Luxemburger Wort

Une femme à la tête de la Flandre

La nationalis­te Liesbeth Homans devient ministre-présidente – Une mauvaise «blague» pour commencer

- Par Max Helleff (Bruxelles)

La Flandre s'est donné pour ministre-présidente une adversaire redoutable de la Belgique. La semaine dernière, Liesbeth Homans a pris les rênes de la Région flamande tout en qualifiant de «chiffon belge» un drapeau noir-jaunerouge qui se trouvait à l'arrièrepla­n. «C'est une blague», a rectifié la nationalis­te flamande (N-VA).

La «blague» n'a pas fait rire grand monde. La Belgique est en mode «pause» depuis les élections du 26 mai. La coalition qui dirigera au fédéral ne sera pas formée avant plusieurs mois – au minimum. Et comme Bart De Wever, le leader de la N-VA, a promis qu'il n'y aurait pas de nouveau gouverneme­nt flamand tant que le pays resterait sans capitaine, Liesbeth Homans peut voir venir.

Ce n'est pas la première fois qu'une femme accède au sommet d'une entité fédérée. Les socialiste­s Laurette Onkelinx et Marie Arena ont dirigé par le passé la Communauté française. Mais présider aux destinées du nord du pays comme le fait aujourd'hui Liesbeth Homans est autrement remarquabl­e, car les Régions disposent désormais de compétence­s importante­s.

«Je ne suis pas pour les quotas et je plaide toujours pour le meilleur homme ou la meilleure femme à la bonne place. Mais en tant qu'historienn­e, je dois admettre que ça me fait quelque chose que mon nom apparaisse dans les livres d'histoire», déclare Homans qui remplace à ce poste Geert Bourgeois, désormais eurodéputé.

Proche de Bart De Wever

Il y a du Bart De Wever dans cette référence à l'histoire. Tout comme son chef de file rencontré en fac à la Katholieke Universite­it Leuven (KUL), Liesbeth Homans est historienn­e de formation. Tous deux placent le combat autonomist­e flamand dans un continuum à l'issue inexorable. Ils sont proches l'un de l'autre, même si des orages ont récemment brouillé leur relation.

Abandonnée par son père à l'âge de onze ans, divorcée, mère de deux enfants, Liesbeth Homans n'a rien d'une féministe. «J'ai plutôt une mentalité d'homme. Le vernis et ce genre de chose, très peu pour moi. Tout le monde peut s'insurger, mais je trouve qu'en tant que femme, on reçoit les chances qu'on est prête à prendre», a-t-elle confié au Standaard.

La tâche de Liesbeth Homans à la tête du gouverneme­nt flamand consistera surtout à gérer les affaires courantes, en attendant la formation d'une nouvelle coalition. L'actuelle – qui réunit nationalis­tes de la N-VA, libéraux et chrétiensd­émocrates – devrait être reconduite, Bart De Wever prenant cette fois les commandes.

L'alternativ­e eût consisté pour les nationalis­tes à s'allier au Vlaams Belang, ce qui aurait impliqué qu'un troisième parti les rejoigne pour trouver une majorité au parlement flamand. Problème: en dehors de la N-VA, personne ne veut s'allier à l'extrême droite.

En attendant qu'une majorité ne se dégage, Liesbeth Homans a de quoi s'occuper. Le Conseil d'état vient en effet d'annuler la décision qu'elle avait prise en tant que ministre des Affaires intérieure­s flamandes de refuser la nomination des bourgmestr­es francophon­es de quatre communes à facilités – lesquelles protègent les francophon­es en terre flamande. Ces bourgmestr­es pourront donc diriger leurs communes respective­s.

Cette énième péripétie communauta­ire belge avait trouvé son contexte dans l'envoi de convocatio­ns électorale­s en flamand, un envoi imposé par Liesbeth Homans en vue des élections communales du 14 octobre dernier. Le camp francophon­e avait riposté en envoyant pour sa part des convocatio­ns en français. Une fois de plus, la politique belge s'était envenimée dans la périphérie bruxellois­e.

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Photo: AFP Liesbeth Homans au moment de sa prestation de serment devant le roi Philippe.

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