La Belgique en panne d'énergie climatique
Amers constats au lendemain du sommet européen – Régions et fédéral se dispersent et n'agissent pas assez pour la planète
Sur le champ de bataille environnemental, on relevait au moins trois vaincus vendredi matin: le climat, l'europe et la Belgique.
Le climat, car quatre Etats membres – la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et l'estonie – ont refusé que la «neutralité carbone» apparaisse dans les conclusions du sommet européen qui se tenait à Bruxelles en cette fin de semaine.
L'europe, car si elle compte rester «en ligne avec l'accord de Paris» (l'élévation de la température globale doit être limitée bien en dessous de deux degrés Celsius par rapport à l'ère préindustrielle), elle cultive aussi le flou quant à la manière d'y parvenir.
La Belgique enfin, car le royaume a beau jouer en ce dossier comme en d'autres les «mères la vertu» dans les cénacles européens, il est loin, très loin, d'atteindre les objectifs auxquels il s'est engagé.
C'est ainsi qu'à la veille de ce sommet – où le nom du Premier ministre sortant Charles Michel fut cité en sourdine pour la future présidence du Conseil européen – la Commission avait sondé le fossé qui existe entre les promesses climatiques faites par les Etats membres et leurs réalisations concrètes. Pour la Belgique, ce fossé est des plus profonds.
La Commission estime ainsi que le royaume manque d'ambition en matière d'énergie renouvelable comme d'efficacité énergétique. Les politiques actuellement mises en place ne permettront qu'une réduction des émissions des gaz à effet de serre de 13 % en 2030 (contre un engagement de -35 %) par rapport à 2005, estime l'exécutif européen. La Commission met également le doigt là où ça fait mal: sur l'incapacité des Belges à s'entendre entre eux lorsqu'il s'agit de climat et d'environnement. En Belgique, ces matières sont partagées entre le fédéral et les Régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles). Or la législature précédente a démontré à quel point il est compliqué d'obtenir une position commune entre ces entités, la Flandre freinant des quatre fers dès lors qu'elle estime que la transition énergétique menace son économie. Le nucléaire y garde la cote.
La Commission européenne demande donc «des efforts substantiels» à la Belgique, et «une volonté politique considérable» pour réaliser «un plan national mieux intégré». Elle précise que «l'essentiel des réductions d'émissions doit intervenir dans les secteurs du bâtiment et des transports».
Mauvais bulletin également en ce qui concerne les énergies renouvelables. Alors que celles-ci devraient pourvoir à la consommation énergétique finale à hauteur de 25 % en 2030, le bilan actuel plafonne à 9,1 %.
La Belgique est encore encouragée à réaliser des économies d'énergie supplémentaires. Logiquement, elle devrait ne consommer «que» 39 millions de tonnes d'«équivalent pétrole» en 2030. Elle en est à 49,1 millions. Selon le WWF, les énergies fossiles seraient encore soutenues par le public à hauteur de quelque trois milliards d'euros par an.
Ces informations ayant été engrangées, chacun fourbit ses armes. Pour la Fédération des entreprises de Belgique, le respect des engagements climatiques est d'abord une question d'argent (25 à 35 milliards d'euros) et de concertation entre les différents niveaux de pouvoir.
Quant à Ecolo qui négocie en ce moment sa participation aux exécutifs bruxellois et wallon (sans oublier le fédéral à plus longue échéance), il estime qu'il faut «remettre en route la discussion sur une loi climat et étudier le plan national énergie-climat afin de l'améliorer, comme le demande la Commission européenne.»
La Commission considère que le royaume manque d'ambition en matière d'énergie renouvelable.