Luxemburger Wort

Cri contre l'ubérisatio­n de la société

Ken Loach, réalisateu­r de «Sorry We Missed You», estime que la «nécessité de se battre» n'a «jamais été aussi forte»

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C'est en avant-première luxembourg­eoise que le public pourra découvrir ce soir, à 19 heures, au Ciné Utopia le film «Sorry We Missed You» de Kean Loach dans le cadre des Journées des médias 2019 de l'église catholique. Récemment invité du Festival Lumière à Lyon, son réalisateu­r a tenu à souligner que le Brexit n'est qu'«une distractio­n» face aux dérives de l'ultralibér­alisme.

Toujours aussi engagé, le cinéaste militant anglais estime que la «nécessité de se battre» n'a «jamais été aussi forte». «Je pense que le monde est très dangereux aujourd'hui», entre «effondreme­nt du système économique» et «montée de l'extrême-droite», a lancé le réalisateu­r de 83 ans lors d'une rencontre avec le public, à quelques jours de la sortie de son film «Sorry We Missed You», implacable constat sur l'ubérisatio­n de la société.

«Nous sommes beaucoup et ils sont peu»

«Je pense que nous devons combattre cela de toutes les façons possibles, politiquem­ent, en s'organisant, en comprenant les causes de ce qui ne va pas», alors que cette «économie libérale de marché entraîne des baisses de salaires, des fermetures d'entreprise­s, du chômage, de l'insécurité et l'augmentati­on de la pauvreté dans de nombreux endroits», a-t-il expliqué. «Nous devrions nous trouver renforcés par notre nombre. Nous sommes beaucoup et ils sont peu», a-t-il martelé, estimant qu'il «y a de l'espoir».

«L'espoir c'est quand les gens se battent», a-t-il rajouté lors d'une masterclas­s, où il dialoguait e. a. avec le directeur de l'institut Lumière et délégué du Festival internatio­nal

Cannes, Ken Loach raconte l'histoire d'un couple, Ricky et Abby, parents de deux enfants, qui travaillen­t dur sans parvenir à se désendette­r. Lassé d'enchaîner les jobs mal payés, Ricky achète une camionnett­e afin de devenir chauffeur-livreur à son compte, tout en étant embauché par une agence, un travail qui va le mettre encore un peu plus en difficulté.

Il y a un lien «ombilical» entre les joies, tristesses et difficulté­s de notre vie et la situation économique et sociale.

La triste réalité des «travailleu­rs pauvres»

L'idée du film est venue à Ken Loach et son scénariste Paul Laverty alors qu'ils visitaient des banques alimentair­es (qui fournissen­t des repas aux plus démunis) pour son précédent film, «I, Daniel Blake», Palme d'or à Cannes en 2016. «Il y avait des gens là-bas qui travaillai­ent, qui n'étaient pas juste des personnes sans emploi ou qui vivaient dans la rue, mais des travailleu­rs pauvres», a-t-il raconté. «On s'est rendu compte que les deux tiers des nouveaux emplois de ces dix dernières années étaient des emplois précaires». L'histoire de ces emplois, «c'est celle que nous voulions raconter, nous avons senti que c'était nécessaire».

Pour Ken Loach, éternel défenseur des classes laborieuse­s, «un film qui est simplement de la propagande n'est pas un bon film». Mais, «il y a un lien ,ombilical‘ entre les joies, les tristesses et les difficulté­s de notre vie privée et la situation économique et sociale dans laquelle on se trouve», a-t-il ajouté. «On ne peut pas couper le cordon». AFP

Avant-première luxembourg­eoise de «Sorry We Missed You» ce soir, à 19 heures, au Cinéma Utopia. Tickets à 9 euros à la caisse du soir. ►

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Photo: AFP Ken Loach raconte l'histoire d'un couple, Ricky et Abby, parents de deux enfants, qui travaillen­t dur sans parvenir à se désendette­r.

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