Relancer la consommation
Au Portugal, le salaire minimum augmente de 6 % à 635 euros
Antonio Costa, le Premier ministre portugais, n’a pas voulu attendre. Dès jeudi 14 novembre, le nouveau conseil des ministres a adopté l’augmentation de 35 euros par mois du salaire minimum (SMN). Il passera au 1er janvier 2020 à 635 euros au lieu de 600 euros actuellement. Une forte augmentation de 6 % décidée unilatéralement.
En effet et bien que la concertation ait bien eu lieu entre les partenaires sociaux, le gouvernement a tranché sans attendre un accord qui risquait de remettre en cause l’agenda économique et politique à court terme. Insuffisante pour les syndicats de travailleurs, sans garanties suffisantes pour les patrons: la décision n’a plu à aucun d’entre eux. Quoi qu’il en soit et comme la loi l’y autorise, le Premier ministre a tranché.
Le socialiste António Costa qui entame son second mandat après la victoire de son parti aux législatives du 5 octobre dernier, s’est engagé à porter le SMN à 750 euros à la fin de son mandat, dans quatre ans, soit une hausse cumulée de 15 %. L’augmentation par étapes était acquise, mais elle dépendra du contexte conjoncturel et de la dynamique du marché de l’emploi. La progression du SMN sera sous surveillance. Le gouvernement ayant décidé de créer un groupe tripartite (ministère du Travail, patronat, syndicats) pour des réunions biannuelles consultatives.
En poursuivant sa politique de relance de la consommation par
Quelque 720.000 personnes touchent le salaire minimum au Portugal et presque autant perçoivent quelques euros juste au-dessus, soit un tiers des travailleurs portugais. le développement du pouvoir d’achat, António Costa a choisi délibérément de prendre une mesure sociale forte dès le début de son mandat. Son parti n’a pas la majorité au Parlement, et il doit compter sur les partis de gauche, le Bloc de gauche et le Parti communiste pour entériner son projet de budget de l’etat en 2020. Il doit donc ne pas froisser sa gauche mais aussi ne pas déplaire au patronat qui dans l’ensemble est favorable à l’augmentation su SMN, mais a bien l’intention d’exiger des contreparties. Comme par exemple la refonte des deux fonds de compensations salariales créés pendant la crise économique (20112015). Ces fonds constitués sur la base de contributions patronales sont destinés à garantir le versement des indemnités de licenciement. La cagnotte s’élève à 363 millions d’euros, mais le patronat redoute une mainmise gouvernementale pour financer la formation professionnelle.
La formation, la qualification et la valorisation des jeunes diplômés est l’objectif du «Pacte pour l’emploi» que veut mettre en place le gouvernement. La concertation entre les partenaires sociaux a d’ailleurs débuté et António Costa n’a pas voulu plomber les débats avec l’augmentation intercalaire du SMN. Avec un chômage officiellement à 6,4 % de la population active, on pourrait s’attendre à une sérénité du marché du travail. Mais la précarité est galopante, très dépendante de secteurs comme celui du tourisme dont on sait combien il est soumis aux aléas conjoncturels. Des questions devenues prioritaires pour les socialistes au gouvernement.
En bas de l’échelle européenne
Le SMN portugais est classé au douzième rang sur 22 pays dotés d’un salaire minimum. Il est versé sur 14 mois, mais se situe derrière l’espagne (1 050 euros), la Slovénie (886 euros) et la Grèce (758,3 euros). Quelque 720.000 personnes sont concernées par l’augmentation et presque autant qui perçoivent quelques euros juste au-dessus, soit un tiers des travailleurs portugais.
La générosité gouvernementale est stratégique puisque Antonio Costa souhaite aussi modifier la fiscalité afin de renforcer les revenus disponibles. Premier impact: la sécurité sociale annonce un encaissement de 122 millions d’euros supplémentaires de cotisations avec cette hausse. Une bouffée d’air alors que les nuages sombres s’amoncèlent au-dessus de l’économie européenne, dont dépend le petit poucet portugais.