Second round d’information
Communistes et Vlaams Belang mis directement hors jeu dans la formation du gouvernement
Deux semaines après les élections du 26 mai, c’est «business as usual» en Belgique. Personne ne s’attend raisonnablement à ce que le gouvernement fédéral soit formé dans les mois qui viennent. Même si, jusqu’à présent, rien ne permet de confirmer que le record des 541 jours sera battu.
Pour l’instant, la crise reste en sommeil. Et le Roi vient de prolonger la mission des informateurs Didier Reynders et Johan Vande Lanotte jusqu’au 17 juin.
Les consultations se poursuivent «avec les partis en mesure de jouer un rôle». Autrement dit, sans les extrêmes. «Nous avons dressé un premier bilan et avons choisi de rencontrer tous les présidents de partis en mesure de jouer un rôle pour la formation du futur gouvernement fédéral», expliquent les deux informateurs, qui indiquent au passage ne pas avoir discuté avec les présidents du PTB et du Vlaams Belang. «Pour discuter avec le Vlaams Belang, il faut au moins qu'un parti francophone envisage de gouverner avec lui, or aucun parti francophone ne le veut», ajoute Didier Reynders.
Maintien du cordon sanitaire
La posture des deux informateurs aboutit donc pour l’heure à maintenir le cordon sanitaire autour du Vlaams Belang. Elle est équidistante, puisqu’elle laisse également hors des négociations les communistes, bien que ceux-ci aient vu leur score progresser dans tout le pays. Cette approche devrait éviter Le président du parti communiste belge (PTB), Peter Mertens, quitte le palais royal après une entrevue avec le roi Philippe. aux informateurs d’être taxé d’avoir privilégié un «extrême» par rapport à l’autre.
Les principaux intéressés ont exprimé immédiatement leur courroux. Le Vlaams Belang se demande «sur quelle planète vivent des formateurs qui excluent le gagnant des élections au nord du pays». Quant aux communistes du PTB, ils enragent: «On en est qu’au stade de l’information et, visiblement, se renseigner sur un programme, c’est déjà trop demander. Il n’y a aucune remise en cause des partis traditionnels dans le cadre de cette élection», peste leur porteparole Raoul Hedebouw.
Bien sûr, rien ne dit pour autant que ces deux partis seront définitivement exclus des pourparlers. La mission d’information qu’ont reçue Reynders et Vande Lanotte n’est que l’entame d’un long processus. Même si, selon les deux hommes, toutes les formations politiques consultées refusent de connaître le scénario de 2010-2011 et ses 541 jours de crise. La Belgique n’a toujours pas de budget. Elle doit faire face aux défis climatiques et aux conséquences éventuelles du Brexit. Or le gouvernement Michel – en affaires courantes depuis le mois de décembre dernier – ne disposera plus que de 38 sièges sur 150 dans le futur Parlement fédéral.
Il est désormais question d’un gouvernement à l’automne, là où l'objectif 2020 était exprimé la semaine dernière. Quelle en sera la couleur? Bien malin qui peut le dire. Un paramètre a toutefois changé: les humanistes (CDH) de Maxime Prévost veulent aller dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir, ce qui réduit le champ des futures possibilités. Mais à nouveau, rien ne dit que l’on n’assistera pas ici à une volte-face.
Du reste, la N-VA de Bart De Wever est plus incontournable que jamais sur l’échiquier politique belge, puisqu’elle constitue le premier parti du pays, mais aussi qu’elle représente le risque d’une alliance avec le Vlaams Belang. Côté francophone, les socialistes et les écologistes refusent tout accord avec les nationalistes flamands. Quant au Mouvement réformateur de Charles Michel, il est dans les cordes, le Premier ministre sortant restant bien seul aujourd’hui à vouloir reprendre du service avec la N-VA.