«La grâce des jours uniques»

Éloge de la célébration

Par Christiane Kremer-Hoffmann* A l’heure où bon nombre de nos contemporains ne fréquentent pas (ou plus) les célébrations que leur offrent traditionnellement les églises, le prêtre écrivain Gabriel Ringlet nage à contre courant en faisant l'«éloge de la célébration».

En effet, l’auteur est convaincu que «nous avons autant besoin de rites que de pain», et il reconnaît personnellement que «célébrer» fait partie de son identité profonde, de «sa manière d’être au monde».

Le livre raconte donc la genèse et la mise en pratique de célébrations que Gabriel Ringlet a développées en cheminant de façon très personnelle et sensible avec les personnes qui demandent des rites à des moments-clés de leur existence: un deuil, une naissance… Souffrance et joie sont accueillies, des mots, des gestes, des symboles se mettent en place et se vivent en communauté. Peuvent naître alors ces moments uniques qui ont un goût d’éternité: «la grâce des jours uniques».

La seconde partie du livre est consacrée aux célébrations de la Semaine Sainte qui sont proposées depuis plus de trente ans au prieuré de Malèves-Sainte-Marie, où vit Gabriel Ringlet. Des liturgies qui sont vécues sur le mode du dialogue, avec des invités issus de milieux très divers, des échanges qui «interrogent l’actualité et labourent l’Evangile». Le fil rouge en est «le souci d’interroger à neuf les textes fondateurs» et de «trouver ou retrouver des gestes et des mots encore capables de mettre en route».

Comme d’autres partagent le vin qu’ils ont cultivé de leurs mains, et qui a mûri au fonds d’une cave, Gabriel Ringlet partage avec nous des fruits d’une vie de célébrant. Le célébrant, ici, n’est pas un homme seul, muni d’un pouvoir sacré, en face d’une assemblée, mais un grand communicateur aux fines compétences relationnelles. Cette capacité à ouvrir des brèches, où la dimension spirituelle de l’existence peut apparaître, a de quoi faire envie.