Nuages noirs sur le bilan climatique de la Belgique
Le Plat Pays pollue encore trop en raison de l'importance des émissions flamandes de gaz à effet de serre
A l'heure où des dizaines d'etats rivalisent de bonnes intentions et de promesses climatiques, la Belgique fait piètre figure. A Madrid où se tient la COP25, elle a évité de peu un second «Fossil of the day», ce bonnet d'âne décerné chaque jour par les associations environnementales. Elle a été rétrogradée de la 31e à la 35e place (sur 57), dans le classement de «l'indice de performance climatique» réalisé par L'ONG allemande Germanwatch et le Newclimate Institute. Enfin, elle a glissé de la catégorie «intermédiaire» à celle des pays à «mauvais» score. Il a fallu se consoler d'un prix remis à la ville de Gand pour un projet durable.
Le royaume se retrouve ainsi très loin de la Suède, du Danemark, voire du Luxembourg qui a obtenu une bonne note. Perpétuation des énergies fossiles, lenteur des investissements dans le renouvelable… Tout y passe. Sans oublier l'absence de cohésion dans les politiques environnementales menées par les Régions et le fédéral. Flamands, Wallons et Bruxellois: les approches varient, la volonté et la qualité des réalisations aussi.
Division à Madrid
C'est ainsi que les représentants des différents niveaux de pouvoir sont arrivés une fois de plus divisés à la COP25. L'incapacité de la Flandre à atteindre ses objectifs climatiques a plombé le bilan belge, au grand mécontentement des francophones qui affirment vouloir tourner la page des années fossiles.
En dernière minute, le gouvernement flamand du nationaliste Jan Jambon a bien essayé de faire bonne figure, alors qu'il lui sera extrêmement difficile d'atteindre les objectifs fixés. Il a décidé notamment de limiter à 100 km/h la vitesse sur le ring de Bruxelles, une autoroute à six bandes dont la plus grande portion se trouve en Flandre. Une réduction de la vitesse équivalant à une réduction de la consommation de carburant, une telle mesure devrait se traduire par une baisse des émissions de CO2. Le bilan flamand en serait amélioré. Mais il n'y a pas eu grand monde en Belgique pour croire que ce coup de frein à la vitesse allait payer. Et pour cause: de jour, le ring est en permanence embouteillé. Les automobilistes y roulent au pas.
La Flandre doit donc s'apprêter à régler l'addition. Selon le quotidien «De Tijd», les diverses amendes et compensations de CO2 pourraient s'élever jusqu'à 433 millions d'euros. L'europe pourrait en effet infliger des amendes à la Belgique, répercutées sur les Régions.
La Flandre peut encore éviter l'amende en achetant pour l'an prochain des droits d'émissions à des pays qui ont un budget CO2 excédentaire. Coût: 42 millions d'euros.
Le nord du pays devrait aussi manquer ses objectifs en matière d'énergie verte. Pour éviter le bâton, il pourrait toutefois acheter des capacités à la Wallonie et à l'étranger. Coût: près de 318 millions d'euros.
Mauvais bulletin
Ce mauvais bulletin renvoie à l'absence de réelle politique environnementale durant la législature précédente. La N-VA de Bart De Wever a préféré soutenir l'industrie flamande souvent vieillissante et combattre l'arrêt du nucléaire en 2025 plutôt que verdir la Flandre, et par extension la Belgique – puisque les nationalistes faisaient alors la pluie et le beau temps au gouvernement fédéral.
Mercredi soir cependant, tout semble s'être subitement arrangé à la COP25. Régions et fédéral ont serré les rangs, promettant qu'ils arriveraient à atteindre les objectifs climatiques fixés pour 2030.