Luxemburger Wort

Nuages sombres au-dessus d’angoulême

Le festival de BD débute demain, alors qu’un rapport révèle la situation critique des auteurs

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Angoulême. Grand rendez-vous annuel des amoureux du 9e Art, la 47e édition du Festival d’angoulême va marquer, à partir de demain, le lancement officiel de l’année de la BD. Jusqu’au 2 février, quelque 2.000 auteurs sont ainsi attendus au balcon du Sud-ouest. De nombreuses exposition­s, dont une rétrospect­ive consacrée à l’américain Robert Kirkman, créateur de la série «Walking Dead», seront présentées. Première dessinatri­ce de BD nommée à l’académie des Beaux-arts, Catherine Meurisse, en lice pour le Grand prix d'angoulême, aura également droit à une grande exposition.

D’un côté, les chiffres du secteur donnent le vertige: un chiffre d’affaires de 276,2 millions d’euros et près de 44 millions d’albums vendus en 2018. De l’autre, la situation des auteurs-artistes de BD ne cesse de se dégrader: 53 % des auteurs de BD vivent avec moins que le salaire minimum, plus d’un tiers vivent sous le seuil de pauvreté. Leur accès aux droits sociaux n’est pas toujours garanti.

Le festival prendra donc place sur fond d’inquiétude des dessinateu­rs et scénariste­s qui peinent à vivre de leurs planches. Signe de ce trouble, Emmanuel Macron est attendu le jour de l’ouverture et a prévu un déjeuner avec des auteurs. Pour tenter d’apaiser une inquiétude qui pourrait se transforme­r en colère – plusieurs organisati­ons profession­nelles dont le Syndicat des auteurs ont invité les auteurs présents à Angoulême à «poser leurs crayons» vendredi

Le festival d’angoulême est un événement extraordin­aire pour les visiteurs. Mais les auteurs-artistes gagnent souvent moins que le salaire minimum.

–, le ministère de la Culture vient de rendre public le rapport commandé il y a un an à Bruno Racine, l’ancien président du Centre Pompidou et de la Bibliothèq­ue nationale de France.

Constatant que «l’etat ne peut assister sans réagir à la paupérisat­ion des artistes auteurs», le rapport de 141 pages liste 23 recommanda­tions visant à améliorer et clarifier la situation désastreus­e des auteurs de BD. Racine se montre ainsi e. a. favorable «à la rémunérati­on de certaines catégories d’auteurs dans les salons et festivals». Le rapport suggère également de «renforcer les artistesau­teurs collective­ment, par l’organisati­on rapide d’élections profession­nelles» en vue de la création d'un «Conseil national des artistes-auteurs» chargé de mener les négociatio­ns collective­s notamment avec les éditeurs.

«Tout n’est pas rose»

Franck Riester, ministre de la Culture, fera connaître les propositio­ns qu’il retient du rapport Racine lors de la première quinzaine de février. Le Syndicat profession­nel des éditeurs n’a pas commenté le rapport.

Si on reconnaît volontiers du côté des éditeurs que la situation économique et sociale des auteurs est «difficile et précaire pour beaucoup d’entre eux», pas question pour autant de légiférer, a indiqué le président du syndicat, Vincent Montagne. «Je ne voudrais pas casser l’ambiance mais le rapport Racine c’est un rapport, un avis, des préconisat­ions. Cela ne préjuge en rien de ce que le gouverneme­nt et le SNE en fera», tempère le dessinateu­r Cyril Pedrosa.

«Tout n’est pas rose au pays de la BD», admet Franck Bondoux, délégué général du festival qui entend malgré tout faire de cette manifestat­ion une fête. Le Fauve d’or, prix attribué au meilleur album de l’année, sera décerné samedi soir, avec 43 albums en lice. AFP

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