Des performances à dépasser
Bon moment pour la sélection de titres dans le cadre de la recherche de la création de l'alpha
Luxembourg. La guerre commerciale bat son plein. L'objectif de nombreux gérants reste de battre le marché, dépasser les performances des indices. Dans leur jargon, cela s'appelle créer de l'alpha positif. Pour y parvenir, chaque société de gestion possède sa recette. De passage à Luxembourg, Trusteam Finance et la Financière Arbevel, deux boutiques de gestion, ont présenté leur méthode.
Chez Trusteam Finance, la sélection des titres est basée sur l'idée originale de la «satisfaction clients» dans les entreprises. Elle part de l'observation qu'une firme qui accroît la satisfaction-clients gagne en prospérité. Selon les études menées par la boutique, en moyenne, 15 % des clients fidèles représentent 60 % du chiffre d'affaires.
Un client satisfait est un client gagné. C'est aussi une bonne publicité, et comme dit le dicton, le meilleur client peut devenir le meilleur vendeur de l'entreprise. Le client satisfait est aussi plus enclin à accepter des augmentations de prix. La relation est plus cordiale, on ne tourne pas autour du pot et on gagne du temps dans la signature de nouveaux contrats. Et si les clients sont satisfaits, cela signifie que l'entreprise vend de bons produits ou fournit de bons services.
Les télécoms sont appréciées
Pour dénicher ces entreprises qui affichent une haute satisfaction clients, Trusteam Finance s'est associée à la société de sondage Ipsos et collecte des données auprès d'une quarantaine d'autres instituts de sondage ou cabinets de conseil.
Après le passage à travers plusieurs filtres et des estimations de leur valorisation, les valeurs sélectionnées sont rangées en trois catégories: les leaders identifiés comme par exemple Air Liquide, le producteur de gaz industriel, ou Prosegur, une entreprise de sécurité espagnole, les étoiles montantes comme Drillisch, spécialisée dans les prestations de télécommunications mobiles, ou Svenska Handelsbanken, l'un des principaux groupes bancaires scandinaves, et les pépites cachées comme Wal-mart, l'un des spécialistes de la grande distribution aux États-unis et Neopost, un leader mondial dans le domaine du traitement du courrier, du colis et de la communication numérique.
Du point de vue secteur, les télécoms sont appréciées: «le secteur est peu valorisé en bourse et tend à combler de satisfaction ses clients (Drillisch, KPN, Deutsche Telekom...)», explique Jérôme Blanc, Directeur du Développement chez Trusteam Finance.
Avec le stock-picking comme philosophie d'investissement, la Financière Arbevel s'est plus spécialisé sur les petites et moyennes valeurs. Elle en a fait son coeur de métier. Ce segment est souvent délaissé par les investisseurs, car ces sociétés sont moins connues, ont moins de notoriété. Pourtant, le gisement des small/mid cap crée plus de valeur à long terme selon les statistiques. Le secteur du paiement avec Ingenico et Worldline, la digitalisation avec Store Electric System (SES), le leader mondial d'étiquettes électroniques pour la grande distribution, SSII (technologie) sont des thématiques clés actuellement dans les portefeuilles de la Financière Arbevel.
Autre thématique aussi tendance, le vieillissement de la population avec Orpea (maisons de retraite) et Trigano (vente de camping cars).
Par ailleurs, il a semblé logique et naturel à la Financière Arbevel de décliner ses analyses et son expertise sur les titres obligataires dans un fonds constitué en grande partie d’émetteurs small et mid caps. Cependant pour les deux sociétés de gestion, la lecture des derniers événements de la crise commerciale a diminué la visibilité en bourse, alors qu'il y a quelques semaines, un accord semblait à portée de mains selon les autorités américaines.
Il devient évident aujourd'hui, surtout après le cas Huawei, que la Chine se prépare à un long conflit commercial, une longue guerre froide technologique et stratégique avec les Etats-unis. Elle est prête à en supporter les affres et à riposter.
Alors que Donald Trump imaginait peut-être «assommer» les responsables chinois avec ses mesures lourdes (hausse des taxes à l'importation...). Trois lectures, pas forcément exclusives, peuvent être faites de la crise Huawei. Soit les Américains prennent Huawei, fierté nationale chinoise, en otage pour peser sur les négociations commerciales bilatérales. La seconde répond à une inquiétude stratégico-militaire réelle, en empêchant l’entreprise de déployer sur la planète la technologie dite de la 5G, plus puissante que la 4G, plus stratégique, puisqu’elle traitera des données comme celles des voitures autonomes, les équipements médicaux, usines...
Ou il s’agit d’une guerre technologique tout court, les Américains refusant que les Chinois se hissent au même niveau qu’eux. Surtout que les Chinois restent dépendants des Américains en raison de leur retard dans les microprocesseurs et sont obligés de les importer. Les Etats-unis ont décidé d'asphyxier un fleuron chinois en lui tordant le cou, pense-ton du coté de Trusteam Finance et la Financière Arbevel.
Le secteur est peu valorisé en bourse et tend à combler de satisfaction ses clients. Jérôme Blanc