Pour une large focale
Pourquoi ci-contre une tentative d'éclairage du grand binôme Sunnites-Chiites au sein de la sphère musulmane? Parce qu'il faut en effet, si le journalisme doit faire sens, se détacher de l'actualité hic et nunc, situer les faits dans un champ le plus large possible et fournir dès lors des indices quant à leur évolution possible. Parce que s'imposent, dans le cas particulier du conflit syrien, quelques repères sans quoi cette crise complexe (toute crise est complexe mais les crises au Proche-Orient le sont un peu plus qu'ailleurs) va devenir illisible, et parce qu'une problématique devenue illisible – autre enseignement du journalisme – perd très vite son potentiel d'interpellation des opinions publiques, en une époque où l'usager d'une information livrée sur smartphone n'a que faire des subtilités byzantines susceptibles d'éclairer une guerre civile en Syrie. Parce que ces indispensables repères exigent, dans le cas présent, l'évocation de cette double face sunnite-chiite du monde islamique, qui pourrait bien dégénérer en conflit majeur dans les temps à venir. Parce qu'enfin c'est l'islam en général qu'il faut sans cesse éclairer, aujourd'hui plus que jamais, afin que cet éclairage ne soit pas abandonné au smartphone évoqué plus haut, qui par l'étroitesse de sa focale nous livre une image du monde musulman réduite à des scènes d'exécution en Iran ou en Arabie saoudite. Et parce qu'une islamophobie latente, omniprésente, ne demande qu'à se saisir de ces images pour évoluer de l'appréhension à l'exécration.