Luxemburger Wort

Monroe, la divine

Shaw, Greene, Stern: à Paris, Marilyn dans l'oeil des photograph­es qui l'ont aimée

-

Paris. Les photograph­es qui ont travaillé avec Marilyn Monroe ont tous souligné l'implicatio­n et l'extrême attention qu'elle portait à leur travail. Une exposition parisienne réunit pour la première fois les portraits qu'en ont tirés quatre d'entre eux, devenus intimes de la star. André de Dienes, Sam Shaw, Milton Greene et Bert Stern, l'un des derniers à capter le sourire et le corps adulé de l'actrice: 240 tirages accrochés sur 1.000 m2 à la galerie Joseph, dans le centre de Paris, jusqu'au 22 septembre. «L'exposition aurait été impossible aux États-unis, où les photograph­es préfèrent généraleme­nt exposer seuls», remarque Ghislaine Rayer, commissair­e avec Patrice Gaulupeau de «Divine Marilyn» dont ils ont négocié l'idée avec les descendant­s des photograph­es.

«Pas de poses bidon»

«De Dienes a signé les premières photos de Marilyn, elle avait 19 ans. Sam Shaw l'a suivie toute sa carrière sur les tournages, les plateaux, en coulisses. Milton Greene l'a aidée à rompre avec la 20th Century Fox pour fonder avec elle leur propre maison de production. Et Bert Stern a réalisé quelques semaines avant sa mort cette série de nus, sans fard» – «La dernière séance» – résume Mme Rayer.

Marilyn en maillot blanc à la plage, la culotte dévoilée sur une grille de métro pour «The Seven Year Itch» de Billy Wilder, en corsaire turquoise ajusté, en fourreau, en fourrure, sur les plateaux, chez elle, en studio, ces images appartienn­ent à la mémoire du XXE siècle et au mythe hollywoodi­en.

Avec André de Dienes, l'aventure commence en 1945: Marilyn a déjà fait la couverture de magazines, mais il est un photograph­e prisé des studios. En 1951, c'est la rencontre avec Sam Shaw, photojourn­aliste de l'agence Magnum qui la suit dans les rues de New York, où elle salue et se mêle aux chalands de la Fifth Avenue. «Pas de poses bidon», lui intime-t-il. «Je ne veux pas photograph­ier une jolie fille mais une actrice au travail».

«J'étais vraiment impression­née par son allure, sa dignité» se souvient Meta Shaw, l'une des filles de Sam venue avec sa cadette, Edie, pour le vernissage. Meta avait 15 ans, Edie 10. «La première fois que je l'ai vue, Sam l'avait invitée au Met (le Metropolit­an Museum, à New York): quand elle est arrivée, descendant la rue, elle rayonnait. J'ai pensé, ce doit être ça un ange».

Joshua Greene lui n'était qu'un bébé, deux ou trois ans à peine quand Marilyn Monroe fréquentai­t ses parents à partir de 1953. «C'est idiot de penser que j'ai des souvenirs, mais en grandissan­t j'ai compris l'intimité de ses relations avec ma famille» sourit-il.

À 65 ans, lui aussi est venu pour l'exposition. Gestionnai­re des archives de son père Milton, près de 300.000 clichés, il les a restaurées et digitalisé­es dans les années 90. «La plupart des photos que vous voyez ici étaient inutilisab­les. Elles étaient rouges, mon père en avait le coeur brisé».

En panne de carrière – et d'amour

En dépit d'une liaison qu'on lui prête avec Milton, à peine plus âgé qu'elle, l'actrice s'entendait très bien avec Amy Greene, son épouse: c'est elle qui a acheté le tutu, bien trop ajusté, que Marilyn porte en riant, ses mains plaquant son décolleté trop avantageux.

Quand Bert Stern rencontre Marilyn en 1962, elle a 36 ans, lui 32. L'actrice n'est pas au mieux, en panne dans sa carrière et ses amours. Il propose une séance pour «Vogue» et en deux jours et une nuit prend 2.571 poses.

La blonde est nue, le corps sans maquillage, à plat ventre, derrière un voile, joue avec les ombres et les déliés de ses formes. Elle meurt quelques semaines plus tard, non sans avoir barré d'une grande croix rouge les photos qu'elle renie, compte-fils en main, le nez froncé au-dessus des planches-contact, pour ne garder que celles qui flattent au mieux sa photogénie. Marilyn ou la passion de la photo – qui le lui rendait bien. AFP Jusqu'au 22 septembre à la Galerie Joseph, 116 rue de Turenne, Paris 3e. Ouvert tous les jours de 11 à 20 heures, les vendredis et samedis jusque 22 heures. Entrée: 12 et 8 euros, enfants de moins de 12 ans libre.

 ?? Foto: Screenshot Festival d'angoulême ??
Foto: Screenshot Festival d'angoulême
 ?? Photo: Ap/matty Zimmerman ?? Image iconique de Marilyn Monroe réalisée le 9 septembre 1954 lors du tournage de «The Seven Year Itch» à Manhattan.
Photo: Ap/matty Zimmerman Image iconique de Marilyn Monroe réalisée le 9 septembre 1954 lors du tournage de «The Seven Year Itch» à Manhattan.

Newspapers in German

Newspapers from Luxembourg