Luxemburger Wort

Entre deux verres de vin...

Bref retour au pays: Rome est à l'affiche du festival «Touch of Noir» à Dudelange

- Par Thierry Hick

Le Festival «Touch of Noir» qui l'invite pour trois concerts au centre opderschme­lz de Dudelange le fait rentrer dans la case «rock-popélectro». Une étiquette dont Jérôme Reuter n'a sans doute que faire depuis 2005, date à laquelle il a lancé son groupe Rome – diminutif de son prénom.

«En fait, il me faudrait 300 étiquettes ou boîtes dans lesquelles m'enfermer», note le musicien eschois. «De plus, certaines cases restent inconnues ou changent tout le temps. Donc je n'en veux vraiment pas». Voilà donc le spectateur prévenu.

Que n'a-t-on pas déjà dit et écrit sur la musique de Rome, ce projet porté à bout de bras par Jérôme Reuter depuis 15 ans: songwriter, martial industry, metal, post-punk, coldwave, neo-folk... tout y passe. L'intéressé a sa petite idée sur sa musique. «Les fans de metal y trouvent leur compte, les amateurs d'ambiances sombres et ténébreuse­s aussi. Tout cela n'a vraiment rien à voir avec les lois classiques du rock. Je viens en partie du monde post-punk. C'est un peu comme un morceau de pain entre deux verres de vin.»

«En fait, je n'invente rien de bien nouveau, j'aime bien poursuivre ma voie propre, sans forcément répondre aux canons et exigences des formats mainstream ou de radio. Si avec mes songs, j'arrive à toucher une seule personne, à lui donner envie de faire de la musique, ce n'est déjà pas si mal.»

Son vieil ipod – qu'il n'aurait plus rechargé depuis 20 ans selon ses dires – pourrait servir d'indice pour expliquer, si ce n'est sa musique, alors du moins une partie de tous ceux qui l'ont influencé. Leonard Cohen – «que mon père écoutait souvent», Nick Cave, les Pixies .... et Jacques Brel s'y côtoient joyeusemen­t.

«Lemmy de Motörhead disait que si une musique un jour t'a bouleversé d'une manière ou d'une autre, aucune autre musique ne pourra reproduire un choc identique, vu que l'on ne peut être surpris qu'une seule fois par quelque chose, la même expérience ne pourra être répétée. Je crois qu'il avait raison».

Les textes, les ambiances de Rome sont souvent teintés de noir ou de couleurs sombres. «Quelques traces de mes frustratio­ns du temps de l'adolescenc­e persistent, mais j'ai aujourd'hui atteint ma maturité, ma vie n'a absolument rien de neurotique», prévient avec un humour persistant le musicien de 38 ans.

«Je ne vais pas jusqu'à dire que je veux changer le monde. Je n'ai pas les bonnes réponses et je ne veux pas faire croire que je détiens la vérité. Je n'aime pas ceux qui croient pouvoir le faire.»

A cette mise en garde, le songwriter s'empresse d'ajouter: «Bien sûr que chez moi, il y a toujours un texte, tout débute avec une phrase que je trouve ici ou là»: avec ses études de littératur­e allemande et anglaise en poche, Jérôme Reuter n'est jamais en manque d'inspiratio­n. «Dans mes chansons, il peut aussi y avoir quelques bribes autobiogra­phiques ou quelques études de caractères. Ce sont bien souvent des petites choses, des petites histoires vues à travers mon prisme et qui une fois regroupées peuvent aboutir à une chanson...»

On devine derrière cela, une approche quelque peu artisanale du métier de «chansonnie­r». Jérôme Reuter confirme. Quand un texte lui tombe sous la main, rapidement il pourra en extraire une phrase, qui tout aussi rapidement pourra se transforme­r en refrain potentiel, «à condition que le timbre sonne juste à mon oreille». S'ensuivra le travail d'écriture, d'où la nécessité d'avoir un carnet de notes, voire un smartphone sous la main pour enregistre­r la moindre phrase ou idée. C'est ensuite avec une guitare, en attendant les premiers accords ou mélodies, que les choses se mettent peu à peu en place, que les futures chansons prennent vie, que les structures apparaisse­nt.

Pas de plan de carrière

Jérôme Reuter passe beaucoup de temps «à rassembler des éléments», avoue aussi un côté old school dans sa manière de travailler puisque il n'utilise l'ordinateur finalement «que pour les sons périphériq­ues qui viennent s'ajouter plus tard.»

Vient ensuite le passage obligé dans le studio d'enregistre­ment: une deuxième phase qui a pour but de laisser mûrir, décanter les choses. «Je n'enregistre jamais de démo avant chez moi, tout se fait en studio. Sans perdre de temps, car la location coûte cher», précise l'artiste indépendan­t. «Avec mes études, j'aurais pu devenir prof, aujourd'hui je suis heureux de ne pas l'être devenu... J'ai toujours fait de la musique. Cela n'a jamais été un plan de carrière ou un choix, mais tout simplement une nécessité».

C'est dans ce même état d'esprit qu'est né le projet Rome en 2005. «Au départ, je n'avais absolument rien prévu. Aujourd'hui, je suis arrivé là où je voulais commencer il y a 15 ans.» Rome a enregistré 13 albums. «Cela fait une chanson par moi, je crois. Cela n'a rien d'excessif, non?».

Jérôme Reuter et son groupe Rome sont invités pour trois soirées du festival «Touch of Noir» à Dudelange avec des rendez-vous

Je ne veux pas faire croire que je détiens la vérité. Je n'aime pas ceux qui croient pouvoir le faire.

complets hier et ce soir vendredi et samedi, quelques places restent pour dimanche.

La démocratie n'existe pas

«C'est le signe que la salle est trop petite, tous mes amis et ma famille veulent venir», ironise le musicien qui retrouvera sur scène Eric Becker (guitare, basse), Laurent Fuchs (Percussion­s) et Thierry Hames (ingénieur du son). «La démocratie en concert n'est pas possible. Quand les musiciens montent sur scène, la table est mise, ils n'ont pas besoin de lutter pour leurs places, c'est plus simple pour tout le monde. Je décide de tout ce que l'on va faire. Le comment, par contre, est décidé ensemble.»

Après une très longue absence, le groupe revient en ses terres natales. «Le pays est trop petit pour venir chaque année présenter une musique qui reste tout de même de niche.» Après Dudelange et des séances d'enregistre­ments au studio Sonotron du centre 1535° de Differdang­e – le nouvel album, avec quelques invités de la scène métal est prévu pour 2020 – Rome partira dès janvier en tournée souffler ses 15 bougies en Israël, Pologne, Australie, Slovénie, Etats-unis, Russie... «Des fois c'est plus simple et moins dangereux de jouer là où personne ne nous connaît».

Tickets pour le concert de demain et infos: ► www.opderschme­lz.lu

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Photo: Helen Sobiralski Jérôme Reuter, après 15 ans de Rome, est arrivé là où il voulait débuter.
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