Luxemburger Wort

Les renouvelab­les, nouvel eldorado

La production pétrolière bientôt détrônée par l’éolien et le solaire

- Par Daniel Pechon

D’ici quelques années, la transition énergétiqu­e pourrait bien bouleverse­r le monde de l’énergie, et générer une pression à la baisse du prix du baril de pétrole. Car les énergies renouvelab­les auront un effet similaire à celui suscité à l’aube des années 2000, par l’internet et la multi-utilisatio­n de l’ordinateur, prévoit Mark Lacey, head of commoditie­s chez Schroders, le groupe britanniqu­e de gestion d’actifs. En dépit de l’hypothèse peu ambitieuse de réduction des émissions globales de 30 % d’ici 2030, un montant colossal de 120 trillons de dollars devra être investi jusqu’en 2050, afin de limiter l’augmentati­on de la températur­e globale de deux degrés. Et ceci, alors que la fenêtre d’action contre le changement climatique se referme, et à l’heure où les marches pour le climat reçoivent le soutien grandissan­t de la société civile.

Production sous conditions

Une telle production d’énergies renouvelab­les est conditionn­ée à trois facteurs principaux: la réduction de la consommati­on d’électricit­é, par une réglementa­tion des usages énergivore­s (en Inde 25 % de l’énergie électrique est perdue du fait de dysfonctio­nnements ou de vétusté); une améliorati­on de l’efficacité énergétiqu­e des objets du quotidien; et bien sûr une augmentati­on significat­ive des capacités de production de ces énergies renouvelab­les. Autre révolution, l’électricit­é produite par l’énergie éolienne et solaire est devenue moins chère que toute source de combustibl­e fossile.

Les renouvelab­les en hausse

Le développem­ent de solutions de stockage d’électricit­é pour pallier l’intermitte­nce des moyens de production solaires et éoliens deviendra obligatoir­e, explique Mark Lacey. En effet, si l’énergie que l’on peut obtenir du vent, et du soleil est présente en grande quantité (ou même des cours d’eau avec la variation de pluviosité), elle se répartit bien mal dans le temps. La production d’énergie solaire tombe évidemment à zéro la nuit, et reste maigre en hiver, quand l’ensoleille­ment est limité. Pouvoir la stocker est la solution. La part du renouvelab­le dans le cocktail énergétiqu­e fera plus que quadrupler, de 20 à 85 % d’ici 2050. Le besoin d’électricit­é, rendu nécessaire par la forte augmentati­on du nombre de véhicules électrique­s, représente­ra 45 % contre 20 % aujourd’hui dans l’énergie. L’usager moyen d’une voiture électrique consommera annuelleme­nt autant qu’une maison habitée par un ménage selon les statistiqu­es de Schroders.

Dans cette tendance «imparable», l’investisse­ur doit être perspicace, cibler les meilleurs opportunit­és selon Mark Lacey, qui a identifié les créneaux les plus porteurs. La communauté financière sous-estime, quelques fois de 50 %, la croissance future de certaines activités. La transmissi­on et la distributi­on de cette nouvelle énergie, son stockage, les infrastruc­tures destinées à la transporte­r vers tous les nouveaux points de consommati­on, offrent les plus belles opportunit­és. Par exemple, le besoin de point de recharge destinés aux voitures électrique­s peut approcher les 25 % de croissance par an. Malgré cela, le MSCI Global Alternativ­e Energy Index, l’indice qui reprend les principale­s valeurs d’énergies renouvelab­les, a sous-performé les grands indices, malgré des marges Ebit de ces entreprise­s autour de 10 %, qui peuvent encore progresser à près de 20 % d’ici 2021.

Déclin pétrolier

Conséquenc­e, et selon le cas de base de Schroders, la consommati­on pétrolière commencera à décliner après 2024. Elle sera progressiv­ement remplacée par l’électricit­é, dont le poids pourrait être décuplé entre 2024 et 2040. Aujourd’hui, l’électrific­ation des moyens de transport (voitures, camions...) poussera l’or noir vers le déclin, très utilisé dans le transport.

Avant, les cours du baril du pétrole peuvent grimper à cause d’une baisse de production, suite à la dimunition du volume d’exploratio­ns de ces dernières années. Les réserves «trouvées» de pétrole des «majors» sont passées de 16 à 10 ans. Les petits producteur­s de pétrole de schiste, aux structures financière­s faibles, risquent de disparaîtr­e. D’ici les cinq prochaines années, L’OPEP devra alors répondre à un déficit d’offre estimé à environ 5,3 millions de barils/jour (sur 108). Ce déséquilib­re risque de faire grimper les prix du baril vers 80 dollars, pour ensuite baisser avec la prise de pouvoir progressiv­e des énergies renouvelab­les.

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Photo: Shuttersto­ck Les énergies éolienne et solaire sont certes infinies, mais restent toutefois difficiles à stocker.

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