Luxemburger Wort

Angoisse sur les marchés

Face à la chute des actions, les investisse­urs se ruent sur les obligation­s américaine­s

- Par Daniel Pechon

Vent de panique sur les bourses. En dix séances, le Dow Jones a effacé cinq mois de hausse, juste après avoir atteint un record historique. La plus rapide et pire chute de l’histoire qui a débuté d’un niveau record. Sur le marché des taux, l’histoire est la même, mais dans l’autre sens. Face à la chute des actions, les investisse­urs se sont rués sur les obligation­s américaine­s, jugées «refuge» dans la tempête boursière, faisant dégringole­r les rendements à des plus bas historique­s, à 1,28 % de rendement pour la référence à 30 ans.

A l’origine, la crainte des répercussi­ons économique­s de la propagatio­n du coronaviru­s est interprété­e comme un cygne noir. Cette métaphore est utilisée pour souligner l’aspect unique et non prévisible d’un événement par les marchés. Face à cette panique, «il faut rester serein», ont expliqué les experts de Capital Group, un des trois plus grands groupes de gestion de fonds au monde, dans un exposé organisé au Cercle Cité, Place d’armes à Luxembourg. «L’acte d’investir doit s’inscrire dans une perspectiv­es de long terme, c’est-à-dire pas à deux mois mais plutôt 24 mois, tout en privilégia­nt les données macro», explique Julie Dickson, directrice des investisse­ments chez Capital Group. Même si nul ne peut prédire l’évolution que prendra le coronaviru­s les prochains jours. Avant la croissance a affiché une résilience, alors que l’impact négatif du virus sur l’économie sera temporaire. Et le marché de l’emploi reste robuste, ajoute l’experte.

Certes, le marché fait face à un phénomène unique: le choc de

Avis de sociétés l’offre se superpose au choc de la demande. Les chaînes de production en Chine perturbent les chaînes d’approvisio­nnement dans le monde entier. Et le consommate­ur est passé en mode prudence et est devenu plus frileux. «Notre scénario central reste une reprise en V. C’est-à-dire, après un ralentisse­ment économique provoqué par le coronaviru­s, une fois le point d’inflexion de l’épidémie atteint ou l’annonce de la mise au point d’un vaccin, la confiance reviendra très vite et la croissance repartira dans un régime de rattrapage. A l’image d’un ballon qui rebondit après une chute.» Jeremy Cunningham, directeur des investisse­ments chez Capital Group appuie ce scénario par une statistiqu­e: «L’ISM, un indicateur précurseur de l’activité manufactur­ière, a été supérieur de 8 % en moyenne, six mois après les phénomènes d’épidémie (au nombre de neuf) connus dans le passé. «Nous levons le pied de l’accélérate­ur, mais nous ne freinons pas. Nous sommes des investisse­urs à long terme», insiste Julie Dickson.

Dans les taux fixes, Jérémy Cunningham tend à éviter les obligation­s traditionn­elles mais privilégie les obligation­s indexées sur l’inflation. «Le marché sousestime l’inflation future», justifie l’expert.

Un autre moment d’incertitud­e pour l’investisse­ur sont les élections présidenti­elles américaine­s, début novembre. Cependant, ici aussi, les experts de Capital Group sont formels: réduire son exposition après les «primaires» pour éviter la volatilité des marchés avec l’inconnue de l’issue des élections est une mauvaise idée et endommage la performanc­e à long terme. Selon les statistiqu­es, un investisse­ur qui reste totalement investi après les primaires et durant douze mois réalise une performanc­e de 10,2 % contre 5,8 % dans une période analogue d’une année sans élection. Et quelque soit le parti du président, démocrate ou républicai­n. Seules deux années d’élection ont été négatives: 2000 et 2008. Mais ces performanc­es étaient davantage la résultante de l’éclatement de bulles de certains actifs. Autre observatio­n, les flux vers les fonds monétaires, les plus sûrs, sont trois fois supérieurs dans une année électorale. Une fois les élections terminées, les flux reviennent majoritair­ement vers les fonds actions. Une dernière statistiqu­e publiée aux Etats-unis: les indices dans les 26 correction­s connues depuis la Seconde Guerre mondiale ont chuté en moyenne de 13 % et quatre mois ont été nécessaire­s au marché pour revenir au niveau d’avant correction.

Nous levons le pied de l’accélérate­ur, mais nous ne freinons pas. Nous sommes des investisse­urs à long terme.

Julie Dickson, Capital Group

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Photo: AFP En dix séances, l’indice Dow Jones a effacé cinq mois de hausse.

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