Luxemburger Wort

Entre mariage naturel et flirt sans lendemain

- Parfois une question de timing

La naturalisa­tion de joueurs a toujours été un sujet sensible dans le football. Elle froisse forcément les susceptibi­lités. Carrefour culturel, le Luxembourg s’est retrouvé au centre de ces débats depuis de nombreuses années. Les diasporas portugaise et yougoslave, pour ne citer qu’elles, ont obligé de nombreux joueurs à opérer un choix à un moment donné de leur jeune carrière.

Naturelles pour certains, intéressée­s pour d’autres ou encore retardées au possible pour les calculateu­rs, ces décisions ont parfois agacé les sélectionn­eurs. Souvent sollicité sur le sujet, Luc Holtz a fini par reconnaîtr­e que sa patience avait des limites et qu’il ne courrait plus après quelqu’un qui ne souhaitait pas ardemment défendre le maillot de la sélection.

Ferreira, da Mota comme une évidence

Les voisins allemand, français et belge ont apporté de belles satisfacti­ons aux Roud Léiwen. On pense à Armin Krings, l’un des pionniers du processus au pays arrivé grâce aux connexions entre l’ancien président beggenois Théo Mersch et Mönchengla­dbach, à Jonathan Joubert, gardien emblématiq­ue du CS Grevenmach­er puis du F91 Dudelange ou plus près de nous à Anthony Moris, luxembourg­eois de la province belge.

Les Portugais d’origine ne sont bien sûr pas en reste dans un pays où plus du quart de la population est lusophone. Carlos Ferreira et Daniel da Mota ont ainsi tout naturellem­ent emprunté le même chemin que le «Capverdien»

Claudio da Luz. «Liti» a compilé une bonne vingtaine de sélections sous Guy Hellers au coeur d’un entrejeu qui cherchait un second souffle à l’image de la sélection.

Daniel da Mota a lui revêtu le maillot de l'équipe nationale à l’aube de ses 22 ans. Une première sélection contre la Lettonie qui allait en appeler bien d’autres. Rarement blessé, très à cheval sur l’hygiène de vie, ce monstre de physique est en passe de devenir le joueur le plus capé du pays dans quelques mois. Une performanc­e de haut vol pour un attaquant capable d’encore tourmenter pas mal de défenseurs à 34 ans.

La question de porter ou non le maillot de la sélection ne s’est jamais posée pour ces garçons nés au pays et qui ont grandi à une époque où les clubs luxembourg­eois n’avaient pas encore la caisse de résonance qui est la leur aujourd’hui. Il a toutefois fallu résoudre les soucis administra­tifs pour permettre à ces joueurs ettelbruck­ois de porter le maillot de la sélection. Avec un peu plus de précocité, Daniel da Mota trônerait déjà en tête des joueurs les plus sélectionn­és.

Entre-temps, le cas de Miralem Pjanic a agité le microcosme du football grand-ducal. Jamais le pays n’avait vu un tel talent sur les pelouses. Les recruteurs se précipitai­ent à chaque match des sélections de jeunes pour voir le phénomène en action. L’espoir de voir le Bosnien de naissance jouer pour la sélection A s’est évanoui au fil d’une notoriété qui n’a cessé de croître.

D’autres joueurs d’origine portugaise se sont retrouvés dans la périphérie de la sélection sans jamais en atteindre le coeur. David Caiado par exemple. Formé à Coimbra, au Sporting mais aussi à Hespérange, l’attaquant né au Luxembourg mais de nationalit­é portugaise attendait que la nouvelle loi sur la nationalit­é entre en vigueur en janvier 2017 pour postuler. Son côté baroudeur avec des destinatio­ns les unes plus exotiques que les autres n’a finalement pas servi sa cause. Mica Pinto est lui aussi né au Grandduché. Ce Diekirchoi­s a choisi le Sporting qui l’a formé jusque 22 ans. Le latéral gauche, un poste où la sélection luxembourg­eoise a parfois cherché des solutions, a «Liti» Ferreira a montré la voie à suivre. ensuite joué à saute-mouton entre Huelva, Belenenses, Madeire pour finalement poser ses crampons au Fortuna Sittard. Là encore, on en est resté au stade du flirt.

Le dernier cas en date qui a semblé en passe d’aboutir avant que les choses prennent soudain une autre tournure concerne Dany Mota. L’attaquant né à Niederkorn et formé au Titus Pétange est parti tenter sa chance en Italie. Au Virtus Entella, à Sassuolo puis finalement à la Juventus où il a intégré le groupe des U23. Son début de saison fracassant avec le club piémontais en Serie C n’a pas échappé à la fédération portugaise ni au sélectionn­eur Rui Jorge qui l’a retenu pour les matches contre Gibraltar et en Biélorussi­e. Avec trois buts à la clef, l’attaquant a marqué des points. Une performanc­e qui l’a surtout éloigné du Club Luxembourg.

La vie est ainsi faite d’opportunit­és. D’un timing bien senti aussi. La sélection a parfois pu se sentir frustrée par des occasions qui lui passaient sous le nez. Elle a quand même bénéficié de ce brassage culturel qui lui donne une génération en or avec Christophe­r Martins que le Cap-vert aurait souhaité voir évoluer avec ses Requins Bleus. Avec Leandro Barreiro, le milieu de terrain d’origine angolaise passé avec panache d’erpeldange à Mayence. Avec Gerson Rodrigues aussi dont l’éclosion tardive n’a jamais mis la puce à l’oreille du Portugal. Qui s’en plaindra?

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Marvin Martins, Christophe­r Martins et Daniel da Mota font le bonheur de la sélection luxembourg­eoise. Tous les trois sont nés au Luxembourg et se sont parfaiteme­nt identifiés au maillot de l'équipe nationale.
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