Regain d'attrait pour les valeurs refuges
L'appréciation du franc suisse est particulièrement importante par rapport à l'euro
Sur les marchés financiers, les dernières semaines ont surtout été caractérisées par un regain de l’aversion pour le risque lié au retour des incertitudes politiques.
Ces incertitudes ont suscité un regain d’attrait pour les valeurs refuges, comme par exemple le franc suisse. Avec le renforcement de la devise helvétique et à l’approche de la prochaine décision de politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS), qui tombera ce jeudi 13 juin, de nombreux observateurs sur les marchés s’interrogent si ce renforcement de la devise ne pourrait pas inciter la BNS à intervenir plus significativement et plus régulièrement sur le marché des changes pour contrebalancer ce mouvement d’appréciation.
Au cours des dernières semaines, l’appréciation du franc suisse a été tout particulièrement importante par rapport à l’euro. Sur l’ensemble du mois de mai, le franc suisse s’est renforcé d’un peu plus de 2 % par rapport à l’euro. Ce faisant, il s’est rapproché du seuil de 1,10 euro, qui est souvent considéré comme celui à partir duquel la BNS pourrait intervenir plus activement sur le marché des changes. Ce renforcement s’explique par une baisse de l’appétence au risque des investisseurs qui résulte d’un retour des tensions commerciales, mais aussi de l’incertitude entretenue par les dernières élections européennes et la situation politique au Royaumeuni. Même si le renforcement du franc suisse s’est quelque peu réduit en cours de semaine, le franc suisse reste vigoureux.
Comme le renforcement de la devise helvétique risque de freiner l’inflation et compte tenu du fait que la BNS vise une fourchette d’inflation comprise entre 0 et 2 %, l’interrogation des observateurs sur les marchés financiers semble justifiée.
Toutefois, l’appréciation du franc suisse a-t-elle été suffisamment importante pour inciter la BNS à procéder à des interventions plus régulières sur le marché des changes?
Ce qui semble plus ou moins acté, c’est qu’avec la vigueur actuelle du franc suisse, la BNS ne devrait pas modifier sa politique de taux d’intérêt négatif et, par conséquent, opter pour le statu quo lors de sa prochaine réunion de politique monétaire. Autrement dit, un relèvement de taux reste peu probable.
En ce qui concerne les interventions sur le marché des changes pour enrayer le renforcement de la devise, la réponse doit être plus nuancée. Comme la monnaie helvétique n’a pas encore véritablement franchi le seuil de 1,10 euro, la BNS devrait encore patienter avant toute intervention sur le marché des changes.
Toutefois, ceci ne l’empêchera pas de réitérer le message selon lequel l’institution monétaire pourrait reprendre à tout moment ses interventions de change si cela s’avère nécessaire. Seul un regain important des incertitudes politiques pourrait inciter la BNS à agir rapidement à court terme. Dr William Telkes Chief Economist
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