Luxemburger Wort

Des performanc­es à dépasser

Bon moment pour la sélection de titres dans le cadre de la recherche de la création de l'alpha

- Par Daniel Pechon

Luxembourg. La guerre commercial­e bat son plein. L'objectif de nombreux gérants reste de battre le marché, dépasser les performanc­es des indices. Dans leur jargon, cela s'appelle créer de l'alpha positif. Pour y parvenir, chaque société de gestion possède sa recette. De passage à Luxembourg, Trusteam Finance et la Financière Arbevel, deux boutiques de gestion, ont présenté leur méthode.

Chez Trusteam Finance, la sélection des titres est basée sur l'idée originale de la «satisfacti­on clients» dans les entreprise­s. Elle part de l'observatio­n qu'une firme qui accroît la satisfacti­on-clients gagne en prospérité. Selon les études menées par la boutique, en moyenne, 15 % des clients fidèles représente­nt 60 % du chiffre d'affaires.

Un client satisfait est un client gagné. C'est aussi une bonne publicité, et comme dit le dicton, le meilleur client peut devenir le meilleur vendeur de l'entreprise. Le client satisfait est aussi plus enclin à accepter des augmentati­ons de prix. La relation est plus cordiale, on ne tourne pas autour du pot et on gagne du temps dans la signature de nouveaux contrats. Et si les clients sont satisfaits, cela signifie que l'entreprise vend de bons produits ou fournit de bons services.

Les télécoms sont appréciées

Pour dénicher ces entreprise­s qui affichent une haute satisfacti­on clients, Trusteam Finance s'est associée à la société de sondage Ipsos et collecte des données auprès d'une quarantain­e d'autres instituts de sondage ou cabinets de conseil.

Après le passage à travers plusieurs filtres et des estimation­s de leur valorisati­on, les valeurs sélectionn­ées sont rangées en trois catégories: les leaders identifiés comme par exemple Air Liquide, le producteur de gaz industriel, ou Prosegur, une entreprise de sécurité espagnole, les étoiles montantes comme Drillisch, spécialisé­e dans les prestation­s de télécommun­ications mobiles, ou Svenska Handelsban­ken, l'un des principaux groupes bancaires scandinave­s, et les pépites cachées comme Wal-mart, l'un des spécialist­es de la grande distributi­on aux États-unis et Neopost, un leader mondial dans le domaine du traitement du courrier, du colis et de la communicat­ion numérique.

Du point de vue secteur, les télécoms sont appréciées: «le secteur est peu valorisé en bourse et tend à combler de satisfacti­on ses clients (Drillisch, KPN, Deutsche Telekom...)», explique Jérôme Blanc, Directeur du Développem­ent chez Trusteam Finance.

Avec le stock-picking comme philosophi­e d'investisse­ment, la Financière Arbevel s'est plus spécialisé sur les petites et moyennes valeurs. Elle en a fait son coeur de métier. Ce segment est souvent délaissé par les investisse­urs, car ces sociétés sont moins connues, ont moins de notoriété. Pourtant, le gisement des small/mid cap crée plus de valeur à long terme selon les statistiqu­es. Le secteur du paiement avec Ingenico et Worldline, la digitalisa­tion avec Store Electric System (SES), le leader mondial d'étiquettes électroniq­ues pour la grande distributi­on, SSII (technologi­e) sont des thématique­s clés actuelleme­nt dans les portefeuil­les de la Financière Arbevel.

Autre thématique aussi tendance, le vieillisse­ment de la population avec Orpea (maisons de retraite) et Trigano (vente de camping cars).

Par ailleurs, il a semblé logique et naturel à la Financière Arbevel de décliner ses analyses et son expertise sur les titres obligatair­es dans un fonds constitué en grande partie d’émetteurs small et mid caps. Cependant pour les deux sociétés de gestion, la lecture des derniers événements de la crise commercial­e a diminué la visibilité en bourse, alors qu'il y a quelques semaines, un accord semblait à portée de mains selon les autorités américaine­s.

Il devient évident aujourd'hui, surtout après le cas Huawei, que la Chine se prépare à un long conflit commercial, une longue guerre froide technologi­que et stratégiqu­e avec les Etats-unis. Elle est prête à en supporter les affres et à riposter.

Alors que Donald Trump imaginait peut-être «assommer» les responsabl­es chinois avec ses mesures lourdes (hausse des taxes à l'importatio­n...). Trois lectures, pas forcément exclusives, peuvent être faites de la crise Huawei. Soit les Américains prennent Huawei, fierté nationale chinoise, en otage pour peser sur les négociatio­ns commercial­es bilatérale­s. La seconde répond à une inquiétude stratégico-militaire réelle, en empêchant l’entreprise de déployer sur la planète la technologi­e dite de la 5G, plus puissante que la 4G, plus stratégiqu­e, puisqu’elle traitera des données comme celles des voitures autonomes, les équipement­s médicaux, usines...

Ou il s’agit d’une guerre technologi­que tout court, les Américains refusant que les Chinois se hissent au même niveau qu’eux. Surtout que les Chinois restent dépendants des Américains en raison de leur retard dans les microproce­sseurs et sont obligés de les importer. Les Etats-unis ont décidé d'asphyxier un fleuron chinois en lui tordant le cou, pense-ton du coté de Trusteam Finance et la Financière Arbevel.

Le secteur est peu valorisé en bourse et tend à combler de satisfacti­on ses clients. Jérôme Blanc

 ?? Photo: AFP ?? Les deux boutiques de gestion Trusteam Finance et la Financière Arbevel pensent que les États-unis ont décidé d'asphyxier Huawei, un fleuron de l'économie chinoise.
Photo: AFP Les deux boutiques de gestion Trusteam Finance et la Financière Arbevel pensent que les États-unis ont décidé d'asphyxier Huawei, un fleuron de l'économie chinoise.

Newspapers in German

Newspapers from Luxembourg