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En Géorgie, le Parlement adopte la loi sur l'"influence étrangère"

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En Géorgie, lors d'un examen en troisième et dernière lecture, les députés ont voté à 84 voix "pour" et à 30 voix "contre" le projet de loi controvers­é sur l'"in uence étrangère", selon des images retransmis­es à la télévision publique.

Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, est décidé à imposer des mesures contraigna­ntes à toute ONG ou média qui serait - nancé depuis l’étranger, à l’image de ce qui se fait en Russie, où le Kremlin se sert de cette méthode pour faire taire les voix critiques.

Le Rêve géorgien, avait déjà tenté de faire passer cette loi il y a un an, mais avait cédé sous la pression de la rue. A la surprise générale, le texte est revenu sur la table en avril.

Seule la forme a changé : le terme d’agent de l’étranger a été remplacé par “organisati­on servant les intérêts d’une puissance étrangère”. Mais sur le fond, le texte est resté le même.

Au nom de la transparen­ce, la loi vise à apposer ce label déshonoran­t à toutes les ONG et les médias qui reçoivent plus de 20% de leur nancement de l’étranger.

Le rêve européen compromis

La loi est un copier-coller de celle qui existe en Russie depuis plus d’une décennie et qui vise à réprimer les voix dissidente­s et la liberté de la presse. Par exemple, les journalist­es qui gurent dans le registre des “agents de l’étranger” doivent le mentionner en lettres capitales dans chacune de leurs publicatio­ns sur les réseaux sociaux, au risque de payer de lourdes amendes.

Pour Human Rights Watch, ces lois ont pour but de “marginalis­er et discrédite­r les organisati­ons et les médias indépendan­ts”.

En Géorgie, l’ONG craint “un effet extrêmemen­t glaçant sur les organisati­ons et les particulie­rs qui s'efforcent de protéger les droits humains, la démocratie et l’Etat de droit”.

Ces critiques sont partagées par l’Union européenne qui voit le pays s’éloigner d’une future adhésion.

Si la mobilisati­on de la rue, surtout de la jeunesse, est aussi importante malgré la répression de certaines manifestat­ions, c’est qu’une large majorité des 3,7 millions d’habitants aspirent à rejoindre l’UE.

Bruxelles a même accordé à la Géorgie le statut de candidat of - ciel à la n de l’année dernière, à condition de mener d'importante­s réformes, notamment à limiter le pouvoir des oligarques.

Le milliardai­re de l’ombre

Car justement, c’est bien un homme d’affaires ultra-riche qui préside au destin de la Géorgie. Bizdina Ivanichvil­i a fondé le parti du Rêve géorgien, dont il est président honori que. Sa fortune est estimée à 4,9 milliards de dollars, soit un quart du PIB de son pays. Une fortune amassée dans les années 1990 en Russie, où il a fait ses études.

Si l’ancien Premier ministre Bizdina Ivanichvil­i, considéré comme le dirigeant de facto du pays, promet une entrée de la Géorgie dans l’UE d’ici 2030, ses prises de position laissent pourtant largement place au doute.

Fin avril, pour défendre la loi controvers­ée, il a accusé des ONG d’être une "pseudo-élite nourrie par un pays étranger" et de diffuser une “propagande LGBT”. Il estime que les pays occidentau­x sont responsabl­es des invasions russes de la Géorgie, en 2008, puis de l'Ukraine il y a deux ans.

Plus largement, l'Occident serait le "parti mondial de la guerre". Une rhétorique de diabolisat­ion qui n’a rien à envier à celle pratiquée par le Kremlin.

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Image : Giorgi Arjevanidz­e/AFP/Getty Images En 2023, les manifestat­ions massives avaient forcé le parti du "Rêve géorgien" au pouvoir à abandonner une première mouture de ce texte

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