Valse-hésitation autour de Bart De Wever
Les deux informateurs belges remettent leur rapport au roi – La balle est dans le camp de la N-VA nationaliste flamande
Ira, ira pas? C'est la question du moment: Bart De Wever va-t-il enfin s'impliquer dans les discussions qui doivent mener à la formation du prochain gouvernement belge? Non pas en tant que représentant de la N-VA, ce qu'il n'a jamais cessé d'être, mais en tant que personnalité adoubée par le roi Philippe pour essayer de trouver des points de convergence entre les partis susceptibles de mener à une coalition fédérale.
Ce mardi pourrait en effet s'achever la mission des deux derniers informateurs royaux en date, le libéral francophone Georgeslouis Bouchez et le chrétien-démocrate flamand Joachim Coens. Une mission qui a duré six bonnes semaines et dont on craint qu'elle n'ait pas produit grand-chose, tant les signaux envoyés ici et là sont peu engageants.
La situation est plus bloquée que jamais, et cela sur deux fronts.
Premier front: la N-VA nationaliste flamande et le Parti socialiste francophone jouent au chat et à la souris. Les propositions faites en matière sociale par Bart De Wever n'ont pas convaincu Paul Magnette. Mais on sait que les leaders des deux principales formations politiques du pays se sont vus à de multiples reprises, notamment ce dimanche.
Second front: l'élargissement d'une hypothétique coalition «arcen-ciel» (socialistes, libéraux, écologistes) aux chrétiens-démocrates flamands du CD&V n'a pas trouvé acquéreur. Le CD&V répète qu'il ne montera pas au gouvernement fédéral sans la N-VA, en dépit des appels à la raison du PS. Or pas de CD&V, pas de majorité. Une solution de rechange serait toutefois possible avec le petit parti Défi qui permettrait de constituer une courte majorité à la Chambre (77 sièges sur 150).
A ce stade, il reste surtout une impression de fouillis. Et beaucoup d'incantations.
«Ecouter avec le coeur»
Samedi, Joachim Coens a demandé à son propre parti, le CD&V, de «se tenir proche des gens» et d'oeuvrer à une politique «qui ne regarde pas vers son nombril mais écoute avec le coeur». Quant à Georges-louis Bouchez, il a donné raison à ceux qui le prennent pour un «chien fou» en y allant d'un credo «unitariste».
Face à ce peu d'enthousiasme, certains ont recours à la méthode Coué. Tel le vice-président du Mouvement réformateur Jean-luc Crucke qui estimait dimanche sur RTL-TVI que «ce serait un scoop» si Bart De Wever devenait à son tour informateur. «C'est de la bonne volonté pour former un gouvernement le plus rapidement possible» qu'il faut, estime le libéral francophone, couvrant ainsi les arrières de son président de parti, Georges-louis Bouchez. Ledit Bouchez y croit toujours. Il souhaiterait entamer une phase de préformation à l'issue de sa mission d'informateur. Le contraire, estiment les observateurs, reviendrait à conclure que la confiance qui lui a été accordée depuis le 11 décembre est à verser aux pertes et profits.
Reste que la balle est bien dans le camp de la N-VA qui redoute l'organisation de nouvelles élections. L'idée d'un duo d'informateurs royaux De Wever-magnette a même été avancée, mais ce dernier n'en veut pas. Le socialiste reste favorable à un gouvernement provisoire qui reprendrait l'actuel exécutif en affaires courantes (les libéraux du sud et du nord, les chrétiens-démocrates flamands) auquel se joindraient les socialistes et les écologistes. A charge pour cette équipe de régler les urgences sociales, écologiques et budgétaires. Durée de vie annoncée par le président du PS: six mois.