Le régime syrien en passe de prendre une ville clé à Idleb
Vaste exode après des semaines de bombardements – Depuis début décembre, 358.000 personnes ont été déplacées
Maaret al-noomane. Les forces du régime syrien sont en passe de prendre une ville stratégique dans la province d’idleb, après des semaines de bombardements meurtriers qui ont presque vidé cette métropole du nord-ouest de la Syrie, région dominée par des jihadistes et des rebelles.
L’offensive du régime a entraîné un vaste exode, et hier encore un correspondant de L’AFP dans le nord de la province d’idleb a pu voir des déplacés en provenance de zones près de Maaret al-noomane également secouées par des combats.
Quasi-assiégée par les forces gouvernementales, cette ville est stratégique pour le pouvoir de Bachar al-assad car elle se trouve sur l’autoroute M5 reliant Alep, grande métropole du nord, à la capitale Damas, une voie que le régime cherche à sécuriser. Appuyé par l’aviation de son allié russe, le régime n’a de cesse de marteler sa détermination à reconquérir Idleb, grand bastion dominé par des jihadistes et qui accueille aussi des rebelles affaiblis.
Le correspondant de L’AFP a vu lundi des camionnettes, mais aussi des tracteurs, chargés de matelas en mousse, de tapis, de bassines et d’ustensiles de cuisine, transportant des mères et des enfants, certains emmitouflés dans des couvertures.
Assise à l’avant d’un véhicule, Oum Hussein est en larmes. «Je ne sais pas où on va aller, où on va habiter, il n’y a pas de refuge pour nous», déplore cette mère de sept enfants partie de la région de Jabal al-zawia, près de Maaret alnoomane, sous le couvert de la nuit.
«J’ai laissé mes proches mais aussi ma fille, je ne sais pas ce qu’elle va devenir, elle est sur le point d’accoucher», lâche-t-elle. «Il n’y avait pas assez de voitures pour les faire sortir».
La grande région d’idleb et des territoires adjacents dans les provinces voisines d’alep, Hama et Lattaquié sont dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-cham, l’ex-branche syrienne d’al-qaïda. L’observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a assuré que les forces du régime se trouvaient aux abords de Maaret al-noomane. «La ville est encerclée», a indiqué le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahmane.
Raids russes
Deux civils ont été tués dans des raids russes sur le village de Chnan, au nord de Maaret al-noomane, d’après l’observatoire, le régime et son allié poursuivant leurs frappes aériennes dans le secteur.
Ces derniers jours, les forces gouvernementales ont conquis environ 18 villages et localités au nord et à l’est de Maaret al-noomane, selon L’OSDH. Les troupes accentuent aussi la pression sur le flanc ouest de cette ville.
Dimanche, le quotidien pro-régime Al-watan a indiqué que les forces gouvernementales étaient arrivées à un tronçon de l’autoroute M5. Elles ont «coupé» ce tronçon entre Maaret al-noomane et la ville de Saraqeb, à une trentaine de kilomètres plus au nord.
Hier les combats se poursuivent près de Saraqeb, située directement sur l’autoroute M5, mais aussi près d’un secteur de l’ouest de la province d’alep traversé par cette même voie, d’après L’OSDH. Depuis début décembre, 358.000 personnes ont été déplacées par les violences, en grande majorité des femmes et des enfants, selon L’ONU.
«La situation se détériore au jour le jour, toujours plus de civils meurent», déplore une responsable du Comité international de secours (IRC), Misty Buswell. «Cette dernière escalade en date ne fera qu’empirer la catastrophe humanitaire qui se déroule déjà à Idleb», a-t-elle mis en garde. AFP
Cette escalade fera empirer la catastrophe humanitaire.
Comité international de secours