La quête du Graal
Le pianiste Jean Muller poursuit son exploration des sonates de Mozart
Mozart a écrit 18 sonates pour piano. A force d’en enregistrer quatre ou cinq par album, le pianiste Jean Muller n'en est pas encore au bout de ses peines. Le deuxième opus de ce vaste projet (avec les sonates 8, 4, 1 et 6) vient de sortir.
«Il y a 20 ans, je n’aurais sans doute jamais entamé cette intégrale, à l’époque, ces sonates de Mozart ne m’attiraient guère, je préférais celles de Beethoven, plus impressionnantes, plus orchestrales. Mon intérêt pour ces partitions de Mozart s’est peu à peu développé, aussi par le fait que j'en utilisais pour les cours de déchiffrage au piano avec mes élèves», explique Jean Muller, désormais la quarantaine.
C’est après avoir interprété à plusieurs reprises les sonates de Beethoven en 2009 au CAPE d’ettelbruck, que l’idée d’un cycle Mozart lui a été proposé par le Cube 521. Une proposition qui s’est du label allemand «hänssler classic». «Comme je veux avoir mon mot à dire pour la postproduction, la publication des cinq albums s’échelonne sur plusieurs années», explique Jean Muller.
«Ces sonates sont comme de petits cadres, chaque pièce a son langage, sa sonorité, ses subtilités. Je suis aussi frappé par la grande économie dans l’utilisation de la masse sonore dans ces compositions. A cela vient s’ajouter une expressivité fortement marquée par la forme sonate».
Haydn manque encore à l’appel
Après Beethoven, à présent Mozart: Jean Muller confectionne tout particulièrement les cycles d’oeuvres – les 34 sonates de Haydn ne sont pas encore à l’ordre du jour. «Pour Mozart, il s’agit de 18 étapes qui une fois réunies forment un tout. Travailler un cycle de compositions, permet de mieux connaître un compositeur, d’avoir une vue d’ensemble et de mieux pouvoir conceptualiser les choses.»
Lundi prochain, 3 février à la Philharmonie de Luxembourg, Jean Muller retrouvera ses amis des Solistes Européens Luxembourg. «Cela fait près de 20 ans que nous jouons ensemble, c’est un réel plaisir», note le musicien qui en 2004 était artiste en résidence du cycle «Camerata» des SEL. Deux jours plus tôt, ce samedi 1er février, le pianiste luxembourgeois fera ses début à l’elbphilharmonie d’hambourg. Son récital dans la petite salle sera consacré à ... Mozart. Comment se prépare-til
Le pianiste Jean Muller chez lui dans son salon à Luxembourgville. à jouer dans une si prestigieuse salle? «Comme pour tous les concerts en fin de compte. Le cadre n’est finalement pas primordial, le partage de la musique incombe davantage. Au-delà de la belle image, c’est ma réalité. Lors d’un récital, le moment où le public et l’artiste participent, créent quelque chose de commun et que le temps s’arrête, reste magique. C’est mon but suprême à atteindre.» Bien sûr, il y a des jours où le but reste lointain. «Les risques du métier».
Les sonates de Mozart enregistrées, un concert pour piano de Chopin avec les SEL lundi soir, Jean Muller continue d’affectionner les compositeurs «classiques». «Je n’ai pas l’impression de perdre mon temps avec eux, il reste encore tant de choses à faire». Mais comment se démarquer d’une forte tradition dans l’interprétation de ses pages connues? Une fois encore, Jean Muller a un avis tranché sur la question: «Ne jamais faire deux fois la même chose. L’interprétation doit être en constante évolution. La tradition, après en avoir fait connaissance, il faut être capable de s’en libérer, de la remettre en doute surtout lorsqu’elle conduit à l’erreur. Trouver la bonne voie pour interpréter une oeuvre reste une quête du Graal».
- Jean Muller, «Mozart, Piano Sonatas Vol. 2», hänssler classic, CD HC 19074.
- Concert avec les SEL, le lundi 3 février, 20 h, Philharmonie, Luxembourg. Tarifs: 54, 49 et 34 euro. Billets au téléphone 47 08 95 1 et sur: www.luxembourg-ticket.lu
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