Luxemburger Wort

Un sondage sans égards

L’ancien roi des Belges est cloué au pilori – Plus que la moitié des sondés le jugent malhonnête face à sa fille illégitime

- Par Max Helleff (Bruxelles)

La sanction est sans appel. Un sondé sur deux (52 pour cent) juge le roi Albert II «vraiment malhonnête». C’est la conclusion d’un sondage que vient de livrer le «Soir Magazine» à ses lecteurs. Un sondage réalisé par Dedicated qui a interrogé par Internet 1.009 Belges, âgés de 18 à 75 ans, entre le 29 et le 31 janvier. La marge d’erreur est de 3,1 pour cent.

Cette étude d’opinion a été réalisée après que le roi Albert a confirmé in extremis être bien le père de l’artiste Delphine Boël, aujourd’hui âgée de 51 ans. Cette confession tardive n’est intervenue qu’au moment où un test génétique imposé par la justice à l’ancien monarque allait livrer ses résultats.

Appels désespérés

Flash-back. Officielle­ment, Delphine fut longtemps la fille de Sybille de Sélys Longchamps et de Jacques Boël, un homme d’affaires brabançon. En réalité, elle est née d’une longue relation adultérine qu’a entretenue sa mère avec Albert, alors prince de Liège. A l’époque, celui-ci songe à quitter son épouse Paola. Mais au milieu des années 80, le couple princier se rabiboche. Et Delphine, à laquelle Albert avait donné jusque-là une affection toute paternelle, est reniée par le futur roi des Belges.

Cette paternité tient du secret de Polichinel­le. Elle est connue des élites qui gravitent autour de la Cour ainsi que des journalist­es spécialisé­s. Delphine vit toutefois mal le déni d’albert II. Elle multiplie les appels désespérés, mettant

Un sondage l’a prouvé: beaucoup de Belges ne sont pas d’accord avec le comporteme­nt de l’ancien roi face à sa fille illégitime. son roi de père dans l’embarras. Celui-ci ne bronche pourtant pas. En 2013, l’année où Albert II abdique, l’artiste plasticien­ne s’adresse cette fois à la justice pour forcer le souverain à la reconnaîtr­e, quitte à nier la paternité légale de Jacques Boël, l’homme qui l’a élevée. Le juge finit par imposer au vieux roi un test génétique dont les résultats ne font aucun doute. Ce n’est pourtant qu’au dernier moment, alors que L’ADN a parlé, qu’albert II se décide à reconnaîtr­e que Delphine est sa fille.

Un immense gâchis. Humain, affectif. Ce sentiment est partagé par nombre de Belges qui ne comprennen­t pas pourquoi Albert II a attendu d’être acculé avant d’admettre l’évidence. Plusieurs hypothèses ont été formulées pour aider à prendre la mesure de cette attitude. La plus courante consiste à dire que Delphine Boël a fait les frais de la réconcilia­tion d’albert et de Paola dans les années 80. Pour la future reine, elle est l’héritage de cette époque tourmentée qui a failli emporter le couple princier alors au centre de l’attention médiatique. Son nom ne devait plus être prononcé.

Ce déni expliquera­it pourquoi, même au lendemain de son abdication, alors qu’il n’avait plus à répondre de ses fonctions royales, Albert II n’a pas reconnu sa fille illégitime. A près de 80 ans, il a pu alors parier sur le fait qu’il emporterai­t son secret dans la tombe. C’était sans compter avec la justice qui n’a pas fait de cadeau à celui qui était redevenu un simple citoyen.

Une démarche lamentable

Le sondage du «Soir Magazine» met en exergue cette incompréhe­nsion. Les personnes sondées y apparaisse­nt très partagées sur la méthode choisie par le roi et ses avocats pour finalement reconnaîtr­e sa paternité biologique. 40 pour cent jugent cette démarche positive, mais 38 pour cent la qualifient de «lamentable».

Quelques chiffres encore: quatre pour cent des sondés appuient malgré tout le roi «car il pensait vraiment ne pas être le père de Delphine». 70 pour cent estiment que l’artiste Delphine Boël devrait percevoir, le moment venu, une part de l’héritage d'albert. Cet enjeu-là n’est pas anodin.

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