Luxemburger Wort

«Le non-dit tue»

Création au Théâtre d'esch: «Le courage» met à nu le destin de quatre femmes

- Par Thierry Hick

Quatre femmes, quatre histoires, quatre auteures, quatre actrices et une idée centrale: le courage.

«Cette pièce est un kaléidosco­pe de moments d'interrogat­ions du courage féminin», précise Catherine Schaub, metteure en scène française qui ce vendredi présentera sa nouvelle création «Le courage» au Théâtre d'esch.

Ces quatre histoires au féminin ont un point commun. Les auteures Céline Delbecq, Penda Diouf, Julie Gilbert et Camille Laurens racontent dans leurs textes respectifs le sort, souvent tragique, de femmes malmenées par la vie ou par leurs conjoints. «Périple en Namibie sur les traces d'un passé à l'horreur refoulée; violence conjugale dans un phare en pleine tempête; logique implacable d'une société lucrative qui brise la moindre voix dissonante; lâcheté devant une scène d'agression sur un quai de gare»: le texte de présentati­on de la pièce est plus qu'explicite sur les buts et retentisse­ments de cette production.

«Ces quatre histoires font peutêtre toutes partie d'une seule et unique femme», note Catherine Schaub. «Ce qui est plus troublant, c'est de constater que toutes ces violences ordinaires sont banalisées et font partie du quotidien.»

Catherine Schaub est invitée par le Théâtre d'esch pour cette nouvelle création qui s'inscrit parfaiteme­nt dans une programmat­ion qui cette année a précisémen­t choisi le thème du «courage» comme leitmotiv.

Catherine Schaub explique: «Le courage, c'est parler, prendre la parole pour dire des choses. Le silence fait du bien, le non-dit par contre crée de la frustratio­n, de la colère, de la violence et tue. Donc finalement il faut agir pour faire bouger les choses.»

Catherine Schaub, qui ne veut pas d'opposition manichéenn­e entre les sexes, veut avant tout «observer, et faire refléchir pour arriver à une prise de conscience commune. Monter sur scène est donc en soi un acte politique.» «Militante dans l'âme», la metteure en scène se félicite d'un changement de mentalité en cours: «Je crois que nous vivons un moment historique. Quelque chose est en train d'arriver, même si on est encore très loin d'une situation que je qualifiera­i de normale.» «Interroger certains mécanismes de notre société» «En tant qu'artiste, face au viol, face à la violence, il faut agir, réagir. Pourquoi acceptons-nous certaines choses? Comment comprendre où on en est arrivé? C'est à ces questions que je veux répondre. Ce qui m'intéresse avanttout, c'est de pouvoir interroger certains mécanismes de notre société», clame Catherine. Avant de poursuivre: «Artistes, pouvonsnou­s changer la face du monde avec notre travail? Je veux semer une petite graine même si je ne sais ce qui va en devenir par la suite.»

C'est grâce au rendez-vous «Les intrépides» organisé en France par la Société des auteurs et compositeu­rs dramatique­s que Catherine Schaub découvre en 2017 les écrits des quatre auteures qui sont donc finalement utilisées pour la création eschoise. Une création pour laquelle la metteure a fait appel aux technicien­s du Théâtre municipal d'esch-sur-alzette, aux actrices Valérie Bodson Céline Camara, Valérie Geoffrion et Charlotte Marquart, à Trixi Weis pour la scénograph­ie et les costumes, au chorégraph­e Jean-guillaume Weis pour la partie danse et à Aldo Gilbert pour le volet musical.

Après quelques réunions préparatoi­res il y a quelques mois, toute l'équipe s'est donné rendezvous ces dernières semaines dans l'une des salles de répétition­s du théâtre eschois pour mettre au point un spectacle que Catherine Schaub veut proche de l'esprit cabaret: des chansons, des chorégraph­ies, mais aussi certains témoignage­s viendront se greffer aux quatre monologues de femmes. «Théâtre, chant et danse cohabitent dans ce programme sans début, ni milieu, ni fin.»

Pour «Le courage», Catherine Schaub s'est comme à son habitude documentée et a accumulé les informatio­ns sur le sujet. Pour elle la violence, les coups, grâce au concours ici du chorégraph­e Jeanguilla­ume Weis, doivent pouvoir s'exprimer au travers de métaphores ou d'images esthétique­s. Mais aussi au travers de paroles. «Pour s'exprimer, pour communique­r, le choix des mots est fondamenta­l. Les mots sont une arme puissante, massive», conclut Catherine Schaub avant de filer retrouver ses actrices en répétition.

En tant qu'artiste, face au viol, face à la violence, il faut agir, réagir. Catherine Schaub, metteure en scène

Création de «Le courage» le vendredi 29 novembre à 20 heures au Théâtre d'esch-suralzette. Autre représenta­tion le dimanche 1er décembre à 17 heures, séance scolaire le lundi 2 décembre à 10 heures. Tarifs: 20, 16 euros (9 et 8 euros pour les – de 26 ans; 4,5 et 4 euros pour les – de 12 ans). Réservatio­ns au téléphone 27 54 50 10 ou -50 20, e-mail: reservatio­n.theatre@villeesch.lu, ► www.theatre.esch.lu

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Photos: Lex Kleren Quatre actrices en répétition sous l'oeil avisé de Catherine Schaub.
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La metteure en scène s'est adjointe l'aide du chorégraph­e Jean-guillaume Weis.

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