«J'ai une telle confiance dans ce groupe»
Dans l'intimité du vestiaire des Roud Léiwen
Empreinte de mystère, à l'abri des oreilles indiscrètes, la communication entraîneur-joueurs et la causerie d'avant-match restent des moments déterminants. Luc Holtz a accepté de lever une partie du voile.
Ces dernières années, certains techniciens ont tenté de démystifier cet instant très particulier qu'est la causerie d'avant-match, argumentant que son impact était limité en fonction de la qualité des joueurs à disposition. Ou encore qu'il était difficile de tenir un même auditoire en éveil avant chaque rendez-vous de championnat.
Luc Holtz est lui aussi convaincu de la difficulté de cet exercice d'équilibriste qui peut mener au gros lot ou au chaos. De par son statut de sélectionneur, il a aussi l'avantage de l'inconvénient de sa charge. «Ma pratique est différente de celle d'un entraîneur de club puisque je n'ai les joueurs à disposition qu'une semaine avant le match. Dès lors, je dois commencer à faire passer mes messages dès le début du stage. Je prends le temps de beaucoup communiquer, des conversations en groupe ou des entretiens individuels», indique le sélectionneur qui s'enquiert d'abord de leur situation en club dès les premiers contacts. «Comment se sententils? Sont-ils en confiance? Ont-ils besoin de réconfort? ...ou ai-je besoin de les faire un peu revenir sur terre?»
Des vidéos pour chacun
Passés les premiers contacts, Luc Holtz pose ensuite les jalons suivants lors des premières mises en jambes. «A l'issue des séances tactiques, les discussions reprennent. Je leur indique ce je veux voir sur certaines phases de jeu. Je veux savoir ce qu'ils ressentent par rapport à telle ou telle situation.»
C'est à l'hôtel, powerpoint à l'appui, que le sélectionneur entame sa théorie «à peu après trois heures avant le coup d'envoi». «Ce n'est qu'une somme de rappels de ce que je veux voir au cours du match. Uniquement des séquences précises, offensives ou défensives, que nous avons travaillées à l'entraînement. J'insiste sur la stratégie ou des points particuliers, les courses que je leur demande par exemple.»
C'est aussi lors de la théorie que l'entraîneur communique le onze qui va débuter la rencontre. Des déçus, il y en a forcément. «J'ai parfois une discussion pour leur expliquer ce que j'attends d'eux si ils entrent en cours de match. J'ai un plan en tête, et un joueur qui ne débute pas peut avoir une très grande importance si je le fais entrer à la 60e minute parce que je sais qu'il peut faire la différence quand l'adversaire est fatigué.»
La veille de la théorie, le technicien a mis l'accent sur le collectif, les forces et faiblesses du futur adversaire. Il a aussi pris soin de concocter des vidéos qu'il fait parvenir à ses joueurs dans la semaine. «Chacun peut alors se familiariser avec l'opposant direct qu'il aura à se coltiner le jour du match.»
Psychologue et blockbuster
Depuis ces dernières années, le staff technique de la FLF fait appel à des psychologues. «C'est ainsi que nous avons procédé à des séances collectives qui nous ont bien aidés à améliorer la communication au sein du groupe. C'est un réel plus, nous avons nettement progressé dans ce domaine.»
L'équipe nationale fait en sorte de ne rien laisser au hasard. Pas même le choix du titre du film que les internationaux visionnent la veille du match. «Ce n'est jamais n'importe lequel. Il faut que le sujet augmente encore le degré de motivation de chacun et mette en exergue le collectif. A la fin de ma causerie, je passe aussi des images du film que nous venons de voir ensemble. Ce fut le cas, par exemple de L'everest (de Baltasar Kormákur, sorti en 2015). C'est un film dans lequel chaque individualité se met au service de l'équipe pour l'ascension et la descente de ce mythique sommet.»
De motivation, il en est surtout question avant de fouler la pelouse, le soir du match. «Le plus important, c'est la confiance. Je fais en sorte de faire passer des signes positifs. Je ne veux pas de joueurs gagnés par la crainte ou l'anxiété.» Cela n'empêche pas le coach de pousser parfois un coup de gueule. «Si je sens que les joueurs ne sont pas vraiment concentrés, il arrive que je tape du poing sur la table pour les remettre sur de bons rails. A l'inverse, s'ils sont trop concentrés, comme cela a pu être le cas contre la France, si je sens qu'il y a trop de crispation, c'est à ce moment-là que je leur rappelle leurs qualités.»
«Beaucoup moins stressé»
Luc Holtz avoue encore ne pas être «un gueulard». «Si je crie je sais pertinemment que je vais faire monter le degré d'anxiété», avoue-t-il encore. «En tant qu'entraîneur,
C'est sur les hauteurs de Lipperscheid que Luc Holtz donne ses dernières consignes avant un match à domicile. Le sélectionneur dispose d'un cadre enchanteur et reposant pour préparer ses troupes au combat. je dois dégager de la sérénité. C'est plus facile ces derniers temps parce que je vois la qualité que les joueurs démontrent à l'entraînement. J'ai une telle confiance dans ce groupe et il projette une telle sérénité que je suis beaucoup moins stressé que par le passé.»
A quelques minutes du coup d'envoi, la causerie du sélectionneur ne s'éternise pas. «Moins d'une dizaine de minutes, pour garder l'attention de tous.» C'est ensuite au capitaine Laurent Jans, ou à un ancien comme Maxime Chanot, de booster une dernière fois leurs partenaires. Le match peut alors commencer.