Parfum de mystère sur les négociations belges
La mission des deux informateurs est prolongée jusqu’au 4 février
Que s’est-il passé derrière les murs du Palais? Hier après-midi, les deux informateurs chargés d’ouvrir la voie vers le prochain gouvernement fédéral ont à nouveau fait rapport au roi Philippe. On ignore ce qui s’est dit. Mais la durée inhabituelle de la réunion – 4 heures – peut laisser penser que le libéral francophone Georgeslouis Bouchez et le chrétien-démocrate flamand Joachim Coens ont présenté des avancées tangibles au souverain. La mission qu’ils avaient reçue le 11 décembre est en tout cas prolongée jusqu’au 4 février.
Le duo Bouchez-coens a-t-il pu rapprocher le PS de Paul Magnette de la N-VA de Bart De Wever en vue de constituer l’embryon de la prochaine coalition gouvernementale? Ou a-t-il convaincu les chrétiens-démocrates flamands de rejoindre l’alliance tacite des libéraux, des socialistes et des écologistes (coalition «Vilvaldi»)? Ces questions restaient sans réponse hier soir, devoir de réserve oblige. En quittant le palais, Georges-louis Bouchez s’est contenté d’affirmer «qu’il y a des solutions mais il reste un grand chemin à parcourir».
Quoi qu’il en soit, le roi donne une semaine supplémentaire aux deux hommes. Passera-t-il alors le témoin à Bart De Wever, le nationaliste flamand? Ou se rabattra-til sur une personnalité moins clivante – le nom du libéral flamand et président de la Chambre Patrick Dewael est cité?
Ce nouveau délai est une surprise. Car la journée de lundi n’avait laissé aucune place à l’optimisme. Lors d’un bureau du Parti socialiste, Paul Magnette avait rendu compte des «idées et propositions» soumises par les nationalistes flamands lors des différentes réunions de travail organisées par les informateurs royaux. A de multiples reprises en effet, les négociateurs des deux principaux partis du pays se sont rencontrés pour échanger leurs prétentions respectives. Si Bart De Wever a plus d’une fois cherché à tendre la perche (sociale) au PS, ce dernier a finalement jugé ses propositions «imbuvables».
Pour Paul Magnette, «la N-VA ne fait absolument aucune ouverture, et dans toutes les réunions que nous avons eues elle vient avec 100 % de son programme. (…) Il n’y a donc pas la moindre possibilité, en ce sens, de pouvoir gouverner avec la N-VA.» Le président du PS a rejeté à nouveau l’idée de former un éventuel duo d’informateurs avec Bart De Wever: «Ça ne produirait rien!».
Rompant avec les secrets des pourparlers, les socialistes avaient ensuite fait étalage des propositions de la N-VA pour mieux les détricoter. Bart De Wever, à les suivre, s’obstine à prêcher la création d’un Etat confédéral en 2024, soit une nouvelle réforme institutionnelle qui donnerait davantage d’autonomie et de compétences aux Régions. Le nationaliste flamand souhaite également régionaliser rapidement la Justice, la police et les soins de santé tout en rejetant l’idée de réattribuer certaines compétences au niveau fédéral. A suivre le PS, la N-VA veut encore limiter les allocations de chômage à deux ans, rendre les emplois plus flexibles, supprimer les augmentations barémiques. Quant au nucléaire, elle n’aurait aucune intention de l’abandonner en 2025, contrairement à ce que prévoient les accords passés.
Bart De Wever a riposté en chargeant les socialistes. «J’ai l’impression, a-t-il dit, que le PS ne veut pas d’un gouvernement avec une majorité en Flandre. Il préfère un gouvernement où il peut être le patron.» Une sentence apparemment sans appel.
Bart De Wever a plus d’une fois cherché à tendre la perche (sociale) au PS, mais ce dernier a finalement jugé ses propositions «imbuvables».