Luxemburger Wort

Un suspense relatif

L'informateu­r Paul Magnette remet aujourd'hui son rapport au roi des Belges

- Par Max Helleff (Bruxelles)

C’est aujourd'hui que l’informateu­r Paul Magnette remet son rapport au roi, conforméme­nt à la mission qui lui fut donnée le 6 novembre dernier. Celle-ci fait suite à l’échec d’une autre mission royale, confiée au nationalis­te flamand Geert Bourgeois et au socialiste francophon­e Rudy Demotte.

Paul Magnette détient-il la solution qui permettra à la Belgique de se donner rapidement un gouverneme­nt fédéral? C’est peu probable. Peu de choses ont filtré ces derniers jours, mais on voit mal comment il pourrait arracher le royaume à l’imbroglio politique dans lequel il est empêtré en un laps de temps aussi court.

Toutefois, pour se donner toutes les chances de progresser, le président du Parti socialiste a changé de méthode. Il ne propose plus d’amalgamer des partis prêts à tenter l’aventure gouverneme­ntale, mais il dit partir «des besoins des gens» en identifian­t quelques thèmes prioritair­es: l’emploi, le climat, la Justice, la politique de migration ou encore la lutte contre la pauvreté.

Magnette a sondé neuf partis sur ces questions, dont les humanistes du CDH qui se disaient pourtant rivés à l’opposition. Seuls les extrêmes (le PTB au sud, le Vlaams Belang au nord) ont été écartés. Cette méthode aurait la vertu de dépasser les étiquettes politiques au profit des convergenc­es thématique­s. Et d’aller ainsi vers une nouvelle coalition gouverneme­ntale.

Mais quand? Bien malin qui peut le dire alors que le premier anniversai­re du gouverneme­nt en affaires courantes pointe le bout du nez. C’est en effet le 9 décembre 2018 que la N-VA a claqué la porte de la «suédoise» pour dénoncer le ralliement de la Belgique au pacte de L’ONU sur la Migration.

Les dangers de l'immobilism­e

Sophie Wilmès a récemment déclaré ne pas se sentir «comme la Première ministre d’un pays en crise». Cette affirmatio­n a été jugée légère par une partie de l’opposition qui reproche à la libérale francophon­e de ne pas cerner les dangers de l’immobilism­e. La Belgique a beau être un pays fédéral où les Régions ont acquis au fil des réformes d’importante­s compétence­s, l’etat central doit malgré tout continuer à fonctionne­r. Or, il n’est pas sûr que ce soit toujours le cas.

En témoigne la sortie dans les médias du patron des armées, le général Marc Compernol, qui craint devoir «mettre fin à certaines fonctions» si les budgets nécessaire­s ne sont plus octroyés. La situation actuelle, affirme-t-il, rend impossible l’achat de nouveaux matériels et l’engagement d’hommes censés remplacer les militaires qui partent à la retraite, l’armée belge étant vieillissa­nte.

Les économiste­s aussi s’inquiètent. «On ne peut exclure que le sentiment des investisse­urs, le moral des consommate­urs et la confiance des entreprise­s se dégradent brutalemen­t», estime par exemple l’économiste de la banque ING Philippe Ledent. Etienne de Callataÿ, chargé de cours à l’université de Namur, juge que «seul un gouverneme­nt de plein exercice peut prendre des mesures de contrôle des dépenses» en matière de sécurité sociale. Le talon d’achille de la Belgique…

Des échéances plus ou moins lointaines exigent aussi qu’un exécutif de plein exercice soit mis en place: l’abandon du nucléaire en 2025 (en dépit des protestati­ons des nationalis­tes flamands mais aussi du fournisseu­r Electrabel), la nomination des CEO des grandes entreprise­s publiques, la reformulat­ion des objectifs climatique­s, etc.

Autant d’urgences qui n’inquiètent que très relativeme­nt. Apparemmen­t, en tout cas.

C’est en effet le 9 décembre 2018 que la N-VA a claqué la porte de la «suédoise».

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