l'est de la RDC.
Dans un communiqué, Tigere Chagutah, directeur régional d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe, indique que, "des milliers de civils sont de nouveau pris entre deux feux et ont désespérément besoin d'une aide humanitaire", indiquant qu'aujourd'hui, "plus d'un million de personnes sont entassées dans et autour de Goma", après avoir fui les affrontements.