Les renouvelables, nouvel eldorado
La production pétrolière bientôt détrônée par l’éolien et le solaire
D’ici quelques années, la transition énergétique pourrait bien bouleverser le monde de l’énergie, et générer une pression à la baisse du prix du baril de pétrole. Car les énergies renouvelables auront un effet similaire à celui suscité à l’aube des années 2000, par l’internet et la multi-utilisation de l’ordinateur, prévoit Mark Lacey, head of commodities chez Schroders, le groupe britannique de gestion d’actifs. En dépit de l’hypothèse peu ambitieuse de réduction des émissions globales de 30 % d’ici 2030, un montant colossal de 120 trillons de dollars devra être investi jusqu’en 2050, afin de limiter l’augmentation de la température globale de deux degrés. Et ceci, alors que la fenêtre d’action contre le changement climatique se referme, et à l’heure où les marches pour le climat reçoivent le soutien grandissant de la société civile.
Production sous conditions
Une telle production d’énergies renouvelables est conditionnée à trois facteurs principaux: la réduction de la consommation d’électricité, par une réglementation des usages énergivores (en Inde 25 % de l’énergie électrique est perdue du fait de dysfonctionnements ou de vétusté); une amélioration de l’efficacité énergétique des objets du quotidien; et bien sûr une augmentation significative des capacités de production de ces énergies renouvelables. Autre révolution, l’électricité produite par l’énergie éolienne et solaire est devenue moins chère que toute source de combustible fossile.
Les renouvelables en hausse
Le développement de solutions de stockage d’électricité pour pallier l’intermittence des moyens de production solaires et éoliens deviendra obligatoire, explique Mark Lacey. En effet, si l’énergie que l’on peut obtenir du vent, et du soleil est présente en grande quantité (ou même des cours d’eau avec la variation de pluviosité), elle se répartit bien mal dans le temps. La production d’énergie solaire tombe évidemment à zéro la nuit, et reste maigre en hiver, quand l’ensoleillement est limité. Pouvoir la stocker est la solution. La part du renouvelable dans le cocktail énergétique fera plus que quadrupler, de 20 à 85 % d’ici 2050. Le besoin d’électricité, rendu nécessaire par la forte augmentation du nombre de véhicules électriques, représentera 45 % contre 20 % aujourd’hui dans l’énergie. L’usager moyen d’une voiture électrique consommera annuellement autant qu’une maison habitée par un ménage selon les statistiques de Schroders.
Dans cette tendance «imparable», l’investisseur doit être perspicace, cibler les meilleurs opportunités selon Mark Lacey, qui a identifié les créneaux les plus porteurs. La communauté financière sous-estime, quelques fois de 50 %, la croissance future de certaines activités. La transmission et la distribution de cette nouvelle énergie, son stockage, les infrastructures destinées à la transporter vers tous les nouveaux points de consommation, offrent les plus belles opportunités. Par exemple, le besoin de point de recharge destinés aux voitures électriques peut approcher les 25 % de croissance par an. Malgré cela, le MSCI Global Alternative Energy Index, l’indice qui reprend les principales valeurs d’énergies renouvelables, a sous-performé les grands indices, malgré des marges Ebit de ces entreprises autour de 10 %, qui peuvent encore progresser à près de 20 % d’ici 2021.
Déclin pétrolier
Conséquence, et selon le cas de base de Schroders, la consommation pétrolière commencera à décliner après 2024. Elle sera progressivement remplacée par l’électricité, dont le poids pourrait être décuplé entre 2024 et 2040. Aujourd’hui, l’électrification des moyens de transport (voitures, camions...) poussera l’or noir vers le déclin, très utilisé dans le transport.
Avant, les cours du baril du pétrole peuvent grimper à cause d’une baisse de production, suite à la dimunition du volume d’explorations de ces dernières années. Les réserves «trouvées» de pétrole des «majors» sont passées de 16 à 10 ans. Les petits producteurs de pétrole de schiste, aux structures financières faibles, risquent de disparaître. D’ici les cinq prochaines années, L’OPEP devra alors répondre à un déficit d’offre estimé à environ 5,3 millions de barils/jour (sur 108). Ce déséquilibre risque de faire grimper les prix du baril vers 80 dollars, pour ensuite baisser avec la prise de pouvoir progressive des énergies renouvelables.