Des secrets intimes bien gardés
Le réalisateur Filippo Meneghetti signe avec la coproduction luxembourgeoise «Deux» une comédie toute en tendresse
Nina et Madeleine sont deux dames d'un certain âge, elles habitent le même immeuble quelque part en France, se croisent sur le pallier au hasard de leurs entrées et sorties. Elles sont deux voisines et amies: du moins pour les voisins et la famille, car elles doivent cacher leur secret. comédie dramatique n'est ni simpliste, ni superficielle. Tout au contraire. La question de l'homosexualité n'est en fait presqu'un prétexte pour aborder d'autres questions bien plus existentielles au yeux du réalisateur. Ce dernier évoque des thèmes graves, sérieux, avec beaucoup de retenue, de finesse, jamais il ne se radicalise.
Crainte et contradiction
Nina et Madeleine vivent certes avec leur amour mais aussi avec leur crainte et leur contradiction. Sans oublier une certaine censure qu'elles s'imposent à elles-mêmes, rendant leurs vies et leurs espoirs difficiles, voire impossibles.
Filippo Meneghetti est là avec sa caméra, observe de loin ou de près, dresse le portrait des deux dames. Sans grossir le trait, elles apparaissent dans leur plus pure honnêteté et simplicité.
Tant Martine Chevallier (Madeleine) que Barbara Sukowa (Nina) semblent prendre un malin plaisir dans leurs rôles de composition. Leur complicité dépasse largement leurs différences affichées plus ou moins ouvertement au grand jour et au fil d'un scénario cohérent.
Coproduit par Tarantula Luxembourg, «Deux» pour les scènes intérieures a été tourné au
Filmland de Kehlen. Avec une belle trouvaille à la clé: le pallier de couloir séparant les deux appartements de deux amantes. L'occasion pour Filippo Meneghetti d'ouvrir et de fermer des portes sur un monde fermé et régi par ses secrets intimes.
Les scènes extérieures ont pour cadre une petite ville de Provence. Le lieu n'est pas précisé – un seul petit détail, qui a également échappé à la production, permet de localiser l'action cependant. Un détail finalement sans importance.
Même si le sujet est grave, les propos ne sont ni sombres, ni pesants. Filippo Mengehtti sait distiller à bon escient lumière et espoir. Il aime jouer avec les couleurs, les lumières, les ambiances. Et finalement, les émotions et sentiments nobles remportent la mise. Une réussite totale.