Une semaine tant attendue
Les banques centrales pourraient encore baisser les taux
Cette semaine a été marquée par un changement de ton de la part des banques centrales européenne et américaine, largement attendu par les marchés.
Tout a commencé mardi lors du forum annuel de la Banque centrale européenne à Sintra au Portugal au cours duquel Mario Draghi a affirmé, qu’en l’absence d’amélioration des perspectives d’inflation pour atteindre leur objectif de manière durable, des mesures additionnelles de soutien seraient nécessaires.
Cette déclaration, perçue comme très accommodante, a suscité une vive réaction outre-atlantique. Le président Trump a twitté qu’il considérait cette annonce comme une concurrence injuste envers les États-unis car cela avait fait chuter l’euro.
Si le président de la BCE a répondu que cette dernière n’avait pas d’objectif sur le taux de change, la Fed a répliqué mercredi en ouvrant la voie à de possibles ajustements d’ici la fin de l’année, dans un environnement économique de plus en plus incertain et une banque centrale résistant à la pression du président américain pour une baisse du taux directeur.
Dans ce contexte, il sera très intéressant de suivre le discours de Jerome Powell mardi prochain lors du Conseil des affaires étrangères à New York. Son discours portera sur les défis et les enjeux auxquels doit faire face l’économie américaine. Inévitablement son Avis de sociétés discours abordera la guerre commerciale qui oppose les États-unis et la Chine, alors que tous les acteurs de marché attendent avec impatience la fin de semaine avec le sommet du G20 qui aura lieu à Osaka. En effet, le début de semaine pourrait montrer un peu de volatilité au gré des tweets du président Trump à l’approche du sommet qui commencera vendredi et de l’escalade des tensions entre les États-unis et l’iran après que ce dernier ait abattu un drone américain.
Mais que peut-on attendre de ce G20?
Il a été confirmé que le Président américain rencontrerait son homologue chinois lors du sommet et les équipes des deux camps devraient se voir au préalable afin de préparer ce rendez-vous important et ce certainement dès ce mardi. L’objectif est clairement défini et les deux parties semblent souhaiter un accord qui reprendrait les préoccupations des uns et des autres.
En cas d’échec des négociations ou de « non event », il est sûr que la Fed passera à l’action et ce certainement dès le mois de juillet, le marché anticipant même qu’elle pourrait revoir ses taux à la baisse trois à quatre fois cette année. Cela devrait également peser sur les classes d’actifs plus risqués et profiter aux valeurs refuges comme les obligations d’état et ce malgré déjà une belle baisse de leurs rendements. Néanmoins, en cas d’accord le week-end prochain lors du G20, l’impact sur les rendements des obligations étatiques ne se fera pas attendre car la Fed reverra certainement ses perspectives économiques pendant que le marché devrait revoir son anticipation du nombre de baisses de taux directeurs.
Tout cela, après que cette semaine ait été marquée par d’un côté, les rendements des obligations allemandes à dix ans qui ont touché des niveaux de rendement négatifs jamais vus par le passé, et de l’autre par les taux américains qui sont revenus à des niveaux proches de ceux précédant le cycle de hausse de taux entamé par la banque centrale américaine. * L'auteur est est Head of Fixed Income au sein de KBL European Private Bankers