Ennemis de l'islam
En voie d'approfondissement
du monde musulman
leurs, la population palestinienne fournit le modèle de ce processus: la persistance de son état de dénuement conduit à un retour en force du religieux, sunnite en l'occurrence, avec la montée en puissance du Hamas et d'autres mouvements islamistes.
Penchées sur ces troubles, les grandes puissances régionales confortent ou révisent leurs alliances. L'Arabie saoudite (sunnite wahabite) et le Qatar (Frères musulmans, également sunnites) financent cet islam qui partout se politise et se radicalise. Pour étendre leurs zones d'influence politique, géostratétique et économique bien sûr, mais aussi pour la propagation de leurs sytèmes de valeurs et leur idéologie. Les chiites sont, pour ces puissances sunnites, les ennemis à vaincre: contrairement à ce qui est couramment supposé en Occident, les chrétiens et et les juifs y sont tolérés, tandis que les chiites par contre sont considérés comme des déviants, comme des «hérétiques».
L'affrontement par procuration
L'Arabie saoudite, qui traditionnellement aspire au commandement international de la communauté sunnite, ainsi que le Qatar ont massivement soutenu la révolte contre el-Assad, en fonction de leurs «préférences» particulières – l'Arabie saoudite arme les rebelles salafistes et le Qatar soutient les Frères musulmans. Pourquoi cette implication? Pour des raisons communautaires et idéologiques disionsnous, mais aussi et surtout pour des raisons géostratégiques: en visant la Syrie d'Assad les puissances du Golfe cherchent à affaiblir un allié de l'Iran, dont l'Arabie saoudite et le Qatar redoutent le feu nucléaire.
Des chiites irakiens ont rejoint les affrontements en Syrie, où ils sont combattus par les radicaux sunnites du Front al-Nosra. Grâce à cette intervention chiite les troupes gouvernementales ont récemment remporté plusieurs grandes victoires, reprenant notamment deux banlieues stratégiques de Damas – al-Tiabiya et Husseiniya, contrôlées jusque là par l'opposition. Les combats pour s'emparer de ces quartiers comptent parmi les plus sanglants de ces derniers mois: l'opposition syrienne parle de «pertes humaines colossales».
Les affrontements entre Chiites et Sunnites sont en train de redessiner la carte du Proche-Orient. Ce faisant, ils redistribuent les cartes du grand «monopoly» qu'est devenu l'islam politique international.