edito Mars
Jamais je ne serai comme toi avec mes enfants, jamais!» Combien de fois ai-je hurlé cette promesse au visage de ma mère quand j’étais adolescente ? Seuls Dieu et elle le savent, parce que moi j’ai évidemment omis de compter. J’étais fermement convaincue que je serai une « meilleure » maman que la mienne, jusqu’à il y a quelques jours, quand j’ai ressenti une grande vague de fatigue déferler sur moi à force d’avoir répété « fais ceci », « fais cela », « mange », « n’oublie pas de mettre un anorak », « fais tes devoirs », « prends to bain », « ne claque pas la porte», « on ne crie pas dans cette maison », « whatsappe-moi dès tu arrives »….Du coup, en me regardant dans la miroir, épuisée, j’ai eu le choc de voir un visage familier et je me suis dit à haute voix : « Bon Dieu de Bon Dieu, je suis devenue ma mère ! ».
C’est fou ce qu’une femme peut changer quand elle devient une mère ; je ne parle pas de cette minorité de femmes qui se soucient de leur progéniture comme de la robe achetée chez ZARA deux semaines plus tôt. Non, je parle de la majorité des mama/mami/mom/emmeh libanaises: intransigeantes, control freaks, angoissées, qui, ayant survécu à la guerre et vivant dans un monde chaotique, veulent un monde parfait et lisse pour leurs enfants. Pourquoi cette obsession du contrôle ? Tout simplement parce que la maman libanaise a peur : de cet immense amour qu’elle ressent envers ces êtres issus du plus profond d’elle-même, de rater leur éducation, de leur causer du tort à force de vouloir bien faire, de ne pas savoir ce qui les attend, de les perdre d’une façon ou d’une autre, qu’un malheur leur arrive, que la vie ne soit pas clémente envers eux….
Elle a surtout peur parce qu’elle sait, au fond d’ellemême, qu’elle n’a, en fait, aucun contrôle sur ce qui peut arriver à ses enfants. Alors, elle noie sa terreur dans un contrôle effréné des petites choses de la vie quotidienne, et conjure le sort à coups de « to2borné » et/ ou « to2obriné ».