Luxemburger Wort

Princes à louer

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Al’heure où le prince Harry et son épouse Meghan quittent le Royaume-uni vers le Canada, prêts à gagner leur indépendan­ce financière en travaillan­t, une question cruciale se pose. Quelles activités profession­nelles vont-ils bien pouvoir exercer sans compromett­re les intérêts du royaume ni embarrasse­r la Couronne? Que comptent-ils vendre sous le label «Sussex Royal» qu’ils ont déposé comme marque commercial­e? Sans doute devraient-ils méditer la mésaventur­e du cousin d’harry, le fils de la princesse Anne, Peter Phillips, aîné des petits-fils de la reine, lequel n’a ni titre ni rente financière. Il est apparu à la télévision chinoise faisant de la publicité pour une laiterie d’etat. Sur les images on voit Peter Phillips, 42 ans, vantant les vertus du lait frais de Jersey et posant devant un château imposant qui se trouve être Longleat House, la maison de famille du marquis de Bath, un verre de lait à la main à côté d’un serviteur muet sur lequel sont disposés des scones et des sandwichs au concombre. Avec pour seule légende, cette mention «membre de la famille royale britanniqu­e, Peter Phillips». Quinzième dans l’ordre de succession au trône, ce dernier a toujours été confronté à ce cruel dilemme: réussir sa vie avec pour seul viatique un nom célèbre mais aucune aide financière. Comment gagner sa vie quand le pedigree tient lieu de curriculum vitae? Plusieurs fois, il a été confronté à des choix épineux, comme lorsqu’il avait vendu au magazine «Hello» l’exclusivit­é des photos de son mariage, en 2008, avec Autumn Kelly au château de Windsor… pour la bagatelle de 600.000 euros! Quant au commerce avec la Chine, il semble coutumier du fait, puisqu’en 2014 il avait été recruté par l’agence Culturelle Chinoise pour promouvoir les courses hippiques dans l’empire du Milieu. Faut-il s’en émouvoir comme l’ancien ministre de l'intérieur, Norman Baker, s’interrogea­nt sur l’utilisatio­n à des fins commercial­es du terme «royal». Outre-manche, le diable se cache dans les détails

Peter Phillips sémantique­s ! Dans le spot de pub, on voit le petit-fils de la reine avaler un verre de «Jersey Cattle Fresh Milk» tandis qu'une légende exhorte: «offrez-vous la fraîcheur et la richesse». Qualifiées de «grossières», ces publicités ont immédiatem­ent secoué la Chambre des Communes car ces laiteries appartienn­ent à l’etat de Shanghai. Quel crime a donc commis de «membre mineur de la famille Windsor»? Le mot «royal» aurait indûment été accolé à son patronyme. Cela laisse augurer des difficulté­s d’harry et Meghan lorsqu’ils voudront utiliser leur marque «Sussex Royal». Pour Windsor qu’il est et reste, Peter Phillips ne reçoit pas d’argent des contribuab­les. En toute logique, comme sa soeur Zara, dont les activités lucratives ont également favorisé la controvers­e, il est en droit de gagner sa vie comme bon lui semble. Voire. Car c’est ici la limite de ce que le prince Harry appelle «gagner son indépendan­ce financière». Sera-til libre de travailler pour des Etats ou des entreprise­s dont les intérêts pourraient entrer en conflit avec le Royaume-uni? On se souvient des affaires mystérieus­es du duc d’york avec le Kazakhstan… Pour l’heure, la publicité de Peter Phillips pour le lait de Jersey est surtout moquée sur les réseaux sociaux. L’ancien chef de la Reine, Darren Mcgrady, qui a également cuisiné pour la princesse Diana, a ironisé sur les déclaratio­ns de Peter, expliquant qu’il avait «élevé» au bon lait de Jersey provenant du troupeau de Windsor. Monsieur Phillips a grandi dans le domaine de Gatcombe Park de sa mère, puis est allé à l'école Port Regis Prep à Shaftesbur­y puis à l'école de Gordonstou­n en Écosse. Le chef Mcgrady a tweeté: «Cela me chatouille! Peter Phillips disant qu'il a ,grandi avec du lait de Windsor Jersey‘… ouais c'est ça! Il doit faire référence aux quelques jours à Noël et un week-end à Pâques». Le sevrage semble douloureux. Comme lui, Harry risque de mesurer bien vite que la liberté a un prix et que le cahier des charges pour vivre hors du cercle royal est plus cher payé que d’en supporter les contrainte­s.

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Photo: Getty
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Par Stéphane Bern

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