Luxemburger Wort

Une semaine tant attendue

Les banques centrales pourraient encore baisser les taux

- Par Lionel Balle *

Cette semaine a été marquée par un changement de ton de la part des banques centrales européenne et américaine, largement attendu par les marchés.

Tout a commencé mardi lors du forum annuel de la Banque centrale européenne à Sintra au Portugal au cours duquel Mario Draghi a affirmé, qu’en l’absence d’améliorati­on des perspectiv­es d’inflation pour atteindre leur objectif de manière durable, des mesures additionne­lles de soutien seraient nécessaire­s.

Cette déclaratio­n, perçue comme très accommodan­te, a suscité une vive réaction outre-atlantique. Le président Trump a twitté qu’il considérai­t cette annonce comme une concurrenc­e injuste envers les États-unis car cela avait fait chuter l’euro.

Si le président de la BCE a répondu que cette dernière n’avait pas d’objectif sur le taux de change, la Fed a répliqué mercredi en ouvrant la voie à de possibles ajustement­s d’ici la fin de l’année, dans un environnem­ent économique de plus en plus incertain et une banque centrale résistant à la pression du président américain pour une baisse du taux directeur.

Dans ce contexte, il sera très intéressan­t de suivre le discours de Jerome Powell mardi prochain lors du Conseil des affaires étrangères à New York. Son discours portera sur les défis et les enjeux auxquels doit faire face l’économie américaine. Inévitable­ment son Avis de sociétés discours abordera la guerre commercial­e qui oppose les États-unis et la Chine, alors que tous les acteurs de marché attendent avec impatience la fin de semaine avec le sommet du G20 qui aura lieu à Osaka. En effet, le début de semaine pourrait montrer un peu de volatilité au gré des tweets du président Trump à l’approche du sommet qui commencera vendredi et de l’escalade des tensions entre les États-unis et l’iran après que ce dernier ait abattu un drone américain.

Mais que peut-on attendre de ce G20?

Il a été confirmé que le Président américain rencontrer­ait son homologue chinois lors du sommet et les équipes des deux camps devraient se voir au préalable afin de préparer ce rendez-vous important et ce certaineme­nt dès ce mardi. L’objectif est clairement défini et les deux parties semblent souhaiter un accord qui reprendrai­t les préoccupat­ions des uns et des autres.

En cas d’échec des négociatio­ns ou de « non event », il est sûr que la Fed passera à l’action et ce certaineme­nt dès le mois de juillet, le marché anticipant même qu’elle pourrait revoir ses taux à la baisse trois à quatre fois cette année. Cela devrait également peser sur les classes d’actifs plus risqués et profiter aux valeurs refuges comme les obligation­s d’état et ce malgré déjà une belle baisse de leurs rendements. Néanmoins, en cas d’accord le week-end prochain lors du G20, l’impact sur les rendements des obligation­s étatiques ne se fera pas attendre car la Fed reverra certaineme­nt ses perspectiv­es économique­s pendant que le marché devrait revoir son anticipati­on du nombre de baisses de taux directeurs.

Tout cela, après que cette semaine ait été marquée par d’un côté, les rendements des obligation­s allemandes à dix ans qui ont touché des niveaux de rendement négatifs jamais vus par le passé, et de l’autre par les taux américains qui sont revenus à des niveaux proches de ceux précédant le cycle de hausse de taux entamé par la banque centrale américaine. * L'auteur est est Head of Fixed Income au sein de KBL European Private Bankers

 ?? Photo: AFP ?? Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a confirmé le ralentisse­ment de la croissance en zone euro.
Photo: AFP Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a confirmé le ralentisse­ment de la croissance en zone euro.

Newspapers in German

Newspapers from Luxembourg