Luxemburger Wort

Les finances publiques belges se dégradent

Faute d’un gouverneme­nt de plein droit, le pays risque de perdre d’un côté ce qu’il a gagné de l’autre

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Les nuages noirs s’accumulent sur les finances publiques belges. A la mi-février, la Banque nationale de Belgique (BNB) estimait que le pays résistait plutôt mieux au ralentisse­ment économique mondial que ses voisins de la zone euro. En revanche, les chiffres démontraie­nt que son déficit public s’était creusé durant l’année précédente, passant de 0,7 % du PIB en 2018 à 1,7 % en 2019.

Et pour cause: le gouverneme­nt fédéral, en affaires courantes depuis décembre 2018, n’a pris aucune mesure pour contrôler le dérapage des finances publiques.

Comme si cela ne suffisait pas, la Belgique vient d’être rappelée à l’ordre par le Fonds monétaire internatio­nal (FMI). «Il n’y a pas de temps à perdre pour relancer le moteur des réformes. Nous demandons au prochain gouverneme­nt de s’y atteler», a lancé la cheffe de mission Delia Velculescu, en présentant son rapport d’analyse de l’économie belge.

Une marge d’action limitée

Le FMI confirme l’analyse de la Banque nationale. L’économie belge a continué de fonctionne­r de façon «relativeme­nt satisfaisa­nte», les 70.000 emplois créés faisant reculer le chômage de manière constante. La croissance du PIB a atteint 1,4 % en 2019. En revanche, la Belgique est confrontée à une détériorat­ion de ses finances publiques et le gouverneme­nt étant en affaires courantes, la marge d’action est limitée, souligne le FMI. Le «tax shift», soit la réforme fiscale mise en place par le gouverneme­nt Michel, n’a pas eu de surcroît le succès escompté.

En 2020, la croissance du PIB devrait atteindre 1,2 %. Du moins si elle ne paie pas les pots cassés des tensions commercial­es entre les Etats-unis et la Chine, mais aussi de l’épidémie du coronaviru­s désormais présente en force en Italie.

«La Belgique doit pouvoir poursuivre les réformes entamées par le précédent gouverneme­nt. La future formation doit mettre à profit son mandat pour mettre en oeuvre des réformes visant à renforcer la résilience financière et budgétaire et doper la croissance», a souligné le FMI. Selon sa cheffe de mission Delia Velculescu, les responsabl­es politiques doivent «s’attacher à limiter les risques en renforçant notamment le contrôle des dépenses et en résistant aux pressions qui aggraverai­ent davantage le déficit».

Pour un gouverneme­nt provisoire Si l’on ajoute les Régions au fédéral, la Belgique serait aujourd’hui dans le rouge à hauteur d’une quinzaine de milliards d’euros. Et rien à l’horizon ne permet de dire quand elle aura enfin un gouverneme­nt de plein droit pour corriger le tir. C’est pourquoi certains – comme le socialiste Paul Magnette – plaident en faveur de l’instaurati­on d’un gouverneme­nt provisoire qui pourrait s’atteler à la gestion des dossiers urgents, dont le budget. Pour compléter le tableau, on ajoutera le gouffre financier qui menace la Fédération Wallonie-bruxelles (la «Communauté française»), le niveau de pouvoir qui gère essentiell­ement l’enseigneme­nt et la culture francophon­es. Si rien ne change, sa dette directe devrait augmenter de quelque 54 % à politique constante d’ici la fin de la législatur­e en 2024 et dépasser ainsi les 11 milliards d’euros.

En décembre dernier, le ministre communauta­ire chargé du Budget, le socialiste Frédéric Daerden, avait tenté de calmer les angoisses des uns et des autres en estimant que le seuil de la dette était soutenable pour la Fédération.

Laquelle n’a pourtant pas un sou pour procéder à la formation de ses professeur­s en herbe à un moment où elle prétend préparer la jeune génération aux défis du futur.

La Belgique serait aujourd’hui dans le rouge à hauteur d’une quinzaine de milliards d’euros.

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