Obscure particratie
En Belgique, le rôle des partis dans la constitution des assemblées parlementaires reste central
En Belgique, il n'y a pas de salut en politique sans parti. Le parti programme, décide, donne ou reprend les places stratégiques sur les listes électorales. Sans appartenir à un parti, il est pratiquement impossible d'être élu. Le constat n'est pas neuf. Mais il est stupéfiant de voir à quel point ce système reste intangible en dépit des protestations.
En 1975 déjà, les chercheurs du Crisp (Centre de recherche et d’information socio-politiques) écrivaient que «de plus en plus souvent, au cours des dernières décennies, les partis sont apparus, concurremment avec certaines personnalités d'envergure, comme les maîtres du jeu politique en sélectionnant pratiquement euxmêmes „ Ente des Tages“ les mandataires publics, en décidant de la vie et de la mort des gouvernements et en réglant de grands problèmes politiques en dehors du Parlement théoriquement seul habilité à le faire.» L’étude tranchait: «Tout ceci à un point tel que certains estiment qu'une particratie s'est substituée à la démocratie en Belgique. Et pourtant, l'existence des partis politiques belges n'est consacrée qu'implicitement par la Constitution…» Multiples formes du pouvoir Près d’un demi-siècle plus tard, le même institut de recherches a remis son ouvrage sur le métier, en passant cette fois au crible les élections de 2014. Premier constat: «Le processus de sélection reste obscur, certains allant jusqu’à parler de jardin secret de la politique». Il fait souvent l’objet «d'âpres négociations» internes – que l’on ne veut guère rendre publiques. On l'a encore vu cette année, avant le dépôt récent des listes pour les élections (fédérales, régionales et européennes) du 26 mai, affirme au , Soir‘ l’auteur de l’étude du Crisp, Audrey Vandeleene.
Cette «obscurité» – qui sied mal à l'idée que l'on peut se faire de la démocratie – flotte en permanence sur la procédure de sélection des candidats, laquelle passe classiquement par le choix de méritants, mais aussi par l’irruption «de fils de» ou la présence inévitable de vieux chevaux de retour qui travaillent en coulisses les chefs de parti et leurs entourages pour rester dans la course.
Il y a toutefois des nuances. Le pouvoir au sein du parti peut avoir de multiples formes. Le PS passe ainsi pour une machine de guerre où le président Elio Di Rupo règne en maître, ou presque. Défi, le parti qui défend historiquement le fait francophone à Bruxelles, parie une sélection très centralisée. Chez Ecolo, elle est au contraire décentralisée, mais la direction du parti «garde un certain contrôle sur les choix des candidats ayant le plus de chances d’être élus, puisque le pôle fédéral préside et organise les comités de list». Ces « acteurs intermédiaires » A la N-VA enfin, le turnover semble davantage d'application comme le démontre aujourd'hui la mise sur orbite de nouvelles figures qui donnent un ton plus jeune Parteien journalistische Arbeitsweisen letztlich zum Zweck der Eigen-PR kopieren – mit dem Ziel einer maximalen Kontrolle über Bilder und inhaltliche Akzentsetzungen.“Der Berliner Kommunikationswissenschaftler Alexander Sängerlaut erklärt: „Parteien machen aber keinen Journalismus, sondern Propaganda.“ à un parti réputé conservateur quant à l’approche de maintes problématiques.
Les partis restent ainsi des «acteurs intermédiaires» entre électeurs et élus. Ils déterminent qui seront les candidats auxquels les citoyens auront la possibilité de donner leur vote. Puis, parmi ces candidats, ils choisissent ceux qui figureront aux places stratégiques. Ce double choix est déterminant pour la composition des futures assemblées.
Une remarque en passant: pas plus qu'il y a cinquante ans, la notion de parti ne figure dans la Constitution. Seule la N-VA de Bart De Wever souhaite soumettre de «a à z» la Constitution à révision, mais pour des motifs communautaires et de réforme de l’Etat.