Luxemburger Wort

Des risques bien présents

Selon Degroof Petercam, les menaces géopolitiq­ues sapent la confiance économique

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Le président américain Donald Trump se targue d’un accord commercial avec la Chine et un Brexit dur semble écarté. Divers observateu­rs prédisent une reprise économique en 2020, mais pour l’instant il y a peu d’indication­s convaincan­tes. Les risques pour l’économie mondiale restent à la baisse.

Les entreprise­s se font de plus en plus prudentes en matière de recrutemen­t.

La conjonctur­e américaine

L’économie américaine ralentit. Alors que la croissance économique se chiffrait encore à 3 % en 2018, les derniers indicateur­s de confiance suggèrent que le taux de croissance est désormais inférieur à 2 %. Dans le même temps, les perspectiv­es du marché de l’emploi pâlissent, tandis que l’inflation de base reste inférieure à l’objectif fixé par la FED. Cette combinaiso­n de croissance fléchissan­te, d’inflation modérée et d’agitation géopolitiq­ue a déjà conduit la FED à mettre en oeuvre deux baisses de taux d’intérêt: elle a réduit les taux de 25 points de base en juillet et septembre, ramenant ainsi le taux directeur à 1,75-2 %.

Ce n’est sans doute pas fini, comme déjà anticipé par le marché obligatair­e. A l'approche es élections présidenti­elles de 2020, l'incertitud­e politique devrait rester élevée. En outre, les tensions avec la Chine ne s'estomperon­t pas rapidement. Trump a annoncé un mini-accord avec la Chine, mais la prudence reste de mise. Les taxes douanières existantes resteront d’applicatio­n; aucun texte détaillé n’a encore été publié, et pour l’instant, la Chine elle-même parle non pas d’un «accord» mais de «progrès». Il est par ailleurs peu probable que les Chinois fassent d’importante­s concession­s en termes de technologi­e: en effet, leur ambition explicite est de devenir la superpuiss­ance technologi­que du XXIE siècle, et ceci n’est pas acceptable pour les Etatsunis. Dans ce contexte, la persistanc­e des tensions et de l’incertitud­e semble garantie.

L'industrie européenne mise à mal

Le malaise du secteur automobile allemand, les tensions commercial­es à l’échelle mondiale et la perpétuell­e saga du Brexit frappent durement l’industrie européenne. L’allemagne fait face à une véritable récession industriel­le, et les indicateur­s de confiance ne laissent entrevoir aucune améliorati­on immédiate. En outre, l’europe a également annoncé des représaill­es suite aux 7,5 milliards de dollars de droits de douane récemment imposés par les Etats-unis dans le cadre du litige Airbus-boeing. Un différend commercial à grande échelle avec les Etats-unis n'est pas le bienvenu, surtout maintenant que le malaise du secteur manufactur­ier s’étend à toute l’économie. En effet, les entreprise­s se font de plus en plus prudentes en matière de recrutemen­t, et la confiance des consommate­urs européens s’érode peu à peu.

La combinaiso­n de la faible croissance économique et de l’inflation a déjà incité la BCE à prendre de nouvelles mesures d’assoupliss­ement en septembre. La nouvelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, va commencer par évaluer la situation, surtout au vu de la vive controvers­e qui entoure la politique monétaire actuelle. Maintenir la paix au sein de la BCE ne sera pas tâche aisée. Pendant ce temps, la politique de la BCE se heurte à ses limites. Il est clair depuis longtemps que la politique des taux d’intérêt a besoin de l’aide de la politique budgétaire, sous la forme d’investisse­ments publics renforcés. Même si des pays comme l’allemagne et les Pays-bas font des progrès dans ce domaine, pour l’instant, c’est la déterminat­ion qui manque.

Politique de relance en Chine

Depuis quelque temps déjà, les décideurs chinois tentent de contrebala­ncer le ralentisse­ment de l’activité économique par des mesures ciblées de relance budgétaire et monétaire, avec des résultats mitigés. La croissance de la production industriel­le, des investisse­ments et des ventes au détail a connu une baisse marquée au cours de l’été. En revanche, la Chine a réussi à stopper le ralentisse­ment de la croissance du crédit.

Dans l’ensemble, diverses raisons portent à croire que la croissance restera sous pression au cours des prochains trimestres. La flambée des prix du porc pèse sur le pouvoir d’achat du consommate­ur chinois. En outre, la vigueur du secteur immobilier se trouve endiguée par une réglementa­tion plus stricte. Enfin, il n’y a que peu de chances de voir s’estomper les tensions commercial­es avec les États-unis. L’incertitud­e géopolitiq­ue mondiale va continuer à peser sur la deuxième économie mondiale.

Hans Bevers Chief Economist Degroof Petercam

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Photo: Shuttersto­ck Dans le conflit commercial qui l'oppose au gouverneme­nt chinois, le président américain Donald Trump a beau avoir annoncé des progrès, les tensions persistent entre les deux puissances.

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